Chapitre 42 :

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"My Kind of Woman" , Mac DeMarco
"Daddy Issues", The Neighbourhood
"Fourth of July", Sufjan Stevens
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- Voilà ton cadeau, ma fille. dit-il en me tendant une petite boîte rouge.

Mon père me regarde le sourire aux lèvres, il me fait penser à un petit garçon qui offre un cadeau à sa mère. Après avoir partagé un bon repas, nous avons discuté de tout et de rien, on a essayé de rattraper le temps perdu. J'ai tout de suite remarqué que mon père était sobre, je lui ai fait la remarque et ce dernier m'a expliqué ce qu'il l'a poussé à changer. Il m'a avoué avoir bu un verre avec un ancien ami à lui, mon père lui a fait part de ses problèmes personnels et ce dernier lui a conseillé une clinique de désintox et un groupe de soutien anonyme pour les personnes addictes à l'alcool et aux substances. Il n'a pas tout de suite accepté d'aller dans un centre de désintox, mais par contre, il a accepté d'assister à une séance dans un groupe de soutien. Mon père a attentivement écouté le témoignage des personnes présente, tous avaient un seul regret : avoir réagi trop tard à leur addiction. Beaucoup étaient assez âgés, ils ont tous dépassé la cinquantaine. Leurs principaux regrets étaient de ne pas avoir profité de leurs vies de familles, leurs proches, leurs travails. Mon père fut interrogé par une des personnes présente, il leur a vaguement expliqué la situation et tous lui ont dit la même chose : dépêche toi avant qu'il ne soit trop tard. Mon père a tout de suite compris qu'il devait se reprendre en main avant qu'il ne soit trop tard, leurs témoignages ont eux un déclic pour lui. Il a compris que s' il ne changeait pas très vite, il allait me perdre moi aussi. Il a déjà perdu ma mère et sa famille depuis son divorce, il n'a plus rien mis à part moi. Il a décidé de s'inscrire dans un centre de désintox et de rejoindre le groupe de soutien, son médecin lui prescrit des médicaments pour l'aider à supporter le manque d'alcool. La semaine de mon anniversaire, mon père s'est absenté, comme à chaque fois. Depuis son divorce et depuis que je me suis rapproché de Yanis, mon père s'éclipse pendant cette semaine pour que mon frère puisse venir passer cette semaine avec moi. Mais cette fois-ci il s'est absenté pour une bonne cause : celle de se reprendre en main.
Quand il m'a annoncé ça, j'étais tellement fière de lui, et sans s'en rendre compte, mon père m'a offert le meilleur cadeau d'anniversaire. C'est comme retrouver le papa que j'avais connu, mon papa, celui que j'aimais plus que tout et qui me traitait comme une princesse. Le papa qu'il était avant son divorce.
L'idée d'aller vivre chez ma mère reste quand même dans un coin de ma tête, malgré les efforts de mon père, je ne peux pas rester dans cette ville. Beaucoup trop de problèmes me ramènent à Nice, si je le pouvais, je resterais juste pour rattraper le temps perdu avec mon père, mais malheureusement, mes problèmes ne me le permettent pas.
Je ne dis rien à mon père, je ne veux gâcher l'ambiance et le faire culpabiliser après tous les efforts qu'il a fait. J'accepte son cadeau le sourire aux lèvres, son visage s'est comme illuminé quand j'ai pris dans mes mains la petite boîte rouge.

- Ce n'est pas grand chose, mais j'ai pensé que ça te ferait plaisir. m'avoue-t-il en souriant.

Je souris et ouvre la petite boite rouge, je découvre une bague en or, un énorme diamant est placé au milieu de la bague, de petits diamants ornent l'anneau. Je regarde le bijoux avec amour, la dernière fois que mon père m'a offert un cadeau c'était avant son divorce. Je sors la bague de sa boîte et passe celle-ci sur mon annulaire, je montre ma main à mon père pour qu'il puisse voir ce qu'elle donne autour de mon doigt.

- Elle te va parfaitement bien ma fille. me complimente-t-il le sourire aux lèvres.
- Merci pour ton cadeau papa, ça me fait vraiment plaisir. le remerciais-je avec sincérité.

Je me lève de ma chaise, contourne la table et enlace mon père, son corps se crispe face à mon contact, surpris par mon geste. Je suis tout aussi surprise que lui, mais au fond, la petite Yasmina de onze ans en avait besoin. Son étreinte est un peu maladroite mais naturellement, sa main vient caresser mes cheveux.

Éphémère Où les histoires vivent. Découvrez maintenant