Chapitre 46

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Si j'avais senti mon être déborder d'énergie au point de me croire capable de tenir les étoiles au bout de mes doigts, désormais ce sentiment avait été éclipsé par une vacuité d'égale ampleur. C'était comme dégonfler un ballon après l'avoir étiré à son maximum. Son enveloppe plastique fripée, sans tonus. Ne subsistait qu'une infime lueur dans le vide laissé par le pouvoir qui m'avait traversé. J'avais paru ignifugée lorsque j'en avait usé, mais ma capacité à manipuler les flammes m'avait visiblement déserté en même temps que ces dernières. J'avais l'impression que de la lave coulait dans mes veines. L'agréable sensation de l'air froid m'entourant était apaisante. Partout sauf à un endroit. Je voulus envoyer promener ce que je pensais être les couvertures qui me tenaient trop chaud, et qui n'était en réalité pas même un drap mais simplement mes vêtements, mais fut retenue par une prise douce et chaude sur ma main. Mes paupières, lourdes, frottèrent inconfortablement sur mes yeux irrités qui roulèrent dans leurs orbites à la recherche de cette source de désagrément. Ma main était enfermée dans une autre, large et blanche, reliée à un bras que mon regard mis des siècles à remonter jusqu'au visage de leur propriétaire.

-Céthius, coassais-je.

Ma gorge était rauque comme après des heures à crier contre le vent. Je fus prise d'une quinte de toux et la prise sur ma main se relâcha. Le démon corbeau m'aida à me redresser dans les oreillers, m'enjoignant au calme avant de présenter à mes lèvres un verre d'eau exquisément glacé. Il ne me permit cependant que quelques gorgées, le reposant trop tôt à mon goût sur la table de chevet de ce que j'évaluais être notre chambre à Hadès et moi.

-Doucement, il ne faudrait pas que ton estomac vomisse le peu que je te donne.

Je ne prêtais pas attention à ses préoccupations, me tournant dans le lit, une douloureuse appréhension me rongeant les tripes. Et si j'avais rêvé sa guérison. Quelle autre raison pourrait-il y avoir au fait que ce soit Céthius et non lui qui soit là à me veiller. Je regardais l'autre côté familier du matelas. Froid et vide.

-Combien de temps, demandais-je à Céthius.

Il croisa les jambes, basculant dans sa chaise pour s'y adosser.

-Environ douze heures. Tu dois encore te reposer. Un tel déferlement de puissance lorsqu'on ne sait pas la maîtriser... Tu as de la chance de t'en tirer avec si peu de dégâts.

-Qu'est-ce que tu veux dire ? Où est Hadès ?

-Je vais le chercher, reste couchée, répondit-il laconiquement.

Je l'observais refermer la porte en quittant la pièce, curieuse de la raison pour laquelle il ne s'était pas plutôt évaporé, puis essayais de faire glisser mes jambes hors du lit pour me lever et chercher les traces de ce que m'avaient coûté mes actions. Peu importait au final, si Noyhrceur était mort. Mais quavions-nous abandonné pour en arriver là, combien s'étaient sacrifiés ? Céthius était parti avant que je puisse lui poser plus de questions. Était-ce si horrible qu'il préférait que les mauvaises nouvelles me soient transmissent par un autre ? Le bruit de pas précipités dans le couloir me parvint derrière la porte au même instant qu'une imposante masse de ténèbres noires se développa au pied du lit. Il paraissait regorger de vitalité, en totale opposition avec son état maladif et proche de la mort dans lequel je l'avais laissé. Je ne pus empêcher la fatuité de me gagner et un sourire idiot de se former sur mon visage lorsque qu'Hadès fondit sur moi pour prendre mes lèvres. Le baiser fut passionné et d'une douceur confondante, teinté du même désespoir que celui que j'avais ressenti lorsque j'avais cru qu'il succomberait au poison. Mais il avait guéri, et j'étais en vie. Et bon sang que je l'aim...

-Je t'aime.

J'ouvris des yeux embués de larmes, plongeant dans ceux d'Hadès qui me regardaient avec adoration. J'aurais pu passer ma vie sans qu'il me dise ces mots. Les entendre n'avait pas d'importance, je connaissais ses sentiments pour moi sans doute même avant lui et je me serais contenté de vivre à ses côtés et d'être aimé sans qu'il me le dise. J'aurais été heureuse car je considérais les actes plus importants que les mots, et il avait tout abandonné pour moi. Comme j'avais tout risqué pour lui. Cependant je ne pus m'empêcher de répondre.

The King of the UnderworldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant