Nevada Wolves T1 et T2 finis / T3 pas fini [En pause]

Chapitre 19 | Roxy

Une fois par semaine, Roxanne rendait visite à son père, à la prison de Summerlin, où avait été incarcéré Ezra. À l'heure qu'il est, le club devait probablement manger en toute intimité !

Ulysses Stokes, le vice-président des Die-hard Henchmen, lui avait téléphoné pour l'avertir d'un coup fourré de Dj Ricch pour la sortie d'Ezra. Un sacré revanchard ce black !

C'était toujours le même cérémoniel ! Roxy entrait dans la prison où elle y subissait la fouille corporelle, son sac à main avait droit au même sort. Elle signa le registre des visites pénitentiaires.

Comme tout le monde, elle fit la queue pour accéder au parloir. En attendant son tour, elle rongeait son frein dans la salle d'attente. La climatisation était en panne, les quelques brasseurs d'air lui caressait le visage, la sueur dégoulinait le long de ses tempes.

Ce moment était toujours une épreuve. D'une certaine manière ! Elle s'en foutait royalement du moment qu'elle voyait son père. Il avait été placé en isolement, le mois dernier après une brève émeute. Roxanne espéra seulement que rien ne lui était arrivé. Le Nevada Times avait brièvement évoqué une émeute et la chaîne locale couvrait le début de la campagne électorale du Maire Abraham Gilmore. À croire que la vie de la ville d'Orangewood tournait autour de ce pompeux personnage !

L'agent à l'accueil l'interpella. C'était enfin son tour !

Même si elle était en sécurité derrière la vitrine du parloir, Roxy voyait passer des gars tatoués, à l'air peu recommandable. Elle était habituée à côtoyer ce genre de gars mais elle frissonna en voyant passer celui-là, crâne et mâchoire rasés de frais. Le mot LTZ lui tatouait le front, sa mine sévère lui fit froid dans le dos. Le gars s'assit au box d'à côté puis la regarda fixement, en croisant les bras sur sa poitrine. Les innombrables tatouages noircissaient sa peau au point de transparaître à travers son t-shirt blanc.

LTZ pour Los Tezcas. Un gang de mexicain, arrivé de Tijuana à la frontière du Mexique avec les États-Unis d'Amérique.

Mais son père arriva.

Du haut de ses 1m88 et sa cinquantaine d'années, Michael Jefferson campa au-dessus de celui qui la lorgnait des pieds à la tête sans la moindre pudeur. Le mexicain courba l'échine quand son père lui dit quelque chose. Roxy se concentra sur le mouvement de ses lèvres, entourées d'un bouc particulièrement bien fourni.

— Tire-toi de cette putain de chaise, sale chicano de merde !

Le mexicain l'incendia du regard mais il obéit au chef des Die-hard Henchmen. Il s'installa plus loin. Michael prit place puis récupéra le téléphone. Roxane l'imita.

— Bonjour Michael, lui dit-elle.

C'était la règle ! Pas d'effusion aux parloirs. Pas de papa. Pas de ma puce chérie comme son père la surnommait par le passé. On ne parlait pas de choses privées qui pourraient servir à l'entourage des autres prisonniers pour l'atteindre.

— C'est bon de te revoir, ma toute belle, lui répondit-il. Tu m'as l'air en pleine forme.

Une violente émotion lui écrasa la gorge. Une larme roula malencontreusement le long de sa joue.

— Roxanne, l'interpella son père, ressaisis-toi ! Pas de ça ici ! C'était le deal pour que tu viennes me voir en prison !

Elle opina du chef, essuyant cette larme désobligeante.

— Ce soir, je fête le dixième anniversaire du polonais, dit-elle à l'intention de son père en songeant à l'énorme soirée privée. Il y aura beaucoup de monde. Tu veux lui transmette un message !