III

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La lumière scintillait devant ses yeux et elle voyait flou. Lorsque Karleen reprit ses esprits, elle se rendit compte qu’elle était couchée toujours dans les vêtements de la veille dans le lit qui se trouvait dans la chambre aux tons rouges et or.

  Elle a à peine la force de se redresser et de regarder autour d’elle. Qu’allait-on lui faire subir de plus ? Il était clair que ce n’était que le début et elle n’était pas prête à voir la suite. Elle se sentait sale et poisseuse mais se lever du lit n’était pas si simple ; à chaque mouvement qu’elle faisait, un mal de tête aigüe lui picotait la tête.

Dehors, le soleil brillait de mille feux. Cela ne faisait qu’un jour qu’elle avait disparu, elle imaginait sans peine l’affolement de sa mère et ses amis. Elle était sortie avec des amis pour s’amuser, se lâcher le temps d’une soirée elle qui était si réservée quand il s’agissait de sortir fêter.

Se souvenir ne l’aidait en rien à apaiser son mal de tête alors elle s’efforça de ne plus penser à comment elle a été enlevée. Se sentant plus vivante, elle se leva pour aller se doucher en espérant que d’ici la fin de la journée elle serait fixée sur son rôle ici.

  Sur le lit, Karleen trouva un plateau avec un plat de légumes et de l’eau. Apparemment, c’est tout ce dont elle aura droit pour le déjeuner. Elle aurait voulu manger quelque chose de plus consistant mais comme son corps lui criait famine, elle mangea le repas avec appétit.

                  *           *        *           *

La vie de Karleen devint une routine. Se lever le matin et se rendre compte que tout ceci n’était pas un rêve, ne manger que de maigres repas, recevoir des injections qui chaque jour la rendaient faible.

  Elle se voyait dépérir de jour en jour mais se sentait soulagé au fond de ne plus voir Amir et de ne pas être battue.               

Lorsque Sana venait la voir, elle essayait à chaque fois de croiser son regard pour ne déceler ne serait-ce qu’une once de compassion. Mais la dame avait toujours un regard fixe qui semblait ne rien ressentir. Karleen avait même l’impression que celle-ci ne l’aimait pas particulièrement, pour une raison ou pour une autre. Mais malgré tout c’était déplacé.

Sans jamais sortir de sa chambre, Karleen passait le plus clair de son temps à observer la course du soleil. Avant, elle n’y voyait rien d’extraordinaire pourtant c’était si beau…
Le soleil venait à peine d’atteindre le zénith quand la porte s’ouvrit sur Sana. Au taquet, Karleen détourna ses yeux du ciel et se leva brusquement.

-« Sana… Pouvez-vous me dire au moins pourquoi j’ai été enlevée ? »

-« … »

-« Ne jouez pas les idiotes muettes, vous savez aussi bien que moi que c’est un crime et que par-dessus tout… » Sa gorge se noua, les mots ne voulaient plus sortir.  « Par-dessus tout, c’est… C’est injuste ! »

Karleen renifla bruyamment et Sana poussa un soupir d’exaspération.

-« Je vous ai apporté votre déjeuner. »

Jetant un coup d’œil au plateau, Karleen mima une mine dégoûtée en voyant les laitues et les légumes déborder de son assiette.

-« Tu parles d’un déjeuner… Je vais mourir sans protéines. »

-« Vous aurez des haricots, et de temps en temps nous penseront à vous donner des œufs. »

Essuyant ses larmes, elle s’assit sur son lit en prenant le plateau sur ses genoux.

-« Merci Sana. »

La dame hocha la tête et se dirigea vers la porte pour sortir.

-« Je n’ai rien d’autre à faire, personne à qui parler. Pourriez-vous au moins discuter avec moi ? »
   Karly était pleine d’espoirs. Sana ne pouvait pas refuser une simple demande de causette. Au moins, elle essayait d’accepter sa nouvelle vie !

-« Non merci, dépêchez-vous de terminer votre plat. Je serai de retour d’ici vingt minutes. »
Elle referma la porte derrière elle.

Il n’y a pas plus détestable dans cette maison que Sana et Amir. Pensa Karly. Elle avait demandé pourquoi elle était là, mais au fond elle l’avait compris.

Elle ne voulait juste pas se l’avouer : Elle allait devenir le joujou sexuel de ce détraqué de Amir.
Pourtant, à ses dix-neuf ans bien entamés, Karly était encore pucelle.
Elle craignait les caresses et les coups de boutoirs de cet enragé qu’est Amir.

« Esclaves sexuelles retrouvées par *** » Elle avait souvent entendu ce genre d’annonce à la radio ou à la télévision sans jamais se douter qu’un jour, ce serait son tour.

Le repas était froid et presque fade, mais la faim tiraillait son ventre.

La porte s'ouvrit encore une fois sur Sana. Elle semblait hésiter à parler, son regard était fuyant et elle lissait nerveusement les plis de sa jupe.

Qu'essayait-elle de dire ?

Les yeux clos [ TOME I ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant