Ma tante avait trouvé à s'occuper en discutant avec Mehgane tandis que Céthius et moi préparions le repas. Ce dernier n'avait apparemment pas envie de se mêler à la charmante humaine assise sur le canapé, prune à rayures or, du salon que l'on pouvait apercevoir depuis la cuisine. C'était l'instant rêvé pour l'entretenir de leur ressente aventure.
Une étude, pas si récente que ça, avait révélé que si l'on escomptait que quelqu'un s'épanche sur lui même, il fallait tout d'abord en passer par soi. Donner l'exemple en somme.-J'ai couché avec Hadès.
Céthius émit un juron étouffé lorsque le tranchant de la lame vint largement entamer la chaire de son index.
-Merde.
Il recouvrit la plaie de ses lèvres en me regardant étrangement. Quand il la retira, la blessure s'était résorbée et il ne resterait bientôt plus trace de la maladresse occasionnée par mes propos.
-Pourquoi m'annonce tu comme ça votre vie sexuelle à toi et à mon seigneur, dont je n'ai ni l'envie ni le besoin d'être mis au courant.
-Eh bien, je pensais commencer pour que tu ne te sente pas gêné d'en faire de même après.
-Pardon ?
Il mimait l'ignorance à la perfection, mais tout les masques du monde étaient inutiles face à la vérité qui couvait au fond de ses pupilles. Et le regard fugitif qu'il avait lancé en direction de Mehgane, avant de revenir à la coupe des légumes, ne trompait pas. Il voyait très bien de quoi je parlais et n'était pas emballé par la conversation à venir.
-Mehgane m'en a parlé.
Un soupir lui échappa.
Il ferma les yeux et arrêta momentanément de lacérer les pauvres végétaux qui allaient finir ébouillantés.-Je ne comprends pas.
Que ne comprenait il pas ? Le fait qu'elle m'ait parlé de leur soirée ou sa réaction après coup.
-Sa réaction n'est pas si...
Commençais-je.
-Justement, sa réaction ne devrait pas avoir d'importance.
C'était à mon tour d'être perdu.
-Comment ça ?
Il retourna à son découpage qui aurait pu tenir du massacre à cause du stress qui semblait l'habiter. Mais au contraire, ses gestes restèrent d'une fluidité et d'une précision inquiétante. J'aurais apprécié ne pas être l'un de ses ennemis lors d'affrontements.
-Sa réaction ne devrait pas m'affecter. Et c'est pourtant le cas.
Je ne m'attendais pas à ce qu'une seule nuit ait un quelconque impact sur Céthius.
-J'ai pris plus de femmes qu'il n'ai jamais été possible d'en prendre à n'importe quel homme ou démon. Et ce, sans jamais qu'il soit question de les revoir. Je serais d'ailleurs bien incapable de remettre ne serait ce qu'un nom ou un visage sur les personnes avec qui j'ai eu du sexe.
Il marqua une pause, posa le couteau de cuisine qui n'avait jamais été aussi bien manié, et contempla le visage rieur de Mehgane toujours assise sur le canapé avec ma tante. Toutes deux étaient bien trop occupé par leur conversation pour nous porter la moindre attention.
-Les relations suivis ne sont pas pour moi, Perséphone.
J'attendis, espérant qu'il poursuive, ne voulant pas le brusquer de peur qu'il se referme.
-Je ne comprends pas, je la veux.
Il se tira de sa pieuse contemplation et secoua la tête comme pour reprendre ses esprits. C'était terminé.
-Alors comme ça, tu t'es tapé le roi des enfers.
Il avait repris un ton taquin et un petit sourire en coin qui sous-entendait beaucoup trop de choses dépravées.
Je comprenais aisément que mon amie se soit laissée aller à coucher avec un tel spécimen masculin.-Oui, euh...
-N'aie crainte, je me doute que toute les personnes au courant se trouvent dans cette pièce et que la liste n'a pas d'intérêt à être allongée.
Je le remerciais d'un hochement de tête.
-Alors, ma reine...
-Arrête, rien ne justifie que tu me nomme ta reine. Hadès à déjà connu des femmes et jamais aucune d'elles n'a siégé à ses côtés.
Il opina du chef mais son sourire furtif resta retrousser le coin de ses lèvres.
Une fois l'émincé de légumes qui accompagnerait le civet de lapin mis sur le feu, le moment tant redouté par Céthius de se retrouver en tête à tête avec ma tante arriva.
À notre approche, la joie presque hystérique qui transportait jusque là les deux femmes avait cessé. Et l'affluence de questions concernant Céthius commença à pleuvoir. Il y répondit avec une facilité déconcertante. Aussi bien sur son lieu de naissance, que sur l'endroit où il avait fait ses études et le lieu où nous nous étions rencontrés.
-J'ai grandis en Italie et eu des professeurs particuliers jusqu'à être en âge d'effectuer une formation militaire.
-Tu as été dans l'armée ?
M'étonnais-je.
Il hocha la tête et repris, nous parlant de ses deux sœurs dont l'une était morte en couche et de leurs jeune frère mort en bas âge.
Et c'est là, que je compris. Toutes ces anecdotes qui semblaient lui venir si facilement que j'avais d'abord prie pour des mensonges soigneusement préparés pour éviter de commettre des impairs devant ma tante, étaient en réalité de véritables souvenirs. Mais simplement issus d'une autre époque. Une époque où, les accouchements ne se déroulait pas toujours dans la sérénité et sous l'œil rassurant d'une équipe médical aguerris et où, en ce temps là, la mortalité infantile était encore plus inquiétante qu'elle ne l'était actuellement. Mais comme il n'était pas exclu que cela arrive encore de nos jours, je ne fut pas surprise de voir les mines graves et compatissantes de nos deux interlocutrices.Plus Céthius poursuivait, plus je sentais mon cœur se serrer dans ma cage thoracique. Sa vie en tant qu'humain, car c'est ce que j'avais compris qu'il était à l'époque, n'avait pas été tendre. En effet, l'entraînement et le quotidien qu'il avait connue lors de son passé militaire étaient très violent et dur. En des temps où les combats entre guerriers constituaient le sport le plus répandu, les conditions physique et moral exigées étaient à l'origine du démon au méthodes combattantes aguerris et au corps façonné par l'entraînement brutal qui lui avait valu de rester en vie.
Nous fûmes interrompu dans notre silencieuse audition, captivées comme nous l'étions il était presque incroyable que nous ayons perçu ces coups, pourtant portés avec une forte détermination. Je me levais et marchais d'un pas lent, pensive au récit fulgurant et touchant de la vie de mon ami qui jouxtait un pan bien connu de l'histoire. J'étais tant et si bien perdu dans mes pensées que je ne réalisais la présence de l'individu devant moi que lorsqu'il m'adressa la parole.
-Bonsoir, Perséphone.
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The King of the Underworld
ParanormalElle était si jeune. J'aurais du la rendre à ses parents ou la tuer. Elle pleurait, je déteste les pleurs d'enfant. Mais voilà, entre deux sanglots elle m'a dit: -J'ai perdu mon ours en peluche, je peux dormir avec toi ? Un grand merci à Ambredrc po...