LVI

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L’air dans la voiture était chaud, il soufflait sur les doigts de Karleen et la réchauffait.

La captive tournait sa tête de temps en temps pour observer le profil altier du conducteur qui n’était autre que Hayden. Ses cheveux étaient maintenant secs et frisotaient légèrement sur son front ce qui la surpris, elle les a toujours cru parfaitement lisses.

Il sentit son regard sur lui donc il la regarda du coin de l’œil. Karleen prise en fragrant délit détourna la tête pour se concentrer sur le paysage de la ville qui défilait devant ses yeux. Elle se sentait libre. C’était normal car avant, elle n’avait pas le loisir d’admirer autant la ville. Ville dont elle ignorait le nom jusqu’à maintenant.

-« Tu ne m’as toujours pas dit où tu m’emmenais. » Dit Karleen pour briser le silence qui régnait dans la voiture.

-« Loin du bar en tout cas. »

-« Ce n’est pas une réponse, ça. »

-« Mais tu t’en contenteras. »

Elle poussa un soupir lassé. Il était plus borné qu’elle ne l’avait imaginé.

-« Explique-moi d’abord ce que tu faisais là-bas. »

-« Je n’ai pas envie d’en parler. » La réponse de Karly était sèche.

Elle voulait éviter qu’il découvre qu’elle n’était plus le joujou favori de son père. Il fallait à tout prix éviter qu’il ne l’apprenne, sinon il ne sera plus autant attiré par elle. Elle le savait.

-« Je ne te le demanderai pas une fois de plus. Karleen, dis-moi que faisais-tu dans cet endroit ? »

-« Je n’ai plus le droit de sortir ? »

Il se détourna un moment de la route pour la regarder un sourire sarcastique sur les lèvres. Apparemment, sa réponse l’amusait.

-« Tu sais aussi bien que moi que tu ne devrais pas être dehors. Alors dis-moi, tu n’es plus à mon père c’est ça ? »

Le cœur de Karleen rata un battement. Ou même plusieurs. C’était sûr qu’il le découvrirait mais pourquoi si vite. Sa bouche devint sèche et sa gorge se serra. Elle ne savait pas quoi répondre.

-« Ce… ce n’est pas ça. » Mentit-elle.

-« Il ne laisserait jamais sa chose faire les boites de nuit. Je ne suis pas un idiot Karleen. »

-« Tu as bien réussi à croire pendant longtemps que j’étais avec ton dégoutant père par pur plaisir. »
Lâcha-t-elle aigrie.

C’était maintenant que toute la frustration qu’elle aurait dû ressentir à l’époque faisait surface.

A l’époque il lui avait parlé en des termes si crus, si durs qu’elle n’aurait jamais imaginé qu’un jour il la croirait si elle lui disait la vérité.

-« Tu ne m’as rien dit. J’étais censé le deviner ? »

-« Peu importe… »

-« Alors que fais-tu maintenant si tu n’es plus avec mon père ? »

Au fond, il se doutait de la réponse. Il savait pourquoi elle était assise dans ce bar comme si elle était au bout de sa vie. Il connaissait bien le système pour savoir ce que signifiait ces deux hommes qui la surveillaient.

Mais, il ne voulait pas voir la vérité en face. Il ne voulait pas l’entendre, mais si elle ne le disait pas d’elle-même, il resterait dans le déni et n’aurait pas assez de rage en lui pour la ravir à son père.

Les yeux clos [ TOME I ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant