Nevada Wolves T1 et T2 finis / T3 pas fini [En pause]

Chapitre 84 | Mila

Elle n'était pas sûre de savoir à quoi jouait Shotgun en mentant à ses potes. Le biker ouvrit la porte à la volée, la surprenant.

— Tu m'expliques ce que tu fous ? grommela-t-il.

L'adolescente empoigna son avant-bras et l'attira à l'intérieur de la chambre en claquant le battant de la porte.

— J'ai autant envie que toi de te tringler mais on n'a pas le temps, lui fit-il savoir, un sourire narquois sur les lèvres.

— À quoi tu joues avec tes potes ? Tu es en train de leur mentir !

Il lui empoigna le bras et l'enferma dans la salle de bain. Shotgun ouvrit le robinet du lavabo.

— Tu écrases, tu veux ! Si Archie devait choisir entre Zack et ton petit cul, ce sera Zack sans la moindre hésitation. Sous ses airs d'ours pantouflard, Strike est capable de te tuer d'une mandale !

L'eau coulait dans la vasque sans discontinuité, le bruit l'hypnotisait littéralement. Son attitude distraite agaça Shotgun.

— Hé, tu m'écoutes quand je te parle, bordel de merde ! J'ai une confiance aveugle en eux. Mais ce qui te concerne, je me méfie de tout le monde, même de mes meilleurs potes. Aucun des deux n'appréciera de savoir que tu as tiré le pick-up !

Mila fixa encore l'eau qui s'échappait du robinet pour s'engouffrer dans l'évacuation en tourbillonnant dans le lavabo.

Il claqua des doigts pour attirer son attention.

— Concentre-toi, bordel !

— Tu gaspilles l'eau, pesta-t-elle en fermant les robinets.

— Tu es sérieuse là ? Je t'explique que mes potes pourraient être capables de te livrer au Redneck et toi tu m'emmerdes avec tes idées d'écolo à la con !

— Mes idées d'écolo à la con ? réitéra Mila en étouffant de colère. La ville d'Orangewood va connaître sa saison estivale la plus chaude depuis 1951. La plupart des habitants de Tonopah Lake n'ont même pas l'eau potable... je dirai même qu'ils n'ont pas du tout d'eau courante et toi tu la gaspilles, skinhead attardé !

Shotgun hurla si fort que Mila sursauta sous l'effet de la surprise. Elle se doutait bien qu'elle avait dépassé les bornes en l'insultant comme elle venait de le faire. Elle s'attendait presque à recevoir une claque.

— Habille-toi sinon tu iras à Blackhawk Canyon à poil ! pesta-t-il.

— Et tu attends quoi pour te tirer de la salle de bain pour que je puisse m'habiller !

Shotgun l'observa d'un air ahuri avant d'éclater franchement de rire.

— C'est la meilleure ! Tu t'es trimbalée à poil devant quelques-uns de nos hangaround d'Arizona, mes potes et moi-même et, maintenant, tu te la joues vierge effarouchée ! C'est le bouquet !

Ça lui démangeait de le gifler. À en juger sa mine amusée, Shotgun devinait le fond de sa pensée sans aucun problème. Il la mettait au défi de s'exécuter. L'envie ne lui manquait pas, toutefois elle se ravisa puis se débarrassa de son drap de bain d'un geste rageur. Elle avait besoin de lui pour retrouver ces foutus 500 grammes qui se promenait dans la nature.

— Voilà qui est mieux ! lui susurra-t-il au creux de l'oreille.

Le son grave de sa voix la fit frissonner de délice. Un peu comme une écolière devant son premier flirt. Comme Shotgun venait si bien de le dire, c'était le bouquet ! Elle n'avait tout de même pas s'enticher d'un connard pareil qui s'octroyait tous les droits sous prétexte qu'ils avaient baisé ensemble plusieurs fois de suite.