Nevada Wolves T1 et T2 finis / T3 pas fini [En pause]

Chapitre 45 | Ezra

— C'est pas vrai, bordel de merde, râla Ezra en coupant le contact de sa Harley.

Sa bécane tirait toujours sur la droite. Il béquilla sa Harley avant d'en descendre. Ezra s'accroupit afin d'y jeter un coup d'œil. À la nuit tombée, il irait discrètement au garage de Zack pour faire un diagnostic avec le président. D'ailleurs, ce serait aussi l'occasion de discuter avec lui ! Manière de rattraper son dérapage au cours de la réunion d'avant-hier... il avait sacrément merdé. Mais Trini lui avait tellement foutu les boules qu'il avait perdu son sang-froid, pourtant si légendaire.

Depuis sa sortie, Ezra éprouvait l'envie furieuse de taper sur tout ce qui bouge, se rappelant de sa discussion avec Strike au sujet de sa sortie de prison. Il extirpa un chiffon de la sacoche de sa Harley, le biker dépoussiéra ses superbes santiags en peau de python.

Il fixa enfin le bâtiment qui le surplombait. La prison de Summerlin Jail Complexe le narguait, en le toisant avec ironie du haut de son imposante façade. Putain ! Qui aurait cru qu'il y retournerait aussi vite ? En cette occasion, il entrerait par la grande porte, contrairement à la dernière fois !

Durant la fouille réglementaire, le maton palpa ses membres pour s'assurer qu'aucune arme blanche ne pénétrerait à  l'intérieur de la prison.

— Tu crois peut-être que j'ai planqué une bombe au fond de mon cul ? railla-t-il quand le maton insista sur son entrecuisses. T'es un pédé qui veut me câliner ou quoi ?

En parlant de bombe fourrer dans son cul, son trou de balle en avait planqué des trucs illicites sans qu'aucun employé de la prison de Summerlin Jail Complexe ne s'en rende compte. De minuscules couteaux, un téléphone portable, de la drogue et même une clé USB ! Le tout à l'intérieur d'un ballon, enduit de vaseline pour faciliter la pénétration.

— Depuis une semaine que je suis sorti, je n'ai pas encore tiré de nana. Donc si je me mets à bander, ne m'en veux pas trop ! se moqua-t-il.

L'agent du pénitencier eut un rictus de mépris puis acheva sa fouille corporelle. Sans lui répondre, l'employé lui indiqua le registre. L'agent réclama ses papiers et l'objet de la visite.

— À votre avis ? Je viens certainement pas à la prison de Summerlin pour votre climatisation, railla-t-il, agacé par l'étouffante chaleur. Je viens voir un pote. Jai Jenkins. Block D, unité 7.

— Allez-vous asseoir,  on vous appellera.

— Vous êtes la délicatesse incarnée, dis donc, renchérit-il d'un ton sarcastique. 

Comme ses potes le lui avait toujours dit, la salle d'attente était bondée, le système de climatisation était à HS. Les larges baies vitrées laissaient malheureusement pénétrer la chaleur écrasante. Il alla s'asseoir dès qu'une place se libéra mais une femme, enceinte jusqu'aux yeux, déambulait dans les rangées de sièges afin de trouver une siège libre. Ezra lorgna sur le black, assis en face de lui. Il leva les mains en l'air en signe d'exaspération. Cet enfoiré surfait sur un réseau social, disponible sur une application de son smartphone, tout en faisant semblant de ne pas voir la malheureuse.

— Hé, le macaque, interpella Ezra en employant un ton autoritaire.

Le black regarda autour de lui pour s'assurer qu'Ezra s'adressait bien à lui.

— C'est bien à toi que je cause. Tu vois pas la meuf avec son môme dans le bide, invectiva Ezra en désignant la femme enceinte.

— T'as qu'à lever ton cul, lui déclara l'afro.

Ezra cligna des paupières, interloqué par la remarque. Il esquissa un sourire moqueur en se redressant sur son siège.

— Numéro 834, appela l'énorme agent du pénitencier en se référant à Ezra.