IX

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Une fois dans sa chambre, Karleen put se rendre compte qu’il faisait encore bien jour.

La feuille que lui avait donné Jenis était toujours dans sa paume. Elle décida de la ranger au fond de son placard.

Comme à son habitude, elle s'assit en tailleur sur son lit et regarda le soleil en mangeant le plat que Sana lui avait laissé.

Après leur dispute dans les couloirs, Karleen s’était rendue compte qu’elle avait été bien bête comme l’a dit Sana.

Karleen n’avait personne d’autre à blâmer pour ce qui lui arrivait. Il n’y avait que Sana qui lui parlait, il n’y avait qu’elle qui se souciait un tant soit peu de sa vie dans ce manoir.
Alors, à défaut de rejeter la faute sur elle-même elle le mettait sur le dos de Sana.
Cette fois elle ne retint pas ses larmes. Elle se sentait vraiment comme la pire des idiotes.

Lorsque le soleil se mit à s’en aller, Karleen se décida à se rendre dans le jardin.

Comme la première fois, c’était comme prendre de l’oxygène après avoir été étouffée pendant longtemps. Il y avait moins de vent, c’était plus calme. Elle pourrait finir par prendre goût…

S’asseyant dans l’herbe, elle se mit à observer le départ du soleil et le ciel qui devenait sombre.

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Se rendre dans le jardin au coucher du soleil était devenu une routine pour Karleen. Elle s’y rendait qu’il vente ou qu’il pleuve, accompagnée de Sana ou sans elle.

Puis finalement, le jour qu’elle redoutait arriva.

Ce soir ce sera un croissant de lune.

Mais elle n’allait pas dans le jardin pour le regarder.

Le soleil disparaissait déjà à l’horizon quand, toute tremblante Karleen arriva dans le jardin. Le vent était plus froid et plus violent. Il picotait ses poumons et séchait ses lèvres. Ses petites mains tremblaient alors elle les enfonça dans les poches du pull-over qu’elle portait. Mais, il n’y avait pas que le froid qui la faisait trembler.

Elle avait peur de se faire prendre. Les grilles qui fermaient le jardin étaient hautes et pointues.
Elles ressemblaient aux barreaux d’une prison. En même temps, c’était sa prison.

Une maison aussi grande et aussi luxueuse. Elle aurait tout donné pour vivre dans un tel endroit. Elle qui venait d’une famille si modeste.

Etait-ce vraiment la fin de ce supplice ? Pourra-t-elle enfin rentrer chez elle et retrouver sa vie d’avant ? Au fond, elle trouvait cela beaucoup trop simple. Mais, elle n’allait pas se plaindre !

Quand elle se revint à la réalité, le ciel était déjà noir et les étoiles commençaient à apparaitre. La lune dessinait un croissant fin qui éclairait à peine le ciel. Le jardin était plongé dans l’obscurité.

Karleen se tenait debout, les jambes tremblantes. Les larmes aux yeux. Elle ne savait rien de ce qui allait se passer et l’attente la faisait stresser. Ses mains commençaient à geler et une buée sortait de ses lèvres à chaque expiration.

Ce soir, le temps semblait s’être déchainé contre elle.

Dans ses tympans, son cœur battait la chamade et l’empêchait de se concentrer sur ses pensées. Plus le temps passait et plus la cadence de son cœur redoublait.

Le goût métallique sang lui fit remarquer qu'à force de mordiller ses lèvres, elles ont fini par saigner.

Et alors que son angoisse faisait presque flancher ses jambes, elle entendit des bruits de pas derrière elle.

Karleen se tourna brusquement.

Les yeux clos [ TOME I ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant