-« Eh ben, tu es comme je l’espérais ! Noire, belle, yeux envoûtants mais… tu es encore bien trop grasse. Il va falloir changer cela pour que tu sois parfaite. N’es-tu pas d’accord ?»
Il se rapprocha et d’une main il saisit son menton et caressa sa lèvre inférieure créant des frissons de dégoût dans le bas de son dos. « Je suis désormais sa chose. Je l’ai compris. Il fera de moi ce que bon lui semblera. » pensa Karleen.
-« Ah ma toute belle, il me tarde de te voir te modeler comme je l’entends. Tu seras un véritable chef-d’œuvre, ma Shérazade ! Sais-tu ce qui t’attends ?»
-« … »
-« La luxure, la débauche ! Désormais ta vie, ton corps et ton âme me sont dévoués ma Shérazade. »
-« Je m’appelle Karleen » Répondit-elle dans un élan de confiance.
Il fit un geste de la main et un homme en smoking entra dans la pièce. Il fit signe de s’asseoir sur le sofa en cuir à Karleen. Celle-ci, paniquée résista quelques instants mais le regard dur de l’homme l’obligea à capituler. L’homme qui était entré s’approcha d’elle et sortit une seringue.
-« Qu’allez-vous me faire ? Libérez-moi, pitié ! Libérez-moi ! Je vous en prie, je jure que je ne vais pas vous dénoncer ! » Il la maîtrisa et enfonça la seringue dans son bras.
-« Arrêtez, je vous le jure… Libérez-moi, li-bér… » La voix de Karleen mourut dans sa gorge. Elle se sentit défaillir peu à peu, sa vision devenait trouble et son cœur diminuait sa cadence.
Elle sentait que sa vie allait devenir un véritable enfer.
Les sifflements dans ses oreilles l’obligèrent à émerger du sommeil lourd dans lequel elle était tombée.
Ce sommeil était comme un gouffre sans fond, sans bruit. Se réveiller de ce sommeil sans rêves où le néant engloutit était comme se relever de la mort.
Mais, en retrouvant ses facultés, Karleen se rendit compte avec horreur qu’elle était de nouveau ligotée, les yeux bandés, la bouche bâillonnée. Son cœur tambourina contre sa poitrine furieusement, elle avait de nouveau peur.Elle savait dès qu’elle a été attaquée que tout ne sera plus comme avant, qu’elle risquait de finir morte et retrouvée dans un caniveau avec plusieurs organes en moins. Mais la vue de la chambre où elle a été envoyée lui a fait baisser sa garde et maintenant, elle se retrouvait dans une situation encore plus grave que lorsqu’elle est arrivée ici.
Prise de panique, Karleen tenta de crier.Elle se débattit, les mains liées dans le dos et malgré le bâillon qui lui pressait les joues et la langue. Elle ne fut pas surprise de sentir ses larmes couler abondamment sur ses joues. Le sol était rugueux, pas comme dans la belle chambre luxueuse où elle s’est changée et une odeur d’humidité flottait dans l’air. Ses cris transformés en gémissements dû au bâillon résonnaient dans toute la pièce à cause de l’écho.
Une chose était sûre : Personne ne viendra la chercher ni l’aider. Alors pourquoi n’arrêtait-elle pas d’essayer de crier ? Peu importe qui l’entendrait, peu importe s’ils la voyaient supplier, rien ne changerait. Ces pensées la calmèrent et elle arrêta de se débattre. Elle resta assise sur ses genoux en pleurant sans savoir ce qu’il adviendra-t-elle.
-« Tu fais bien d’économiser tes forces. Je vois que la drogue ne fait plus effet. » Karleen sentit qu’il s’assit sur une chaise en métal. « Je suis ici pour te prévenir ma douce. Tu es devenue ma poupée. Je ferai de toi ce que je veux. »
Karleen essaya de balbutier quelques mots mais rien de compréhensible ne sortit de ses lèvres.-« Je t’ai injecté du somnifère, mais à faible dose ne t’inquiète pas. Cependant, je t’ai aussi donné de l’ecstasy, tu finiras complètement dépendante de ce petit bijou. Il t’affaiblira aussi, pour que tu ne puisses pas te rebeller. Mais ne t’inquiète pas, je peux t’assurer que tu ne seras jamais en manque… Sauf si je dois te punir. >>
Il marqua une pause. Les mots ‘’drogue’’ et ‘’ecstasy’’ avaient paralysé le corps de Karleen.
Elle s’est abstenue toute sa vie de consommer la moindre drogue. Tous ces efforts pour rester sur le droit chemin, garder sa forme, rester en bonne santé… Tout avait été vain. Son corps se mit à trembler, elle restait immobile, la tête baissée.
Elle ne voyait pas qui était en face d’elle, mais elle était sûre qu’il s’agissait de l’homme qu’elle avait rencontré tantôt.-« Je n’aime pas vraiment les femmes trop en chair alors tu vas suivre un régime. Tu ne mangeras pas de repas gras et je n’aime non plus les femmes qui consomment de l’alcool donc tu devras t’en passer. L’ecstasy compensera, n’est-ce pas ? » Elle le sentit sourire pendant qu’il lui parlait.
Cela l’amusait, la voir si faible face à lui. Mains et pieds liés, incapable de se plaindre de crier ses droits.
Le sentiment de savoir qu’on avait la vie d’un autre être humain était si satisfaisant, Amir se sentait un dieu.Il pouvait décider de s’il voulait la tuer tout de suite ou s’il voulait juste la garder là pour son plaisir de la voir souffrir. Voir dans ses yeux qu’elle le supplie de la laisser en vie…
Il aimait ce sentiment de domination, ce pouvoir qu’il avait sur les autres.Il pouvait se permettre de transformer quiconque en son joujou sans que rien ne lui retombe dessus.
Karleen pouvait sentir son tempérament sadique, elle ne voulait pas avoir à faire avec lui et sa mégalomanie.
-« Shéhérazade, j’aime beaucoup ce conte. Cette jeune femme maligne a épousé le sultan, alors que celui-ci tue sa femme après la nuit de noces. Plusieurs y sont passées. Mais Shéhérazade, elle lui a conté une histoire chaque soir pendant mille-et-une nuits. Alors, tant que tu me satisfaira tu n’auras pas à craindre pour ta vie. »
Karleen le senti se rapprocher et lui tenir le menton fermement. Il ne rigolait pas. Son aura sadique embaumait l’air qui l’entoura. L’atmosphère était pesante et elle savait qu’il était inutile pour elle de lutter, elle ne pourra pas s’enfuir.
Lorsqu’elle le réalisa, son cœur baissa sa cadence et elle sentit la flamme de ses yeux s’éteindre peut-être définitivement même.Elle s’affaissa sur ses talons et laissa ses larmes couler sur ses joues remplies de crasse.
Pendant qu’elle était perdue dans ses pensées, elle sentit la porte s’ouvrir puis se refermer. Il était clair que la jolie robe qu’elle portait était désormais bonne à jeter.
Quelques minutes plus tard, on la ramenait dans la luxueuse chambre où elle était plus tôt. Ses liens étaient défaits mais elle se sentait toujours autant enchainée. Ses lèvres avaient beau être libérées de leur bâillon, elle n’arrivait plus à dire un mot.
Désormais elle se taira.
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Les yeux clos [ TOME I ]
Teen FictionUne histoire comme les autres. Une jeune fille enlevée à sa vie, sa routine. Devenue une coquille vide, Karleen se voyait sombrer sans jamais apercevoir la surface. Plus rien ne semblait lui appartenir, pas même son corps. Encore moins ses sentiment...