XLVIII

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-« Faisons plaisir à ces personnes qui se sont déplacées juste pour nous voir, okay ? »

Karleen sentait partout sur son corps leurs grandes mains la caresser avec adresse. Ils arrivaient à trouver ses zones les plus sensibles. Il lui arrivait de gémir, son corps, arrivait à la trahir.

Elle aurait dû rester la jeune fille frigide que Amir décrivait. Il a fallu qu’elle tombe sous les caresses de l’homme qui faisait vaciller son cœur pour que son corps s’ouvre au plaisir charnel.

L’un posait des baisers mouillés, l’autre des suçons tout en la regardant dans les yeux. Ils aimaient ce qu’ils faisaient. Ils ne pouvaient pas voir qu’au fond d’elle, Karleen bouillait. Elle rêvait de les repousser et s’enfuir en courant par la porte.

S’enfuir et se perdre.

Ne retrouver ni sa famille, ni personne juste s’enfuir et vivre. Ou ne pas vivre, mais tant qu’elle restait loin de cet endroit et des personnes qui s’y trouvaient.

L’un d’eux la repoussa, elle tomba sur le sol. Il écarta se jambes, exposant à tous son intimité qui malgré tout luisait de mouille. Toutes les personnes derrière les vitres avaient une vue profonde sur son entrejambe frétillante, sensible aux courants d’air.

Elle pouvait sentir l’air s’électrifier.

Le regard de certains se voilaient de désir, d’autre, d’amusement. Ils voyaient cela comme un divertissement.

Le roux, au visage androgyne posa ses lèvres sur celles de Karleen en caressant ses seins offerts, tandis que l’autre passait sa langue chaude entre ses cuisses.

Sentant le plaisir la foudroyer, Karleen ferma les yeux. Les larmes timides qui se logeaient dans ses paupières dévalèrent ses joues. Ses jambes commençaient à trembler sous la pression du plaisir qui la terrassait.

Elle imaginait les spectateurs la traiter de cochonne, et se dire qu’elle aimait ça. Elle imaginait Jenis la regarder et se dire avec dégoût qu’il avait déjà touché ce corps immonde.

Plus les coups de langue s’accéléraient, moins elle avait le contrôle sur ses pensées. Pourtant ce n’est pas ce qu’elle voulait montrer. Elle ne voulait pas qu’ils la regardent avec leurs yeux de prédateurs, qu’ils la voient prendre du plaisir à une chose qu’elle ne voulait pas faire.

Mais son corps répondait. Le roux avec ses baisers, l’empêchait de reprendre convenablement son souffle, et les coups de langue du noir la poussait à se cambrer. Elle bougeait, elle réagissait.
Comme la petite catin que Hayden voyait en elle.

Comme ce que son beau-père avait espéré quand il l’avait vendu sans scrupules.

Contre toute attente, elle poussa un gémissement. Il sonna à ses oreilles plus comme un sanglot que comme un gémissement, mais cela sembla encourager les deux hommes car ils redoublèrent d’ardeur.

Tantôt elle était sur le dos, tantôt elle se retrouvait sur le ventre. Les deux hommes touchaient, caressaient, léchaient chaque parcelle de son corps. Et comme une idiote elle se laissait faire.
Karleen pleurait. Elle pleurait de rage. Elle pleurait de honte.

Elle n’avait pas mérité cette vie… Si ? Alors, qu’avait-elle bien pu faire ?

Son esprit comme s’il voulait la soulager d’un poids, s’en alla. Il se mit à divaguer vers d’autres horizons. Vers des expériences que Karleen aurait aimé vivre, vers une vie qu’elle aurait aimé mener.

Elle préféra rester prisonnière de ses pensées, elle ne voulait pas être consciente car, à présent ils étaient en elle. Ils se mouvaient en elle, poussant des grognements de satisfaction alors qu’elle, elle pleurait.

Personne ne voyait ce qui se passait comme un viol. Des femmes étaient aussi assises sur les sièges. Mais aucune ne réagissait à la vue d’un spectacle aussi peu pudique.

La seule chose que Karleen attendait, c’était que tout cela prenne fin.
Qu’elle rentre dans sa chambre aux teintes rouge et or.

Et s’endorme au point d’oublier tout ce qui aurait pu se passer. Elle pourra rêver à ce qu’elle aurait aimé faire avec Hayden, ou avec sa mère. Elle pourra dire à Sana qu’elle lui pardonnait.

Elle pourra aller s’excuser auprès de la pauvre Sybel et de Eden qui vivait mal la convalescence de son amoureuse.
Il y a tant de choses qu’elle aimerait faire avant…

Elle voulait juste que tout se termine. Cette vie n’était pas pour elle. Elle avait hâte, hâte de se retrouver en enfer. Elle y attendra de pied ferme tous ceux qui la regardaient sans rien dire. Ces gens qui étaient à la fête, et aussi ceux qui étaient là, entrain de la regarder, comme on regarde un documentaire sur les animaux.

Sans se soucier une seule seconde de ses sentiments.
Elle revint à elle lorsqu’un liquide se déversa sur sa poitrine. Elle ne sentait plus personne en elle, plus aucune caresse. Plus aucun baiser, ni suçon.

Alors, le souffle irradié, elle ouvrit les yeux. La lumière était toujours tamisée. Les deux hommes étaient au-dessus d’elle. Ils la regardaient.

Mais elle ne voulait pas les regarder.
Karleen était couchée sur le grand lit. Regardant en face d’elle, derrière la vitre, elle pouvait voir que Serena était debout et regardait Amir d’un air dur et que le siège de Jenis était vide. Peut-être était-il allé vomir ? Elle comprendrait cette réaction. Il avait lui aussi touché à son corps comme ces deux hommes. Amir l’a découvert.

Hayden aussi l’a découvert.

Et voici la punition qui lui a été infligée.
Avait-elle encore une réputation à sauver ?

Il était temps pour elle de vivre comme elle l’entendait.

Les yeux clos [ TOME I ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant