Chapitre 14 :

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- Je me souviens de tout, absolument tout. soupirais-je.

Après avoir passé cinq bonnes minutes la tête contre le torse de Sofiane à pleurer comme une gamine, je me suis forcée à m'éloigner de lui et à m'assoir sur le banc où j'étais assisse juste avant. J'ai décidé d'avouer la vérité à Sofiane, ça ne sert rien de lui mentir, il a compris ce qu'il s'est passé. Je regarde droit devant moi, je préfère largement regarder les magnifiques cerisiers sur le point de fleurir que le regard inquiet et remplis de peine de Sofiane.

- Je suis désolée que tu te souviennes de tout ça. répond-t-il d'une voix rauque.

Je tourne la tête pour confronter son regard, mais il ne me regarde pas : il fixe l'arbre que je fixais à l'instant. Soulagée, je ne dis rien et suis son regard vers l'arbre.

- Je te promets que ça n'arrivera plus jamais. promet-il en tournant la tête vers moi.

Je le regarde, surprise de cette déclaration si soudaine, un petit sourire triste apparaît sur mon visage.

- Ça n'arrivera plus, je ne l'approcherais plus désormais.

Je marque une longue pause, réfléchissant à mes paroles qui se mélangent à mes angoisses.

- Même si je ne le montre pas forcément, je me sens en sécurité avec toi. commençais -je doucement tout en tripotant mes doigts. Quand tu es venu tout à l'heure, je me suis sentie soulagée, t'avoir à mes côtés me permet de me sentir en sécurité, surtout face à Luis.

Il me regarde droit dans les yeux, étonné de mon aveu à moi aussi.

- Je t'ai vu, je voyais bien que t'étais en train de le lui prendre la tête, je ne voulais pas rater ça. remarque-t-il en reportant son attention sur mes mains.

Un sourire s'inscrit sur ses lèvres, il regarde droit devant lui et j'ai une vue sur son profil : sa mâchoire est très bien dessinée, son nez est droit, une moustache brune est au-dessus de sa bouche. Je fixe quelques secondes ses lèvres : elles qui m'ont hurlé la vérité mais qui m'ont aussi rassurés et réconfortés. Mon regard remonte à ses yeux de couleur noisette qui fixe le cerisier. Je me rappelle soudain du regard noir qu'il m'avait lancé juste avant, les paroles que je lui ai dites vendredi soir reviennent dans mon esprit, la culpabilité reprend place dans mon cœur.

- Et tu sais, dis-je d'une voix faible, je ne t'utilise pas... J'ai bien compris que tu n'étais pas la personne que tu prétendais être, t'es quelqu'un de bien Sofiane.

Sa tête se tourne vers moi, il me regarde droit dans les yeux, il ne semble plus énervé ni vexé. Il est juste indifférent à mes paroles, bien que ça me vexe, je le comprends.

- Je suis désolée, mes paroles étaient horribles, c'est juste que je n'aime pas parler de ça. expliquais-je en faisant référence à mes hématomes.
- Je l'ai compris, je te poserais plus la question la prochaine fois. me rassure-t-il d'une voix calme, en fixant le cerisier.

Je suis soulagée qu'il comprenne que je n'ai pas envie de me justifier. Il tourne la tête et fixe un point imaginaire sur devant lui et continue de me parler.

- Mais si t'as des soucis, va voir quelqu'un pour t'aider si tu ne veux pas m'en parler. remarque-t-il en tournant la tête vers moi.

Une légère brise s'élève, faisant boucher les arbres et nos cheveux par la même occasion.
Je hoche la tête comme réponse, ne sachant pas vraiment comment réagir.
Dois-je le remercier ? Faire comme s'il n'avait rien dit ? Le rassurer en lui disant que je vais bien ?
Le silence est finalement la meilleure réponse.
Je ramène mes jambes à mon ventre et les entoure par mes bras pour ne pas avoir froid, je pose ma tête sur mes bras et regarde Sofiane, ses cheveux sombres et bouclés bougent en même temps que la brise.

Éphémère Où les histoires vivent. Découvrez maintenant