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Après que Karleen ait été emportée par les hommes de main d’Amir, tous ceux qui se avaient assistés au spectacle sont sortis de la salle, libérant leurs sièges. La pièce où Karleen avait été donnée en spectacle était désormais vide. Les lumières avaient été éteintes comme s’il ne c’était rien passé.

Dans le hall de l’hôtel, Tous s’étaient réunis autour d’un Amir plutôt fier de sa mise en scène. Jenis s’approcha doucement du groupe. Des rires fusaient et camouflaient la voix grave d’Amir.
Jenis, le cœur meurtri se demandait le but derrière ceci. Il n’aurait pas fait tout ce remue-ménage juste pour punir Karleen alors qu’elle ne comptait pas beaucoup à ses yeux. Oui, il avait payé une forte somme pour l’avoir mais ?

-« Je suis ravi que ça vous ait plu ! Si vous vous impliquez dans ma nouvelle affaire et si vous me soutenez on pourrait avoir plus de petite distractions de ce type. » Lança Amir sur un ton enjoué.

-« En plus la jeune fille n’avait pas l’air d’être en si mauvaise posture, non ? » Demanda une dame un sourire gêné sur le visage. Elle disait cela pour se donner bonne conscience.

-« Oui, je l’ai remarqué aussi. Elle qui a fait une scène parce qu’elle ne voulait pas à la base. »

Cette remarque fit rire l’assemblée. Pas Jenis, il s’approcha furieusement du groupe. Ses poings et sa mâchoire étaient contractés.

-« Vous êtes vraiment sérieux quand vous dites cela ? » Tonna-t-il en se postant en face de ceux qui critiquaient ouvertement la dignité de Karleen.

Ils parurent surpris, personne ne répondit à sa remarque.

-« N’en faites pas toute une histoire, c’est pas comme si elle était morte. Elle a eu aussi du plaisir… » Répondit une femme en le regardant du coin de l’œil. Elle parlait d’un ton trainant avec un sourire en coin coquin.

Le fait que les autres hochent la tête, exacerba la colère de Jenis. Il s’apprêtait à répondre quand une main manucurée se posa sur son épaule, le stoppant dans son élan. C’était Madame Serena.

Cette dame avait semblé apprécier Karleen, alors Jenis n’avait pas compris lorsqu’il l’a vu assise avec Amir aux premières loges pour voir Karleen se faire presque violer.

-« Ne t’embête pas à leur répondre Jenis, ils ne comprendront sans doute jamais. Suivez-moi plutôt. »

Elle se retourna et se dirigea vers la sortie de l’hôtel, Jenis lui emboita le pas.
Une voiture noire se gara devant Serena qui ouvrit la portière en lui faisant signe de venir y monter.

Une fois à l’intérieur, Jenis sentit la gêne et le malaise s’installer. Dame Serena qui l’avait invité restait silencieuse, et cela avait le don de l’agacer.

-« Puis-je vous poser une question Serena ? »
Elle hocha la tête.

-« J’ai cru que vous appréciiez Karleen, que vous aviez été prise de pitié pour son cas. »

-« Votre question ? » Insista-t-elle, feignant de ne pas voir là où il voulait en venir.

-« Pourquoi avez-vous accepté l’invitation d’Amir ? Avez-vous aimé ce que vous avez vu là-bas ? »

Serena, regarda à travers la vitre sans dire un mot. Jenis songea au fait qu’elle ne l’ait pas entendu.

-« Je ne pouvais pas refuser une invitation du parrain. »

-« Vous avez beaucoup d’influence, je pense que vous pouvez. »
Elle ricana.

-« J’aimerais beaucoup, mais il n’y a pas que ça. Je suis réellement à la merci d’Amir. Il pourrait m’écarter s’il le voulait. Vous savez Jenis je ne suis pas née dans ce milieu. »

-« Que voulez-vous dire ? » Demanda Jenis perplexe.

-« Que j’ai été une Karleen à une époque de ma vie. Il m’a fallu abandonner mon âme et ma conscience pour arriver là où j’en suis…Et maintenant je me demande en voyant cette petite si j’ai fait le bon choix. »

Une aura de mystère entourait cette dame dans sa robe noire moulante qui lui arrivait aux genoux. Ses cheveux n’étaient pas retenus en une queue de cheval mais descendaient raides sur ses épaules, sa poitrine et son dos. Ils luisaient, reflétant les lumières. Elle devait beaucoup prendre soin de ses cheveux.

-« Je pense qu’un jour vous pourrez récupérer votre âme perdue. »

Cette fois, Serena le regarda et ancra ses yeux bleus clairs dans les siens. Ils étaient tellement froids, qu’il sentit un frisson parcourir son échine.

Les lèvres de Serena s’étirèrent en un sourire vide.

Elle-même n’y croyait plus.

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Sana frappa à la lourde porte en bois de Hayden. Elle ne savait pas pourquoi, mais son cœur lui disait d’aller le voir et lui demander d’aller voir Karleen.

C’était interdit, elle le savait. Si Amir le découvrait, elle ne savait pas ce qu’il pourrait lui faire mais la détresse de Karly devenait alarmante, et au fond elle savait que Hayden était celui qu’il lui fallait.

Une voix grave tonna à l’intérieur lui intimant d’entrer. Ce qu’elle fit.

La chambre était plongée dans l’obscurité. La silhouette de Hayden se dessinait devant la baie vitrée. Il tenait un verre de liqueur dans la main.

-« Monsieur Hayden… »

-« Que me voulez-vous ? » Il ne prit pas la peine de se tourner pour lui faire face.

-« C’est Karleen. Il faut que vous alliez la voir ! »

Il hésita avant de répondre. Prenant le temps de bien choisir ses mots.

-« Qu’a-t-elle ? »

-« Je ne peux vous le dire. Allez le lui demander à elle-même. »

-« Vous me donnez des ordres ? »

-« Non, mais elle a vraiment besoin de quelqu’un et je sais bien que je ne ferai pas l’affaire… Et Sybel n’est plus là non plus. »

Hayden était soulagé d’entendre qu’elle était saine et surtout présente. Depuis la fête il avait évité son regard, évité de la croiser sciemment. Il ne savait pas comment affronter son regard de biche apeurée après ce qu’il avait découvert.

Il a toujours cru qu’elle était la nouvelle catin de son père mais il était tombé des nues en apprenant qu’elle avait été acquise lors d’une vente aux enchères illégale par son père. Et lui, n’avait pas manqué de la juger à chaque fois qu’il la voyait.

Pourtant elle ne lui avait rien dit, elle n’avait jamais lâché de larmes devant lui. Il avait bien sentit qu’elle cachait une profonde tristesse, mais il pensait que c’était juste la culpabilité qui la dévorait de l’intérieur.

Ce soir-là, il était revenu dans sa chambre, bouillant de l’intérieur. Il ne pouvait se permettre d’exploser devant tout ce monde. Il avait cassé des verres et retiré les draps qui recouvraient son lit.

Puis, ne supportant pas la culpabilité, un verre après l’autre il avait tenté d’oublier juste le temps de cette soirée ce qui c’était passé.

Puis les jours sont passés sans qu’il n’ait eu le courage d’aller la trouver pour lui parler. Il savait qu’il devait s’excuser, mais sa fierté l’en empêchait. Et il savait aussi que malgré tout Karleen ne le repousserait pas même s’il ne les présentait pas.

Mais maintenant que Sana était là, le suppliant presque d’aller la voir et la calmer, il se demandait si lui aussi était la personne qu’il fallait à Karleen.

-« Conduis moi à sa chambre. »

Les yeux clos [ TOME I ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant