Chapitre 12

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Je n'osais pas enlever la main de sur ma bouche. C'était l'unique rempart qui m'empêchais de me répandre en cris de honte et de douleur. Je déchirais ma robe en la retirant, je ne supportais plus le moindre contact contre ma peau. J'avais besoin d'une douche, ça enlèverait son odeur mais ne laverait pas ma bêtises ni ne purifierait mes émotions. Elles continueraient à me déchirer.

Je ne voulais voir personne, j'avais le cœur lacéré et je ne voulais surtout pas que qui que ce soit me vois à la merci de...
C'était trop dur. J'explosais, mes cris larmoyants me dégoûtais moi même. Comment avais-je pu être abusée à ce point. Ma confiance en lui était anéantie et mes sentiments... J'en avais toujours malgré moi et c'était ce qui faisait le plus mal.

Je me traînais jusqu'à la salle de bain et me tint sous le jet, mais à peine l'eau m'effleurât-elle l'épiderme qu'elle devint salée des larmes amers que je produisais. Je glissais le long de la parois de verre et me recroquevillais sur le sol froid et humide. Je ne pris pas la peine de couper l'eau ou d'aller dans mon lis pour dormir, je n'avais envie de rien, juste de dormir. Longtemps.

-Perséphone.

Des bras me saisirent et je me retrouvais assise sur des genoux et maintenue contre un torse à la chemise blanche qui passait au transparent à mesure que l'eau imbibait ces vêtements. Je n'ouvris pas les yeux, ne protestais pas. Je n'avais que faire qu'il me voit nu et dans un état si pitoyable. Je ne me souciais de rien.

-Réponds moi.

Céthius. Mon ami se mit à chercher dans mon cou les pulsations de mon rythme cardiaque. Je décidais finalement d'ouvrir les yeux pour le rassurer, mais ce fut l'effet inverse que j'obtins.

-Qu'est-ce que...

Ses traits devinrent durs et effrayants. Mes yeux rougis et gonflés devaient vraiment faire peur et sans doute renfermer les sombres pensées qui m'habitaient.

-Le fils de...

Il s'arrêta et durci sa mâchoire serrant les dents pour ne pas s'emporter. Puis il me redressa et me sortie de la douche afin de m'envelopper d'une longue serviette blanche.

-Tu es trempé.

Je voulais presque m'excuser pour son beau costume. Il ne portait jamais autre chose que de magnifiques complets sur mesure, aux coupes ajustées aux endroits adéquats pour mettre en valeur ses atouts. Et il venait de rendre irrécupérable l'un d'eux par ma faute. Il aurait pu, il aurait dû, me laisser au fond de cette douche à tout jamais.

-Je sais, ça m'arrive peu souvent lorsque je suis habillé.

Il se leva et fit passer sa coûteuse chemise par dessus sa tête. Il avait pris le temps de retirer sa veste, contrairement à ses chaussures en cuir noir dans lesquelles il pataugeais désormais. Je regardais d'un air absent son torse nu et musclé, qui luisait avec l'eau.

-D'ordinaire les femmes me regardent différemment quand elles me voient enlever ma chemise.

Ses efforts humoristiques ne m'arrachèrent pas même un sourire et ce fut avec un soupir qu'il m'emporta sur le lit. Il me pris la serviette humide et la jeta au loin pendant que je me glissais sous les draps.

-Tu vas tomber malade.

-Les démons ne tombent pas malade.

Me répondit-il avec un petit sourire suffisant. Il porta la main à sa ceinture qu'il déboucla et, quand il eu baissé sa fermeture éclaire, fit tomber son pantalon sur ses chevilles. En d'autres circonstances, j'aurais trouvé que son caleçon Calvin Klein lui allait à la perfection mais je ne pensais même pas aux paroles d'Abelard. Je me sentais juste seule et d'une tristesse qui me paressait ne pas avoir de fond.

-Tu veux bien me laisser seule.

-Pas question. Pas dans cet état.

Il vint de l'autre côté du lit et se glissa à mes côtés sous les couvertures. Il me pris dans ses bras, collant mon dos à son torse.

-Je ne tenterais rien, je te le promet.

Je tournais la tête et le regardais dans les yeux.

-Je sais. Je ne suis plus sûr de savoir en qui je peux avoir confiance, ni qui sont mes ennemis et qui sont mes amis.

Je marquais une pause pendant laquelle je sentis mes yeux qui n'avait pas totalement séchés produire de nouvelles larmes.

-Mais j'aime à croire que tu fais parti de ces derniers.

Il entrouvrit les lèvres et me dévisagea avec tendresse.

-Je suis ton ami, Perséphone. Je te promet que tu peux avoir confiance en moi et que je ne te trahirais jamais.

-Merci...

Ma voie se brisa et j'enfouis mon visage dans sa poitrine. Nos deux corps séparés par un simple drap, je finis par sombrer dans le sommeil, fatiguée par tout les pleurs versés.

Le lendemain matin je fut réveillée par les doigts de Céthius sur ma joue.

-Il faut que je m'en aille, j'ai déjà ignoré deux appels d'Hadès. Il va se demander où je suis passé.

Je hochais la tête.

-Merci, j'en avais besoin. Je suis moins triste grâce à toi.

-J'aurais voulu pouvoir l'effacer complètement, mais je sais par expérience que ces choses là prennent du temps.

Il se leva en prenant soins de garder les couvertures sur moi et alla rejoindre ses affaires au bout du lit. Il s'arrêta, le pantalon dans une main et me regarda. Je voyais bien qu'il cherchait un moyen pour me remonter le moral. Il entrouvrit la bouche pour dire quelque chose quand derrière lui, la porte s'ouvrit en voletant à travers la pièce en millions de petits fragments du bois qui la composait.

Hadès apparu sur le pas, sa haute stature et sa carrure remplissants presque intégralement le cadre de la porte. Son regard se porta sur moi, qui m'étais redressée rapidement pour m'asseoir sur le lit, et dont les draps ayant glissés ne parvenaient plus à dissimuler la nudité de ma poitrine. Ses yeux s'y attardèrent plus que nécessaire et je sentis une douce chaleur me parcourir là où ses yeux traçaient un chemin enflammé.

Puis ils devinrent sombres et menaçants en observant la main de Céthius qui tenait son pantalon et l'autre pendant le long de son corps seulement vêtu d'un caleçon Calvin Klein. Nous n'avions rien fait mais tout dans ce tableau semblait prouver le contraire.
Hadès bondit sur Céthius, le maintenant à la gorge contre le mur d'une main. L'autre se referma non pas sur la garde de son épée, mais sur l'épaule de mon ami et je vis avec horreur les crocs d'Hadès s'allonger prêt à déchiqueter la carotide de l'homme qui était venu m'apporter consolation et jouer le rôle de rempart à la tristesse qu'avait fait naître en moi son bourreau.

The King of the UnderworldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant