Chapitre 29

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Je ramassais la veste que j'étais venue chercher et m'éloignais de tous, empruntant les couloirs que je savais déserts afin de ne pas susciter trop d'interrogations. Accélérant lorsqu'on approchait derrière moi et ralentissant quand me parvenaient des voix devant moi. Je sortis de l'établissement, scrutant les alentours à la recherche d'un endroit tranquille et inoccupé où déposer mes deux passagers et ralliais un recoin suffisamment éloigné pour que personne ne tombe nez à nez avec eux.

-C'est bon. Vous pouvez descendre.

Je m'accroupis pour permettre à Mateheus d'atteindre le sol et attendis que son compagnon l'imite mais il n'en fit rien, semblant réfléchir à quelque chose, me regardant.

-Tach, descend.

Le reptile obéit. Glissa le long de mon bras, quitta ma main et rejoignit son ami à fourrure. Je frissonnais en pensant à mon intuition se vérifiant, ce serpent était bien le jeune homme que j'avais renversé peu avant. Je ne connaissais pas tout les démons sous le commandement d'Hadès mais Tach m'avait tout l'air d'en faire partie. Après tout, il ne m'avait pas mordu.

Mateheus se rua sur le sang froid, se frottant à lui en émettant de petits roucoulement de soulagement et de remerciement. Son destinataire lui répondit d'un sifflement haut perché qui laissa apparaître les frémissements frénétiques de sa fine langue fourchue. Mateheus se frotta une dernière fois et comme obéissant à un ordre qui m'échappait totalement, vint me gratifier d'une forme humide de remerciement, léchant la pulpe de mes doigts.

En repartant, je ressentais encore sur moi le poids du regard de Tach, et la sensation de cet intérêt insistant me faisait l'effet d'une brûlure cuisante à l'arrière de la nuque. J'en étais tellement obnubilé que le contact d'une main sur mon épaule me prit de cour et dans un instinct de concertation sautais le trottoir afin de m'éloigner du corps étranger. Pour atterrir sur la chausser, inconsciente du véhicule qui l'empruntait.
Tout ce dont je fut consciente fut du son invasif du klaxonne à mes oreilles, du crissement des pneus sur l'asphalte et du puissant souffle de vent lorsqu'on me tira violemment par le coude hors de la trajectoire de la voiture qui, entraînée dans sa course, m'aurait percuté.

Tandis que le chauffeur, effrayé par ce qui avait failli se produire, proférait pléthore d'imprécations à mon encontre, je laissais pénétrer en moi, désorientée, le parfum suave et familier, qui imprégnait le costume élégant dans lequel mon visage était pressé par une main chaude, tant protectrice que possessive.
Je fut tout aussi brusquement que je l'avais été de la voiture séparée des effluves mâle et placée face à face avec un visage courroucé, aux traits tirés par la tension mais dont les yeux traduisaient l'immense frayeur qui avait habité leurs propriétaire.

-Personne ne m'a jamais autant éprouvé.

Quoi que j'eu pu opposer à cette affirmation, cela s'éteignit sur ses lèvres dans un baiser primitif et désespéré, contaminé par la peur qu'il avait eu de me perdre.
Quand sa bouche quitta quelques instants la mienne, sans pour autant briser le contact de nos lèvres, il murmura.

-Te protéger relève vraiment de la gageure.

Son sourire était perceptible lorsque son souffle recouvra le mien. Une passion avide nous ravit à notre environnement, nous confinant à un endroit désolé où seuls nos deux corps existaient pendant que sa langue dansait avec la mienne en une revendication commune et enfiévrée.

Lorsque nous cessèrent nos explorations buccales ce fut le souffle cour, lèvres enflées, lui comme moi. Mes doigts, qui ne s'étaient pas privés de fourrager furieusement dans ses cheveux, redescendirent se placer sur sa nuque qu'ils massèrent, apaisant la tension qui le parcourait encore.

The King of the UnderworldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant