XVIII

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Après s'être douchée, Karleen découvrit avec horreur sur le lit une nuisette.

Les sous-vêtements en dentelle étaient faits pour mettre le corps de celle qui les portait en valeur. Mais elle n'eut aucun plaisir à les enfiler.
A chaque fois qu'elle finissait d'en enfiler un, son cœur redoublait sa cadence.

Son esprit essayait d'imaginer ce qui allait lui arriver mais elle ne voulait pas y penser.
Savoir que malgré tout elle n'avait pas le choix l'empêchait de pleurer ou de se plaindre.

Alors, elle attacha la nuisette et sortit trouver Sana qui l'attendait devant la porte.
Lorsque Sana la vit, elle la fusilla du regard et s'en alla sans lui adresser un seul mot.

Karleen derrière elle, se contenta de la suivre. Entortillant ses doigts dans les cordes de la nuisette, elle essayait de garder son calme. La situation paraissait irréaliste.

Le trajet jusqu'à la chambre de Amir fut trop court. Sana frappa et ouvrit la porte. Les jambes de Karleen refusaient de bouger.

-« Je ne peux pas... » Murmura-t-elle pétrifiée.

-« J'aimerais que tu n'entre pas dans cette chambre non plus mais vois-tu, tu n'as pas le choix. » Et elle la poussa à l'intérieur de la chambre.

Comme tout ce qui avait attrait à Amir, la chambre était plongée dans une ambiance sombre, érotique aussi. La lumière tamisée, le soleil qui avait disparu... Et Amir assit dans un divan qui la scrutait avec un regard de prédateur.

Il prit une gorgée de sa liqueur et lui fit signe d'approcher.
Comme si elle n'avait plus de volonté elle s'avança.

Il l'attira plus près de lui. Le contact de sa peau froide la fit frissonner.
Amir détacha sa nuisette.
Celle-ci glissa sur son corps et s'échoua sur le sol.

Cette nuit, fut la première. Et Karleen le savait, il y en aura beaucoup d'autres...

***********

Les jours se succédaient, les semaines aussi. Karleen vivait coupée des membres de ce manoir.
Toujours recluse dans sa chambre ou les soirs entres les jambes d'Amir.

Chaque fois qu'elle se trouvait en face de lui, elle avait l'impression qu'un bout de son âme la quittait. Chaque caresse qu'il lui faisait, chaque baiser, lui brûlait le corps.
Elle ne comprenait où se trouvait le plaisir dans cet acte brutal.

Son corps ne répondait pas à celui de Amir, il s'amusait à la traiter de frigide et lui conseillait de s'améliorer. Brisant chaque jour un peu plus son amour propre. Son corps ne lui appartenait plus.

Elle était devenue la jolie poupée d'argile qu'Amir façonnait.

Parfois, elle sortait pour se recueillir dans le jardin où elle avait tenté de s'enfuir.

Elle ne faisait que regarder le ciel, espérant que Meryl lui avait pardonné et qu'il était mieux que lorsqu'il était encore vivant.
En pensant à lui, à chaque fois, une larme roulait sur sa joue.

La vie quittait peu à peu son corps qui dépérissait à vue d'œil. Elle se sentait faible et la lueur de l'espoir semblait s'être éteinte pour toujours dans ses yeux. Elle n'avait plus la force pour palabrer avec Sana, celle-ci la voyait mourir à petit feu, mais elle n'essayait pas de la consoler.

Le manoir était plus bruyant depuis quelques temps. Apparemment, le fils d'Amir était de retour.
Tout le monde s'activait à le recevoir.

Pour Karleen, il n'était qu'un Amir de plus dans la maison et cela ne la réjouissait pas autant que les autres.

Les yeux clos [ TOME I ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant