En descendant de l'estrade, son regard croisa le mien et un sourire matois vint embellir son visage. Sa large carrure virile était guindée dans un dispendieux costume s'accordant harmonieusement avec la serviette de cuir brun, dépourvu d'anse, qu'il maintenait contre son flan. Ses cheveux noirs rendu fous par le passage répété de ses mains lui conféraient un côté décontracté qui, grâce à la prestance souveraine qui lui collait à la peau en toute circonstance, venaient briser l'image d'un homme psychorigide qu'aurait renvoyé tout autre que lui.
Mes yeux, avec fascination, observaient bien malgré moi son musculeux dos et ce non moins désirable fessier au travers de son costume tandis qu'il rejoignait son siège.
À la réflexion "reluquer avec insistance" devait former un terme plus éloquent car lorsqu'il eu prit place, cheville gauche sur genoux droit, bras croisé dans une position d'attente contemplative me fixant un léger sourire aux lèvres, je compris que je restais effectivement là à lorgner béatement M. Le professeur devant toute la tribune qui observait patiemment dans l'attente du discours d'entrée que j'étais sensée présenter. Je repris mes esprits, secouant la tête, mais ne pu m'empêcher de remarquer l'air de satisfaction qui flottait sur le visage de cet enseignant démoniaque.
Maudit soit-il, il m'avait tant distraite que j'avais peine à me souvenir des phrases qui, peut avant, étaient pourtant si claires.Où était passé mon éloquence ?
Sans doute à battre la campagne en compagnie de ma pudibonderie.
Je m'éclaircis la gorge et fixais un point invisible devant moi. En l'occurrence appliquer le fameux conseil anti trac consistant à imaginer l'assistance dans son plus simple appareil ne me serai pas d'un grand secours. Bien au contraire, cela ne provoquerai que d'avantage de pensées libidineuses dont Hadès serait l'objet.Lorsque je parvins enfin à prendre la parole, ce fut de ce ton volontaire et charismatique qui m'avait valut tant d'éloges. Plusieurs de mes anciens camarades m'ayant écouté prononcer maints discours lors de divers exposés avaient salué mon talent oratoire.
Il n'était question d'aucune prétention de ma part car quelques professeurs ayant eux aussi assisté à ces logorrhées avaient aligné leurs opinions sur celles de leurs étudiants et usé du terme de captivante prestance.
Tout en continuant de monologuer et balayer des yeux l'amphithéâtre rendu silencieux, je refoulais le désir que j'avais de regarder l'effet que ma voix produisait sur Hadès. Mon discours en lui-même n'avait rien d'exaltant mais ma voix seule parvenait à instiller une certaine forme de mutisme béât à l'instar du chant fascinant mais non moins létal des sirènes.Arrivée au trois-quarts de mon harangue, je n'y tins plus. Mes yeux dérivèrent lentement, glissant sur les gens, indifférants à toute autre paire d'yeux n'étant pas désirées avant d'accrocher le regard dur et envoûtant du suzerain diurne.
Son visage, qui ne manifestait d'ordinaire d'émotions que lorsqu'il se savait isolé, exprimait en cet instant avec une amplitude démultiplier des sentiments que j'étais coutumière de provoquer chaque fois que je prenais la parole. Il était subjugué, ses grands yeux sombres où brillait l'intérêt ne me quittaient pas et ses lèvres légèrement entre-ouvertes buvaient mes paroles avec désespoir. Semblant voué à la perdition si je faisais mine de m'arrêter, je rallongeais mon laïus d'autant que je le pouvais sans l'alourdir. Quand finalement vint l'instant de conclure, tous parurent sortir d'une profonde absorption et presque instamment me signifièrent leur assentiment par des acclamations et ovations collectives. Seul resté muet, Hadès n'était pas longtemps demeuré transit. Il avait secoué la tête comme sortant d'un songe puis s'était levé et quitta la salle. La doyenne s'était elle aussi levée et progressait vers moi dans son tailleur gris perle. Elle me remercia avant d'annonça succinctement la suite du programme et, libéré de mes obligations, je pris la direction empruntée par Hadès m'efforçant de le localiser parmi les couloirs épurés des locaux.Cependant que je rebroussais chemin pensant l'avoir manqué à un croisement, je ne perçu pas tout de suite les pas arrivants sur moi avec le même empressement et heurtais violemment mon opposant.
Le choc me propulsa en arrière. Mon premier réflexe fut d'empoigner la première chose à ma porter en espérant rétablir mon équilibre, je m'agrippais donc à la veste en cuir de Tach que j'entraînais malgré nous dans ma chute. Le sol se rapprochait rapidement de ma tête qu'il aurait violemment impacté s'il n'y avait eu les mains de Tach qui se refermèrent dessus in extremis en un cocon protecteur.Le contact avec le sol fut rude.
Il m'avait sans doute épargné une commotion cérébrale mais le reste de mon corps supporta l'atterrissage avec infiniment moins d'égards.
Dans un premier temps, personne ne bougea. Nous encaissions le contre coup le souffle court, le corps crispé. Le premier à remuer fut Mateheus dont les moustaches frémir lorsque son museau vint renifler ma tête comme une étrange excroissance qui émergeait du coup de Tach. Celui-ci avait lui aussi la tête contre mon coup face contre terre. Son visage avait il heurté le sol ?-Tu vas bien ?
Il remua légèrement et hocha la tête. Je relâchais alors l'air bloqué dans mes poumons et fermais les yeux. Quel soulagement. Après tout c'était ma faute s'il était tombé. Il relâcha mon crâne et prit appui sur ses avant bras pour se redresser.
-Je suis désolée, je ne voulais pas t'entrainer avec moi.
Il ne dit mot, se contentant de me fixer, de l'indécision passant dans son regard. Il se concentrait sur mon visage comme s'il devait prendre une décision cruciale me concernant. Je lui souris, amusée et fit un clin d'œil au furet perché sur son épaule quand celui-ci fit mine de s'approcher, encore curieux, vers moi.
Il se redressa soudain si vite que Mateheus tangua au bord de son épaule. Il me tendit une main secourable et m'aida à me relever mais ne s'attarda pas pour recevoir remerciements ou excuses. Il s'éclipsa à grand pas comme appelé par le devoir. Son attitude dévouée puis évasive avait piqué ma curiosité mais pas suffisamment pour que j'en oublie après qui je m'étais lancée à la poursuite.
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The King of the Underworld
ParanormalElle était si jeune. J'aurais du la rendre à ses parents ou la tuer. Elle pleurait, je déteste les pleurs d'enfant. Mais voilà, entre deux sanglots elle m'a dit: -J'ai perdu mon ours en peluche, je peux dormir avec toi ? Un grand merci à Ambredrc po...