Chapitre 4

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Elles dégageaient une froide résignation, une cruauté qui disparue en parcourant mon visage et se faisaient protectrices tout en étant létal. Il ne disait rien, mais je ressentis le besoin de me justifier et dit la première chose qui me passait par la tête.

-J'ai perdu mon ours en peluche...

Il laissa son bras posé et de sa main libre passa entre sa poitrine et son plastron pour en ressortir un petit démon en peluche, le mien, qu'il m'avait fabriqué lorsque j'étais enfant. Je croyais l'avoir perdu quand les démons nous avaient attaqués Céthius et moi mais il l'avait gardé sur lui tout ce temps. Sans un mot il me le tendit et se redressa, puis il quitta le lit pour se diriger vers la porte qu'il ouvrit et sans se retourner me dit.

-Viens, je vais te montrer ta chambre.

Ma chambre ? Comment pouvait-il me montrer la preuve de ses pensées, constamment tournées vers moi et instaurer une telle distance entre nous, quelques secondes plus tard ? Nous retrouver nous avait guéris et bien qu'il me permettait de séjourner ici, il refusait que ce soit près de lui. Je le suivit néanmoins à travers les couloirs familiers qui constituaient sa demeure. Sa chambre était très espacé des autres et se trouvait au fond d'un couloir, de faite que personne ne puisse arriver là par hasard et puisse donc difficilement expliquer sa présence dans ces lieux s'il y était surpris. Les appartements les plus proches étaient réservés aux invités ou aux amis. Comme je pensais qu'il n'était pas dépourvu d'amis, mais en avait simplement peu et que je savais n'y avoir ici aucun invité à part moi, j'en concluais que toutes les chambres étaient disponibles. Mais il décida de m'attribuer la plus rapprochée de la sienne. Pour le côté pratique, m'expliqua t il. Les portes présentaient un charme qui permettait aux seuls personnes préalablement autorisées à les ouvrir. Ainsi exempt moi, seul Céthius, et bien sûr Hadès, pouvaient pénétrer dans mes appartements.

-Quand tu étais enfant, tu restais dans mes quartiers donc tu es, à part moi, la seule personne à y avoir accès. Ne laisse personne y entrer.

Suite à ses directives, il se détourna pour rejoindre la grande salle mais je le retins par le coude. Il se retourna et son expression m'indiqua qu'il n'avait pas l'habitude d'être contrarié ni que quelqu'un l'arrête.

-Merci de m'avoir permis de m'endormir à tes côtés.

Il encadra mon visage de ses mains et posa un délicat baiser sur mon front. Son contact m'électrisa et fit se hérisser le léger duvet qui recouvrait mes avants bras. Ce n'est que lorsqu'il disparu au coin d'un couloir et que j'expulsais l'air de mes poumons, que je me rendis compte que j'avais bloqué ma respiration. Je ne savais pas s'il était conscient de l'effet qu'il avait sur moi. Je n'étais moi-même pas certaine de ce que je ressentais. Était-ce simplement la joie d'être acceptée, de la reconnaissance, ou bien quelques chose de plus profond, plus sombre.

La pièce qui m'avait été octroyée était très différente des cartiers qu'occupait Hadès. Elle était bien sûr dotée d'une salle de bain individuelle et suffisamment spacieuse, bien que plus petite, mais elle était surtout dénuée de tout objet personnel ou de quelque décoration que ce soit. Les murs en pierre sombre s'accordaient parfaitement avec le lit en bois dont la tête, simple, faisait pâle figure comparer à celle, ouvragée ornée de motifs complexes, du lit dans lequel je venait de dormir. Je songeais à ma colocation avec Mehgane. Les pièces que nous partagions étaient décorées de nos goûts communs et celle qui m'était réservée, aux goûts de leur propriétaire. Cette chambre était tout sauf accueillante, elle était impersonnel. Bien sûr il ne tenait qu'à moi de la rendre plus agréable à vivre, mais même avec cela, je la trouverais froide et chirurgicale. Non vraiment, je ne pourrais pas dormir là. Je ressortais en fermant la porte derrière moi, faisant l'éloge mental de ce système d'ouverture sélectif.

Je ne voulais pas empêcher Hadès de donner ses audiences ou Céthius de faire... Ce qu'il avait à faire, alors je me promenais dans les couloirs sans but précis. Les lieux n'avaient pas changés depuis mon absence. Les rares fenêtre projetaient aux murs les lumières vacillantes des flammes du dehors, le reste des corridors étaient éclairés par des torches accrochées aux murs. Une idée me vain et je me dirigeais vers la grande salle où il n'y avait plus q'un démon qui, devant moi se confondait en excuses, pour avoir dérangé son seigneur et en remerciements pour sa clémence. Je ne savais pas ce qu'il avait demandé mais il repartit la tête basse. Soit Hadès était de mauvaise humeur et avait rejeté sa demande soit celle ci avait été trop exagérée. Il haussa un sourcil quand il me vit m'avancer et contracta les lèvres quand je fit une révérence des plus formelle, une main sur le cœur.

-Mon seigneur.

Malgré une ébauche de sourire persistant il parla d'une voix on ne peut plus stricte et officielle.

-Parle, je t'écoute. Quelle est ta requête ?

-Je viens me plaindre de l'éclairage de vos couloirs royaux.

Mon ton moqueur semblait l'amuser, il croisa les doigts.

-Mes torches ne conviennent pas à votre délicate personne.

J'ignorais sa raillerie et poursuivis.

-Pourquoi n'investissez vous pas dans des lampes électriques ?

Il se pencha en avant.

-Parce que je contrôle le feu, non l'électricité, ma chère.

Je me sentis stupide, évidemment que ce n'était pas par soucis d'esthétisme que l'éclairage se faisait au feu. Il sembla s'en apercevoir et me fit signe d'approcher. Je montais les marches et des souvenirs de moi jouant à ses pieds sur ce même escalier me revinrent.

-Je prendrais ton désir de voir mes royaux couloirs nimbés de lumières artificielles en considération.

Je me mis à rire. Ses lèvres s'étirèrent légèrement mais ce n'en était pas moins un sourire. Il fit à lui seul disparaître toute la tension éprouvée ces derniers jours, celle ressentie lors de son abandon et le chagrin qui en avait résulté puis la terreur sourde qui m'avait possédé quand Céthius était venu chez moi, porteur de mauvaises nouvelles et enfin mes sentiments indéchiffrables à son égard.

-Merci.

Je lui pris la main, mais ce fut lui qui posa un baiser sur le dos de la mienne. Encore ce frisson.

-Il ne me reste que quelques démons à recevoir puis je te rejoindrais, attend moi dans mes appartements.

En me dirigeant vers sa chambre, je sentais toujours son contact sur ma peau. Des fourmis me picotants la main, là où ses lèvres l'avaient effleuré.

The King of the UnderworldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant