Hayden marchait droit vers le bureau de son père. A cette heure matinale, il était sûr de le trouver.
Malgré sa posture de confiance et son air serein, Hayden craignait l’issue de cette discussion. Il comptait aborder le sujet de Karleen. Bien qu’Amir soit son père, Hayden ne savait de quoi il était capable.
Une fois devant la porte, il l’ouvrit sans prendre la peine de frapper.
Amir était assis derrière un bureau au centre de la pièce. La pièce déjà bien illuminée, accentuait l’effet de l’énorme balafre qui barrait une partie de visage d’Amir.
Le bureau était plutôt grand et spacieux. Contre les murs, étaient disposés des étagères bourrées de documents. S’ils étaient dans le bureau d’Amir, alors ils devaient contenir des informations confidentielles.
Sur ces étagères reposaient les preuves de tous les crimes et le nom de tous les complices de ce business.
Mais Hayden n’avait nullement l’intention de compromettre le cartel, c’était tout ce qu’il avait. C’était ce que ses parents et grands-parents avaient passés leur vie à bâtir.
-« Hayden, je t’ai toujours dit de frapper avant d’entrer dans mon bureau ! Tu pourrais tomber sur des scènes qui ne te plairont pas. »
Amir leva un œil sur son fils, un sourire carnassier sur ses lèvres. Il se doutait de la raison de la venue de Hayden dans son bureau.-« Comme toi avec Karleen la tête entre tes jambes ? » L’air sembla arrêter de circuler.
Son père arrêta d’écrire et leva la tête pour le regarder.
-« Ta nuit avec elle a-t-elle été bonne fiston ? »-« Tu étais donc au courant ! » Dit Hayden en s’asseyant en face de l’homme. Il croisa ses jambes et le fixa dans les yeux, feignant une confiance inébranlable.
-« Rien dans cette maison ne m’échappe. Tu devrais le savoir. »
-« Tu ne m’as rien dit. »
-« Comment pourrais-je t’en vouloir de désirer les mêmes choses que ton père ? Quoique tes goûts sont à revoir. Cette fille ne m’intéresse pas du tout. Mais on me l’a vendue, fallait bien que j’en fasse quelque chose, n’est-ce pas ? »
Hayden serra les dents. La tension commençait à s’alourdir dans la pièce.
Amir le regardait d’un air enjoué. Il savait que son fils n’aurait jamais le dessus sur lui, alors tout cela l’amusait.
-« Vends-la moi ! » Lança Hayden. Sa respiration resta bloquée dans sa poitrine. Sans ciller, il soutenait le regard de son père.
Les dés étaient jetés. Il appréhendait la réaction de son père. Celui-ci contre toute attente éclata d’un rire grave qui résonna dans toute la salle.
-« Ne me dis pas que tu t’es entiché de cette catin ? »
Hayden ne répondit rien, lui-même n’en était pas sûr.
-« Les femmes sont toutes les mêmes, elle ne font qu’ensorceler les hommes de pouvoir comme nous. »
Il faisait allusion à sa mère.-« Je te demande juste de me la vendre. » Rétorqua Hayden en croisant ses bras contre son torse. Il ne voulait pas se laisser distraire par son père.
-« Non. »
-« Non ? »
-« Je ne peux pas te la vendre Hayden. »
-« Pourquoi ? »
-« Tu es amoureux ! Tu aimes une catin mon fils. Elle te fera faire des bêtises. Tu pourrais même quitter l’entreprise familiale pour ses beaux yeux et sa paire de seins. »
-« Je n’ai jamais avoué l’aimer. Pourquoi cette idée a-t-elle frôlée ton esprit ?»
-« Tu en es sûr ? je t’ai toujours trouvé trop faible, cela ne m’aurait pas étonné. » Rétorqua Amir en jetant un document sur la table.
-« Je te demande juste de me la vendre. Tu n’en as rien à faire d’elle, non ? Ou alors, ce serait toi qui te serais entichée d’elle ? »
Les lèvres de Hayden s’étirèrent en un sourire narquois. Il avait réussi à faire pencher la balance. Même s’il savait que son père ne ressentait rien pour Karleen, il savait l’avoir piqué au vif.
-« N’essaie pas de jouer à ce petit jeu avec moi. Tu devrais poser cette question à Jenis. »
-« Jenis ? Le médecin ? » Demanda Hayden.
-« Il semble vraiment l’apprécier… »
Hayden contracta sa mâchoire.-« Père, Je la veux. » Insista-t-il.
Amir s’amusait à le faire tourner autour du pot.-« Eh bien moi je ne veux pas. N’oublie pas que moi aussi je lui ai fait tout ce que tu fais avec elle ou même plus ? »
-« Pouvez-vous me donner une bonne raison de ne pas me la vendre si elle ne vous intéresse pas, père ? »
Amir commençait à s’impatienter. Hayden faisait rarement des caprices, mais celui-ci il ne pouvait y céder.
C’était bien trop dangereux un fils amoureux d’une fille qui a été sa victime.
Il savait très bien que l’amour pouvait faire faire des folies, et il ne tenait pas à ce que son fils devienne un exemple de ce genre de cas.
Il se leva, imposant devant un Hayden assis.
-« Parce que tout simplement elle est ma propriété ! »
Hayden ne répondit rien. Son père ne comptait pas accepter. La seule chose qui restait était de la faire fuir, retourner chez elle.
Mais Hayden songea au fait qu’il ne pourrait plus la voir et à son beau-père qui l’avait vendu pour rembourser ses dettes.
-《 Et moi je la veux. Je ne compte pas vous la laisser. 》Hayden dit cela en se levant de son siège pour être à la même hauteur que son père.
Pouvait-il tout plaquer pour partir avec elle ? Le voulait-il ? En avait-il le cran ? Tout cela il l’ignorait. Mais il savait que fuir son père sera une mission difficile, presqu’impossible.
-« Je ne sais pas si vous pensez que je vais juste la laisser, mais... Laissez-moi vous dire que je la veux et que j'obtiens toujours ce que je veux. »
Hayden regarda fixement son père dans les yeux, une lueur de défi au fond des prunelles et un sourire provocateur sur les lèvres.
Amir sembla surpris de voir son fils lui tenir tête. Il reconnaissait l'aura dominante qui s'émanait de lui, il avait eu la même...
-« Hayden… Je ne veux plus en discuter. » Sa voix était calme et basse. Pourtant l’air s’était alourdi.
Les lèvres pincées, Hayden se leva, sans dévier ses yeux de ceux de son père. Puis, il se détourna et se dirigea vers la porte.
-« A très bientôt père, je vous souhaite une belle journée. »
C’était juste une défaite. Mais il se jura qu’il finira par réussir à la ravir à son sadique de père. Après tout, elle lui avait vendu son âme...

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Les yeux clos [ TOME I ]
Teen FictionUne histoire comme les autres. Une jeune fille enlevée à sa vie, sa routine. Devenue une coquille vide, Karleen se voyait sombrer sans jamais apercevoir la surface. Plus rien ne semblait lui appartenir, pas même son corps. Encore moins ses sentiment...