LIV

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La pluie s’abattait furieusement sur le manoir, les gouttes d’eau se cognaient et glissaient lascivement contre la fenêtre de la chambre de Karly.

Il pleuvait et c’était presque nouveau. Un peu comme si Karly n’avait jamais connu la pluie. Depuis qu'elle était maintenue captive dans ce manoir, elle n'avait jamais vu de pluie ou du moins, elle n’avait pas fait attention.

L’air était froid mais chaleureux, c’était contradictoire pourtant, Karly, la joue collée contre la fenêtre se sentait bien.

Un poids avait quitté son cœur qui était devenu trop lourd pour le supporter plus longtemps. Un coup frappé à la porte la tira de sa rêverie. Comme toujours, il s’agissait de Sana. Ça en devenait presque lassant. Il n’y avait qu’elle qui entrait dans sa chambre. Elle et Hay…

-« Karleen, viens on descend. » Lança Sana toujours sur le pas de la porte.

-« Quoi ? C’est Amir ? »

Sana fut choquée de sentir des épices dans le ton de la petite Karly qui était si frêle d’habitude.

-« Oui, ne sois pas si hargneuse en sa présence il a l’air de mauvais poil. »

Karleen se leva en se s’étirant telle une chatte. Depuis sa conversation avec Eden, elle sentait quelque chose fleurir en elle. Ou pourrir… elle ne saurait dire, mais une métamorphose se produisait bel et bien.

-« J’arrive, et je préviens que je compte descendre vêtue ainsi. »

Sana la regarda de la tête aux pieds un sourcil levé. Décidemment Karleen cherchait des ennuis car elle portait un haut corset d’un rouge bordeaux et un pantalon évasé vers le bas noir qui laissait entrevoir une partie de son ventre.

-« Hors de question ! »

Karly la dépassa et sortit de la chambre un rictus amer sur les lèvres.

-« Oh, essaies-donc de m’en empêcher. »

-« Tu cherches les ennuis ou quoi ? »
Cria sa suivante alors que les enjambées de Karleen devenaient de plus en plus grande.

La concernée ne répondit pas, se contentant d’aller au bout du couloir où se trouvaient les escaliers qui la descendront tout droit au diable.

-« Karleen ! » Sana avait fini par la rattraper et la tenait maintenant par l’épaule. Elle avait l’air affolée.

-« Il m’attend non ? »

-« Je ne sais pas ce que tu as mais mieux vaut éviter de le mettre en colère, n’est-ce pas ? »

-« Franchement Sana, tu devrais savoir que maintenant plus rien de ce qu’il pourrait me faire subir ne m’effraie. »

-« Ta famille ? Ta vie ? »

Karleen réprima un rire sarcastique.

-« De quelle famille parles-tu ? Et quelle vie ai-je encore à défendre ? » Une pointe de tristesse roua sa voix.

Elle s’en voulu. Elle ne voulait plus ressentir quoique ce soit pour cette famille qui l’avait lâchée. Ils pouvaient bien aller au diable qu’elle s’en ficherait.

Sana dû ressentir qu’elle broyait du noir alors son ton fut moins dur.

-« Karleen… » Fit-elle, mais Karleen l’interrompit.

-« N’oublie pas qu’ici je suis Shéhérazade ! » Murmura-t-elle, puis elle descendit les marches des escaliers.

Contrairement à l’effet qu’elle se voulait d’afficher, son estomac était noué par la peur.

Les yeux clos [ TOME I ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant