Chapitre 54 :

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-Elle est morte comme ça, dans mes bras, tout ça à cause de Luis. conclue-t-il en fixant le mur où l'ombre de l'arbre se reflète.

Yasmina :

Les paroles de Sofiane me brisent le cœur, sa crise de nerf n'a duré que quelques secondes, parce qu'après ça, il s'est assis sur le lit et m'a confié l'histoire de Zaira. Je l'ai écouté, sans l'interrompre une seule fois, la seule chose que je faisais en parallèle, c'était de le soigner. Mais quand il a mentionné le nom de Rayane, leurs disputes lorsqu'ils ont découvert Zaira, je me suis arrêtée, choquée de ce que son grand frère lui a fait subir. Mais il n'y a pas que lui, non : il y a tout son entourage. Nina, Luis, son frère... Comment peut-on pointer du doigt un garçon qui vient de perdre sa jumelle en l'accusant, en disant que tout est de sa faute, alors qu'il aurait pû donner sa vie pour elle ?

Ses mots, ses paroles, sa voix, son visage fixant longuement le vide démontrent tout le mal qu'il a vécu pendant toute ses années, par les gens qu'ils aimaient, sa propre famille.

Le silence s'est installé dans la pièce, je relève la tête pour le regarder : ses yeux fixent le mur, sans m'adresser un regard, ses yeux sont rouges et humides. Il est toujours torse nu, le sang qui s'écoulait de sa tempe et qui a fini sa route sur son torse a eu le temps de sécher. Ses mains sont jointes l'une à l'autre, elles sont rouges, remplies de coupures et de pansements que j'ai soigneusement mis sur ses doigts. Mes yeux remontent instinctivement vers son visage : j'ai réussi à arrêter le saignement de sa tempe, Dieu merci, je n'avais pas la force de refaire un allé à l'hôpital. J'ai aussi désinfecté son nez, où du sang avait fini par sécher. Mais sa lèvre gercée, je n'ai pas pû y toucher, parce qu'il me racontait le calvaire qu'il a vécu.

Et je vois bien que c'est dur pour lui, même deux ans après.

Je dépose ce j'avais dans les mains, sans rien dire, je m'approche de lui, et entoure ses épaules de mes bras. Mon cœur se brise en comprenant toute la douleur et l'injustice qu'il a vécu, tout ça à cause de Luis.

- Je suis désolée Sofiane, désolée que tu aies dû subir tout ça. m'excusez-je dans un chuchotement, ma voix tremblant légèrement.

Il ne dit rien et ne réagit pas, mais je m'en fiche, parce que même s'il ne dit rien, je sais qu'il avait besoin de ça : des excuses. Personne ne lui en a jamais adressé, il a vécu avec la mort de sa jumelle sur la conscience, et des accusations de la part de ses proches alors que tout ça n'est pas de sa faute.

Je le serre un peu plus fort en pensant à tout ce qu'il a dû endurer, en essayant de ne pas verser de larmes. 

- Zaira avait raison, ce n'est pas de ta faute et ça ne sera jamais de ta faute. ajoutais-je pour le rassurer.

Je le sens se crisper après mes paroles, et je comprends qu'elles le touchent. Soudainement, il entoure mes hanches de ses bras et me rapproche de lui, son visage se niche au creux de mon cou. Il ne dit rien, ses gestes parlent à sa place. Et nous restons là, dans le silence complet, l'un dans les bras de l'autre, aucun de nous ne bouge.

Les questions tournent en boucle dans ma tête, toutes les questions que je me posais depuis le début de ma relation avec Luis, puis le plan avec Sofiane me reviennent en tête comme un flash. Ce qui me tracasse depuis le début de cette histoire, je m'apprête à lui dire, mais juste avant, je l'avertis.

- Je... peux te poser des questions ? demandais-je avec hésitation.

Le silence me répond, bien que cela ne m'étonne pas, je prends une grande inspiration prenant son silence pour un oui.

Éphémère Où les histoires vivent. Découvrez maintenant