XXXIX

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La chambre était vide et dépourvue de chaleur. Les rayons de soleil qui émergeaient venaient percer les fenêtres et tenter d’éclairer la pièce.

Karleen lorgna le grand lit qui trônait au centre de la pièce, l’envie d’aller s’y allonger n’effleura pas son esprit. Elle aimait pourtant ce lit. Personne ne l'avait jamais souillé. Il était resté à elle et rien qu'à elle.
Ils avaient beau ne pas respecter sa dignité, sa chambre restait un lieu où elle était maîtresse d'elle-même.

Mais elle regrettait déjà la chambre de Hayden, là où les murs devenaient trop fins pour contenir toute la tension qu’il y avait entre eux. Elle regrettait son large torse et ses bras réconfortants.

Il était pour elle la rédemption et la damnation. Son cœur frétillait au gré de ses humeurs et à la fréquence de ses sourires. Son corps, lui, ne devenait qu’un brasier lorsqu’elle était proche de lui.

Hayden était celui qui apportait les épices ou le sucre à son quotidien fade.
Elle l’aimait.

Aussi malsain que ça puisse l’être.
Et le nier devenait impossible.

Karleen glissa son dos contre la porte et s’assit sur les carreaux qui recouvraient le sol.

Toujours enroulée dans des draps qui n’étaient pas les siens, elle cala sa tête sur ses genoux et ferma les yeux. En fin de compte, le plaisir que lui procurait le sexe, était éphémère.
Trop éphémère.

Sa famille lui manquait, ses amies aussi.
Sa vie... Elle s’était empêchée d’y penser pendant plusieurs semaines mais maintenant tout lui revenait au visage.

Elle n’avait pourtant rien fait de mal ? Elle n’avait plus le moindre contrôle sur sa propre vie.

Sa vie appartenait à Amir, son corps, son cœur, ses pensées n’étaient que pour Hayden. Le père et le fils. Amour et enfer. Passion et plaisir.

Tout s’emmêlait au point de ne plus savoir la vraie nature des sentiments qu’elle ressentait.

Karleen sentit quelqu’un tenter d’ouvrir la porte alors, elle se leva. Sana entra un plateau en main. Une seringue se trouvait dessus avec son plat et son jus de fruit. Elle jeta un regard inquisiteur à Karleen. Celle-ci détourna le regard et s’assit docilement sur son lit.

Sana s’approcha d’elle et lui injecta le contenu de la seringue. Karleen grimaça.

-« A la longue, je finirai comme une toxico n’est-ce pas ? Je finirai par faire une overdose. »

Sana ne répondit rien.

Un ange passa, Karly mangeait sous le regard de Sana.

-« Il y aura une fête au manoir. »

-« J’accompagne Amir c’est ça ? »
Sana ricana.

-«Ne dis pas n’importe quoi. Tu y participeras mais pas en tant que sa compagne… »

-« Alors ? »

-« Ce ne sera pas une soirée comme les autres. »

Les yeux clos [ TOME I ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant