Elle avait crié victoire trop vite.
-« Pi..tié » Murmura-t-elle du bout des lèvres alors que l’homme la saisissait violemment par le bras, l’entrainant de force vers la salle où se déroulait la cérémonie.
-« Où m’emmenez-vous ? Vous n’êtes pas obligés de le dire au patron ! Je vous en supplie… »
-« Eh bien, sachez ma petite dame que le patron savait qu’il y avait un intrus dans son bureau, il m’a demandé de veiller sur la porte. Et, si quelqu’un en sortait, de l’emmener à la salle de réception. »
Il avait dit la dernière phrase en regardant Sybel dans les yeux. Il arborait un sourire fou. Cette situation l’amusait alors que la vie de quelqu’un était bien en jeu.
Il pénétra la salle, ouvrant la porte dans un grand fracas. Les regards de tous les convives se tournèrent vers Sybel et celui qui la tenait.
Elle essayait tant bien que mal de suivre la cadence de ses pas, mais trébuchait à chaque pas. Tous devaient se demander ce qui se passait.
Sybel quant à elle, se croyait déjà morte. Elle évitait de croiser le regard de ne serait-ce qu’une seule personne. L’homme qui la tenait la jeta au centre de la salle.
Amir, lui se déplaça jusqu’à eux.
Personne ne pouvait le voir à part Sybel, mais, un sourire sadique étirait ses lèvres et une flamme terrifiante embrasait ses prunelles.
Sybel sentit toutes ses facultés la quitter. Ses jambes ne tenaient plus, et sa gorge se crispa. Autour d’elle, il semblait ne plus avoir d’air.
-« Alors c’est toi qui t’es faufilée dans mon bureau ? »
Sybel ne sut quoi répondre. Il n’y avait que ses larmes qui ruisselaient sur son visage qui témoignaient qu’elle était encore lucide.
-« Voyez, cette jeune fille a essayé de me piéger, Moi, votre Parrain ! Elle ne savait sans-doute pas à qui elle s’attaquait… Mais, je me dois de lui ôter toute l’envie de recommencer ! Vous ne pensez-pas ? »
Personne ne broncha. Dans la salle il régnait un silence de mort. Les invités se contentaient de regarder le spectacle en se disant soulagé de ne pas être à la place de la pauvre jeune fille.
-« Alors, comment je vais te punir ? Mais avant, tu voulais réveler certaines choses ? Je sais que tu n’es pas de la police. Qu’as-tu entendu ? Hein ? »
Le regard de Sybel chercha Karleen dans la pièce. Dès qu’elle la vit et que leurs yeux s’accrochèrent, elle se souvint de ce qu’elle avait entendu dans ce bureau.
Il fallait qu’elle le lui dise. Et si elle ne le faisait pas maintenant…
-« Karleen ! Ton beau-père est celui qui t’as vendu aux mains de cet affreux homme ! Je suis désolée ! Enfuis-toi d’ici… » Elle fut interrompue par un coup de pied dans son ventre.
La douleur coupa sa respiration d’un coup. Elle aurait voulu que Karleen l’apprenne autrement mais, elle n’aura certainement pas d’autres occasions…
******************
Karleen sentit son sang quitter son visage et ses mains se crisper violemment. C’était certainement faux !
-« C’est certainement faux ! Non ça ne peut pas être lui, impossible ! Il… Il aimait ma mère ! »
Karleen fut prise d’un vertige et d’une nausée violente. Plus rien ne semblait avoir d’importance face à cette nouvelle. C’était son beau-père qui l’avait vendu ? Pour pouvoir payer ses dettes… Il l’a sacrifiée, sans états d’âme.
Elle se dirigea en tanguant vers la sortie de la salle, bousculant au passage des personnes sans doutes importantes. Des personnes qui n’en avait rien à faire de sa vie, qui trouvait cette histoire divertissante.
Ils la dégoûtaient tous.
Sentir leurs regards rebondir sur sa peau la brûlait. Rester une minute de plus dans cette salle lui était impossible. En plus, Sybel avait risqué sa vie en allant chercher ces informations. Et maintenant elle se faisait frapper par les Hommes d’Amir.
Lorsqu’elle fut dehors, Karleen retira ses talons et les laissa choir dans l’herbe. Quant à elle, elle se mit à marcher sans but précis dans le jardin.
Le choc était tel que ses yeux étaient restés secs. Aucune larme n’avait dévalé ses joues creuses.
-« C’est certainement, faux… NON ! » Elle se mit à se griffer le visage et à crier, hystérique. Devenait-elle folle ? Probablement. Le sort s’acharnait contre elle.
-« ARGH ! Pourquoi ? POURQUOI ? Je n’ai pourtant. Rien. Fait. De mal ! Rien ! Rien ! ARGH »
Cette fois, les larmes finirent par couler une fois qu’elle s’échoua dans les herbes…
Aux bords du désespoir, elle fut surprise de sentir une main froide se poser sur son épaule. Le contact peau contre peau la rassura un instant.
-« Laissez-moi seule. » Renifla Karleen.
-« Je comprends ta peine »
L’accent dissonant mit la puce à l’oreille de Karly concernant l’identité de la personne qui était venue lui parler.C’était la belle Serena.
-« Peu m’importe. » Répondit Karleen un peu trop sèchement.
-« Rien ne pourra consoler ton cœur meurtri, je le sais. Mais je voulais juste que tu saches que tout n’est pas perdu. »
La voix de Serena c’était faite plus douce, cela donna le courage à Karleen de se tourner pour affronter son regard perçant. Comme la première fois elle fut frappée par la singularité de ses traits.
-« J’ai essayé madame, de m’enfuir.. Mais Amir me retrouve et il finira toujours par me retrouver. »
Serena passa ses doigts dans les boucles de Karly.
-« Tu as de beaux cheveux ! »
-« Vous aussi. Ils sont… mais ce n’est pas vraiment ce qui m’importe. »
La dame se redressa en face de Karleen qui était toujours assise dans l’herbe.
-« Je suis désolée que vous ayez à vivre tout cela. Mais, avec un peu de détermination et de haine, tu réussiras peut-être à forcer le destin. » Dit Serena en tournant les talons pour s’en aller.
Alors que sa silhouette s’éloignait gracieusement, Karleen prise d’un élan de courage lui cria :
-« Vous n’allez pas m’aider, madame Serena ? » Sa voix était enrouée.
Serena s’arrêta et tourna sa tête pour lui faire face. Un sourire hautain était figé sur son visage.
-« N’oublie pas Karleen, je suis la méchante ! » Et elle s’en alla. Se mêlant à la foule qui s’entassait dans la salle de réception.
Karleen était restée seule dans le jardin, laissant l’obscurité envahir son cœur, sentant la dépression l’envahir peu à peu. Alors que ses pensées se perdaient dans un immense gouffre, elle sentit quelqu’un passer rapidement.
Elle leva la tête pour voir de qui il s’agissait. La personne s’arrêta aussi.
C’était Hayden.
Dans le noir elle se demanda s’il la verrait bien. Mais leurs regards se croisèrent un instant. Puis, Hayden détourna le sien brusquement et s’en alla rapidement.
Karleen osa se demander s’il avait entendu ce que Sybel avait crié.
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Je sais, j'avais dit que j'allais certainement tout poster d'un coup mais... finalement allons pas à pas 😭.
J'espère que le dénouement vous plait.
N'hésitez pas à dire ce que vous pensez de Serena aussi.Merci de me lire et surtout n'oubliez pas de voter ^^.

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Les yeux clos [ TOME I ]
Teen FictionUne histoire comme les autres. Une jeune fille enlevée à sa vie, sa routine. Devenue une coquille vide, Karleen se voyait sombrer sans jamais apercevoir la surface. Plus rien ne semblait lui appartenir, pas même son corps. Encore moins ses sentiment...