Nevada Wolves T1 et T2 finis / T3 pas fini [En pause]

Chapitre 18 | Brad

Brad étira les lèvres en un sourire sardonique et joignit les mains devant lui. Les menottes – dont le Shérif Fuentes l'avait affublé – cliquetèrent à chacun de ses mouvements. Le néon, qui clignotait au-dessus de sa tête, se refléta sur la surface du métal, ça lui porta sur les nerfs.

Il fixa le miroir en face de lui puis éclata de rire. Ce foutu miroir sans étain permettait à la police de l'observer, de le laisser mariner dans son vin. De dépit, il leva un doigt d'honneur en direction de la glace derrière laquelle – Brad en était sûr ! – se planquait le Shérif Fuentes et ses deux merdeux de collaborateurs, Dorian Pope et le petit nouveau Joshua King.

Au bout d'un temps infini durant duquel le bruit de cette putain d'horloge avec son tic-tac de merde lui porta sur les nerfs, le Shérif Fuentes pénétra à l'intérieur de la salle d'interrogatoire.

Brad désigna ses menottes à Fuentes d'un air de dire pourquoi il était menotté et la réponse ne se fit pas attendre.

— Tu as envoyé deux de mes gars à l'hosto, Eduardo, railla Fuentes, une fois qu'il fut confortablement assis. Donc tu garderas ces menottes jusqu'à ce que j'en aie décidé autrement !

— Je m'appelle Brad Black, le contredit-il.

— Pourtant, d'après ton extrait de naissance que le Mexique nous a fait parvenir, il est écrit Eduardo Obregón, né à Tijuana d'un père mexicain et d'une mère américaine. Une toxico notaire qui a fait de la prison au Mexique pour trafic de drogue ! C'est grâce à elle que tu as hérité de la nationalité américaine, dit Fuentes avec une pointe d'ironie.

Le shérif d'Orangewood tira ledit document de son très épais dossier puis le glissa jusqu'à lui. Brad ne le regarda même pas, dardant sur Fuentes un sourire sardonique.

— Ton casier judiciaire au Mexique est un vrai roman, poursuivit le shérif. Alors je ne te parle même pas de celui que tu as chez nous. On pourrait publier une véritable encyclopédie en plusieurs volumes ! ajouta Fuentes.

Un deuxième officier de police pénétra dans la salle d'interrogatoire. Fuentes le prit à l'écart.

— Alors ?

— Nulle part, avoua le flic.

Ce grand benêt, blanc aux cheveux coupés courts et des yeux bleus à fondre ces foutues midinettes de la haute, lui remit une photo puis se retira.

Le Shérif d'Orangewood s'attabla en face de lui. Il glissa le cliché dans le dossier sans le lui montrer.

— Si vous me disiez pourquoi je suis là, Shérif Fuentes. Sinon vous n'auriez pas enfoncé ma porte !

— Un gars sans papier a atterri à Saint Paul après avoir été passé à tabac. D'après les médecins, son pronostic vital est engagé. En clair, il risque d'y penser.

— Ça me fait une belle jambe que ce trouduc puisse être entre la vie et la mort. Chacun ses problèmes !

Fuentes acquiesça du chef d'une mine sombre.

— Heureusement, notre sans-papier est connu des forces de police pour sa participation à des combats illégaux ! Misalov Stanislav. Il te devait beaucoup d'argent, m'a-t-on dit !

— Plein de mecs me doivent du fric dans cette ville et je ne vais pas pour autant tous leur latter la gueule. Je suis un bon chrétien. Quand une bonne âme vient me voir en demandant de l'argent, je lui prête ce fameux fric !

Fuentes secoua la tête d'un air exaspéré, il prenait des notes sur son calepin en haussant un sourcil circonspect.

— À quelle occasion Misalov Stanislav est-il venu t'emprunter de l'argent ?