Chapitre 55 :

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Après être restés pendant de longues minutes dans les bras de l'un et de l'autre - et après avoir eu les réponses à mes questions - Sofiane s'est endormi sur son lit, pendant que je désinfectais le saignement sur ses lèvres. La journée l'a épuisée, c'est vrai que ce n'était pas une journée comme les autres : il s'est battu avec Luis et Ilyes, il a eu une crise de nerf et m'a avoué la vérité sur sa jumelle.

Je descends les escaliers de chez lui pour me rendre dans la cuisine à la recherche de produits ménagers. Bien que je n'ai pas à le faire, je comptais nettoyer le bazar qu'il a mis. En arrivant en bas, je tombe sur le cadre photo que j'avais vu la première fois que je suis venue ici : des photos de Sofiane et ses sœurs, et ce qui m'attirait sur ces photos était le garçon aux yeux noirs, qui fixe la caméra.

Maintenant que je connais la vérité sur ce garçon, qui doit être maintenant un adulte, je me sens mal. Il devait être à peine âgé de 10 ans sur la photo, il avait le sourire aux lèvres, un ballon de foot sous son bras et habillé avec un short et un t-shirt rouge, ses boucles noires me rappellent son petit frère. Et dire qu'il va abandonner sa famille après la mort de sa petite sœur quelques années plus tard. Laissant derrière lui une famille en deuil, un petit frère qui se sent coupable de la mort de sa sœur, une grande sœur enceinte qui fait tout son possible pour garder une famille soudée et une petite sœur qui venait de perdre sa grande sœur.

Comment a-t-il pu partir en laissant sa famille dans cet état ?

Pourquoi il a accusé Sofiane ?

Je soupire en continuant de fixer la photo, en me remémorant la première fois où je l'ai vu : j'étais ici, devant l'entrée, j'attendais Inès qui devait me déposer chez moi. Elle était descendu, et je lui avais demandé qui était le garçon au yeux noir qui ressemble à Sofiane. Elle m'avait répondu que c'était son grand frère, et quand je lui ai demandé pourquoi je ne l'ai jamais vu, elle m'a dit sereinement :

"Rayane ne parle plus à Sofiane depuis deux ans, il déteste Sofiane. Il a quitté la maison et ne parle plus à notre famille.".

Puis elle continuait de fixer la photo, comme si de rien était. Je voyais dans ses yeux de la tristesse, beaucoup de tristesse. Mais malgré ça, elle souriait. Elle me disait que c'était son meilleur ami, elle le considérait comme son jumeau, il était un très bon grand frère, prenant son rôle au sérieux.

Alors comment a-t-il pu abandonner sa famille ?

Le manque qu'a dû ressentir sa famille devait être horrible. Surtout ces parents : après avoir perdu leur fille, ils perdent leurs fils. Je pense surtout à Amira, la plus petite, qui a dû grandir avec une sœur et un grand frère en moins, gardant de vagues souvenirs d'eux. Mais Inès et Sofiane me font le plus de peine : Inès a dû tout faire pour maintenir leurs familles qui se brisaient en deux tout en devant apprendre à devenir maman. Sofiane de son côté a dû assumer le rôle de son grand frère seul, il a passé la fin de son adolescence sans son frère et sa sœur, il n'a pas pû partager ses expériences ni confié ses histoires.

Mon cœur se serre, mais soudainement, mon téléphone vibre dans ma poche. La bulle de pensée dans laquelle je m'étais plongée éclate, je sors mon téléphone de ma poche et le prénom qui s'affiche est celui de Amine.

- Allô Amine ? décrochais-je en me déplaçant vers la cuisine.

- Yasmina, tu vas bien ? demande-t-il d'une voix faible.

Éphémère Où les histoires vivent. Découvrez maintenant