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-« Je ne t’aime pas. »

Karleen fut d’abord choquée, mais elle le savait alors elle continua de pleurer.

-« Je n’aurai pas pitié de toi. S’apitoyer sur ton sort ne fera pas changer d’avis Amir. »

-« Je le sais… Mais s’il n’a plus besoin de moi il pourrait… » Elle sanglotait toujours.

-« N’y pense pas. Jamais. Si Amir ne veut plus de toi, c’est à la morgue que tu te retrouveras. »

A ces mots, le sang de Karleen se glaça.

-« Que veux-tu de moi Sana ? Je ne t’ai pourtant rien fait. »

Sana poussa un soupir et s’assit dans l’herbe. Karleen fut surprise de la voir faire sortir un paquet de cigarette. Elle en alluma une, et recracha la fumée qui se fit emporter par le vent.

Un ange passa.
C’est Sana qui brisa le silence.

-« J’étais très bien ici sans toi. Alors j’aimerais juste que tu retournes de là d’où tu viens. »

Malgré sa posture et la cigarette dans sa main, Karleen ne pouvait pas s’empêcher de la trouver classe. Elle portait une jupe droite grise et un chemisier blanc dont les premiers boutons laissés ouverts, exposaient les courbes d’une lourde poitrine.
   Ses longs cheveux noirs de jais étaient retenus dans une queue de cheval haute et ses lèvres étaient recouvertes d’un rouge sombre qui mettait ses yeux en valeur.

-« Tu m’aiderais à m’enfuir ? »

-« Vu sous ton angle oui. Sous le mien, on dira que je me débarrasse d’un problème. »

Sa froideur n’avait d’égal que sa beauté.

-« Soit. Mais, comment le feras-tu ? »

Karleen n’aimait pas ce qu’elle commençait à ressentir.

L’espoir grandissait dans son cœur. Elle pourrait revoir sa mère, son père, ses frères et ses amies.
   Retrouver sa vie d’avant ? Avait-elle le droit d’espérer autant ? Si rien ne se réalisait elle en mourrait. Mais elle ne pouvait s’empêcher d’espérer.

Malgré son ton dur et ses airs de diva, Sana scintillait aux yeux de Karleen comme une sainte. Sana la libérera !

-« Mais prends garde. Si jamais on réussit, tu nous oublies ! Tu ne fais pas de poursuite, tu ne tentes rien ! De toutes façon tu perdrais… donc n’agit pas comme une écervelée. »

Karleen hocha la tête. Sana lui tendit une cigarette.

-« Tiens. Tu n’es pas obligée de la fumer. » Elle se sentit obligée de préciser en voyant l’air ahurit de Karleen. « Par contre, ne la garde pas enroulée. Il est temps de retourner dans ta cage dorée Shéhérazade. »

Sans comprendre les mots de Sana, Karleen regardait fixement la cigarette.

Les yeux clos [ TOME I ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant