Chapitre 25

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Le jour de présentation était arrivé plus vite que je ne l'avais calculé et avec lui nos retrouvailles avec Mike. Mehgane lui avait sauté au cou dès qu'elle l'avait aperçu, en témoignage de sa bonne humeur pour ces retrouvailles. J'en fit de même mais le cœur n'y était pas. Et en bon ami, il le sentit.

-Qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Puisqu'il n'y pouvait rien autant ne pas lui parler de mes inquiétudes.

-Rien ne t'en fais pas.

Il haussa les épaules, me signifiant qu'il renonçait temporairement à m'extorquer la vérité.
J'avais informé Mehgane de ce qui me préoccupait, aussi bien mes remords que le départ prolongé de Céthius. Il n'y paraissait plus mais je savais qu'elle demeurait autant inquiète que lorsqu'elle avait appris que sa mission s'effectuerait seul et serait d'une dangerosité extrême. Même pour un démon tel que lui. Je lui avais confié la plume qui avait accompagné la lettre et qu'elle conservait en bonne place dans la poche latéral de sa veste. Contre son cœur.

-Tenez. J'ai récupéré vos badges en même temps que le mien.

Mike tendit vers nous deux pièces d'identité comportant nos noms et prénoms mais, grâce à l'enfer, dépourvu de photo. Non pas que j'eu honte de mon apparence mais les seuls que pouvait posséder l'établissement étaient celles que je leur avais fournis et qui me présentaient sous un jour peu clément.

Aujourd'hui, à l'instar de mon amie, j'étais vêtu d'un costume bleu nuit strié de fines rayures blanches et avais laissé libres des cheveux qu'il m'étais impossible de coiffer sous peine de rendre apparent le large pansement s'étendant à l'arrière de ma nuque.
Et quand cela aurait cicatrisé, que donnerais-je comme explication sur ces stigmates ?
"Je me suis fait attaqué par un animal sauvage." Mensonge.
"Mon amant m'a mordu pour repousser tout autres prétendants en les informant que je lui appartiens." Inénarrable vérité.

-Perséphone, tu nous suis ?

Je portais attention à la source de ces paroles. Mehgane amusée par mon égarement n'en compatissait pas moins à sa provenance. Après quelques minutes de déambulation infructueuse, nous convînmes de nous retrouver pour déjeuner avant de nous séparer afin d'accueillir plus efficacement les jeunes prosélytes.
Les heures passantes, les candidats se succédants, je me remémorais mes propres pas dans cette architecture moderne au savoir archaïque. Je n'avais pas été si différente de tous ces arpètes qui, nerveux, venaient chercher auprès de moi la direction de l'amphithéâtre dans lequel se tiendrait le comité de bienvenue.
Mais pour autant, je ne leur avait pas été identique. Mes pensées était occupées par les études, bien évidemment, mais aussi tournées le plus souvent vers des êtres peuplant mes souvenirs d'enfance et mes rêves à la nuit tombée. Ils n'avaient donc jamais vraiment quitté le centre de mes préoccupations.

-Excusez-moi.

Je me retournais sur un jeune garçon, un furet sur l'épaule, qui ne devait pas avoir beaucoup moins que mon âge, aux cheveux ni tout à fait roux ni tout à fait bruns, plutôt d'une teinte sucre de canne. Avec ses traits lisses et pures il ne devait pas dormir dans les mêmes draps deux soirs de suite.
Mais là où les traits d'Hadès étaient bruts, à la ligne rigide au charme indéniablement masculin avec des contours propres aux hommes faits, ceux de l'étudiant devant moi semblaient encore tenir du juvénile, sans doute à cause de la finesse des contours de son visage, sa silhouette fluette et son grain de peau si frais qu'il aurait pu être comparer à celui d'une femme. Il n'en restait pas moins d'un grande beauté.

Pendant que je le détaillais, il s'était penché vers moi pour scruter sans gêne ma poitrine. J'allais pour lui demander s'il avait besoin d'aide mais j'étais ici sur demande de l'établissement et je représenterai celui-ci jusqu'à la fin de cette journée. Je ne pouvais donc pas me comporter d'une façon qui aurait pu porter préjudice à la réputation de cette institution.

-Je peux te renseigner ?

Il se redressa et me répondis sans quitter des yeux mon sein gauche.
Il en avait du culot.

-Oui, merci Perséphone.

Mon sourire polit s'effaça tandis que je baissais à mon tour les yeux sur ce point qu'il fixait, côté cœur.

-C'est un très jolie prénom.

Le badge. Bon sang, quelle idiote. Ma méprise me fit rougir et je me mis à sourire, soulagé et honteuse, pour masqué mon embarras.

-Merci.

-Moi c'est Tach.

Il avait un sourire franc qui enjolivait son visage avec des fossettes de par et d'autre de ses lèvres.

-Ravis de te rencontrer.

Il prit la main que je lui tendais, un peu hésitant.

-Que puis je pour toi, Tach ?

Il récupéra sa main qui se porta instinctivement vers le petit carnassier qui se trouvait en équilibre sur son épaule et qui reniflât ses phalanges.

-Eh bien je cherche désespérément l'amphithéâtre préposé à l'accueil des étudiants mais malgré les directives qu'on m'a déjà donné, je ne parviens pas à le rejoindre.

Je le gratifiais d'un sourire compatissant, me souvenant que l'orientation dans ces couloirs pouvait paraître abscons et l'entraînais dans mon sillage.

Son suivi docile et silencieux me reposait de toutes ces questions anxieuses auxquelles j'avais dû répondre jusqu'alors.

-Au fait, je suis désolée mais l'établissement ne tolère pas la présence d'animaux entre ses murs. Ton ami ne pourra pas assister aux cours.

-Ce n'est rien, Mateheus sait se faire discret.

Dit-il en prodiguant d'amicales caresses à l'animal qui frotta de plus belle sa minuscule tête contre la paume de son maître.

Arrivés devant les doubles portes j'examinais ma montre. La présence d'anciens diplômés n'était pas seulement souhaitée pour la seule présentation des locaux mais aussi afin de donner une courte conférence en compagnie du corps enseignant dans le but d'exposer ce que l'on attendait des personnes qui intégreraient pendant les prochains semestres et d'exhiber les intérêts que pouvait avoir cet endroit plutôt qu'un autre. J'étais dans les temps. Mon discours était tout établît et ne demandait qu'à s'extraire de la tête dans laquelle il tournait en boucles. J'entrouvris discrètement l'un des battants, dans l'espoir de ne pas interrompre une prise de parole en cours, et restait figée dans un état d'hébétude en apercevant le professeur qui s'affairait au rangement des papier éparpillés sur le pupitre où il venait manifestement de donner une mini conférence.
Le mensonge que j'avais donné à ma tante n'en était désormais plus un. Hadès faisait effectivement parti du corps enseignant.

The King of the UnderworldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant