XXXV

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Les jours s’écoulèrent et Karleen continuait de meurtrir sa chair avec les lames de rasoirs.
Amir l’avait remarqué une fois, il ne s’en était pas formalisé. Mais quand il eut fini de profiter de son corps, il lui a signifié qu’il n’aimait pas voir le corps de joujou être détruit.

Sur le coup, elle était restée muette. Il l’effrayait, la paralysait ; elle se savait faible face à lui et à tous les autres d’ailleurs. Après cette discussion, elle s’était rendue dans la salle de bain et avait recommencé à se balafrer l’intérieur de la cuisse.

La douleur s’intensifiait à chaque fois qu’elle le refaisait et elle avait de moins en moins de mal à supporter la douleur.
Elle se surprenait à vouloir que Hayden remplace les baisers d’Amir par les siens.

Elle ne rêvait que de son corps et de ses bras qui l’entouraient. Mais depuis la dernière fois, il n’avait plus donné signe de vie.
Il avait comme disparu du manoir, elle avait beau flâner dans les couloirs, elle ne le voyait pas. Mais le courage de se rendre dans sa chambre ne l’avait pas encore saisi.

Rien que de voir la porte de la chambre provoquait en elle une effusion de souvenirs érotiques qui tordaient le bas de son ventre.

Un matin, elle décida de retourner dans l’aile des servants dans l’espoir de voir Sybel. Depuis, l’accident avec Sana, elles ne s’échangeaient plus aucuns mots, et c’était certainement mieux ainsi.
Sana ne l’appréciait pas et ne le cachait même plus.

Comme Karleen s’y attendait, retrouver son chemin vers les cuisines n’étaient pas une mince affaire mais elle y parvint tout de même.
La porte de la salle de séjour se dressait devant elle. Elle pouvait entendre les bribes d’une discussion plutôt animée parvenir à l’extérieur. Elle crut même déceler la voix de Sybel mais elle n’en était pas sûre.

Moins craintive que la dernière fois, elle poussa la porte doucement et pénétra d’abord sa tête pour voir qui était à l’intérieur.

-« Sybel ! »

La jolie tête brune de Sybel se dressa et jeta un regard interrogateur dans sa direction. Lorsqu’elle la vit son visage se fendit en un sourire lumineux.

Son visage d’ange apparut comme un baume sur le cœur branlant de Karleen.

-« Mademoiselle ! Entrez ! »

Karleen ne se fit pas prier et entra. Sybel se leva prestement et vint à sa rencontre pour l’accueillir.

-« Je croyais que vous étiez partie… »

L’innocence dans sa voix toucha Karleen, elle regrettait d’avoir voulu l’impliquer dans ses affaires alors que cette jeune femme était si innocente.

-« Non, je ne partirai pas de sitôt. »
Sybel eut un air songeur.

-« Venez que je vous présente à Eden. Il m’a dit avoir vu une jolie dame me demander il y a quelques jours, mais je n’aurais jamais pensé que c’était vous ! Je pensais même que vous m’aviez oubliée. »

-« Bien sûr que non ! Je m’ennuie à mourir et je t’apprécie beaucoup. Alors je voulais juste me rapprocher de toi. »

Elles arrivèrent au niveau du fameux Eden. Il avait croisé ses bras sur sa poitrine et ne les regardait pas. Il semblait, pour une raison ou pour une autre, bouder.

-« Eden, je te présente mademoiselle Karly. Elle séjourne ici actuellement. »

Ledit Eden regarda Karleen avec attention. Il semblait la scruter.

-« Elle réside ici mais on ne l’a jamais servi, tu ne trouves pas cela louche ? »

Karleen commença à se triturer les doigts, cet homme était plutôt perspicace. Elle ne pouvait pas le nier.

Les yeux clos [ TOME I ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant