LIII

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Dans la salle de séjour des servants, Karly se tenait gênée en face de Eden. D’habitude, c’était Sybel qui s’occupait de faire la conversation entre eux. Du coup, peu habitués à se retrouver seuls à seuls aucun d’eux ne savaient quoi dire.

-« Eden… J’espère que tu ne m’en veux pas. »

Contre toute attente, le jeune homme semblait surpris par ce que Karleen venait de dire.

-« T’en vouloir ? Mais pourquoi ? Je… je ne m’attendais juste pas à te voir ici alors que Sybel n’est pas là et je ne suis pas doué pour faire la conversation mais je n’ai rien à te reprocher. »

-« J’ai cru que tu me tiendrais responsable de ce qui est arrivé à Sybel ! En soi c’est ma faute, si elle est dans ce coma c’est ma faute. Elle s’est retrouvée dans cette situation à cause de moi… Et ça aurait été légitime que tu m’en veuilles pour ça. »

-« Mademoiselle Karly, je crois que nous ne parlons pas de la même chose. »

-« Comment ? Tu n’es pas au courant ? Tu n’étais pas de service le jour de la fête ? »

Il secoua vigoureusement la tête puis passa sa main dans ses cheveux noirs.

-« Quand je suis arrivé le lendemain, on m’a juste annoncé que Sybel avait eu un accident et qu’elle se trouvait inconsciente à l’hôpital. Mais apparemment, vous en savez plus que moi. »

-« Eh bien je… »

Karleen ne savait pas quoi dire, elle s’était comme tiré une balle dans le pied. C’était inconcevable pour elle de raconter tout ce qui c’était passé à Eden. Il y avait bien trop de choses et il finirait certainement par réellement lui en vouloir.

  Alors elle détourna les yeux et resta muette.

-« Mademoiselle, ce n’était pas un accident n’est-ce pas ? »
Karleen fit non de la tête.

-« Vous n’allez pas me dire ce qui s’est réellement passé ? »

-« Quand Sybel se réveillera elle te le dira à coup sûr… Et pensez à quitter ce manoir. Rien de bon ne se dégage de cet endroit. Emmène-là dans un endroit merveilleux où vous pourrez être heureux. »

-« Vous avez donc remarqué… »

Karleen émit un petit rire taquin avant de répondre.

-« C’est si évident que je me demande encore comment Sybel faisait pour ne pas le voir. »

-« Bon sang je me pose exactement la même question ! »

Ils se mirent à rire tous les deux un moment.

-« Alors tu devras être plus direct. La vie est courte et pleines de surprises, bonnes comme mauvaises. Alors fais de ton mieux pour ne rien regretter. »

Bien qu’elle ait pris un air souriant, ses mots dégageaient une tristesse si sincère que le cœur de Eden se fendilla.

-« J’espère que vous réussirez à trouver le bonheur aussi. » Dit Eden en caressant le bras de Karleen.

-« C’est bien trop tard, je ne serai heureuse que si vous l’êtes. Vous êtes les seules choses que j’ai désormais. » La voix de la jeune fille se brisa et Eden la pris dans ses grands bras musclés.

-« Il y a du gâteau au frigo, vous en voulez ? »

Cette question finit de couper l’émoi de Karleen qui se retira de l’étreinte et le regarda les yeux pleins d’étoiles.

-« Je peux vraiment ? » Sa voix trembla plus qu’elle ne l’avait prévu.

Eden ouvrait déjà le frigo et en sortait une part de gâteau à la vanille. La vue de la crème qui recouvrait cette gâterie paraissait pour Karleen être la clé du paradis.

Les yeux clos [ TOME I ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant