Chapitre 3

23.8K 1.8K 68
                                    

Nous réapparûmes devant les grandes portes, par lesquels les démons passaient d'ordinaire, pour être entendu de leur seigneur sur différents litiges.
Il les poussa et nous entrâmes dans l'immense salle vide. Au fond, Hadès était assis sur son trône. Son coude reposait sur l'accoudoir, le point fermé pour permettre à sa tête d'y reposer. Les yeux fermés, il semblait dormir. Mais ses trais étaient tirés, sa peau si blanche d'habitude était grise, sa bouche entrouverte laissait passer une respiration saccadée entre coupé de plaintes, comme s'il souffrait.
Je compris pourquoi aucun démon n'avais, aujourd'hui, accès à la grande salle. Si ceux qui en voulait à sa vie le voyais en état de faiblesse alors tout serait perdue. Je couru au bas des marches.
Dans son état normal, il aurait perçu ma présence et se serait réveillé, mais ses paupières restèrent résolument clauses et son visage fermé en une expression de souffrance contenue. Je les gravies et m'avançais jusqu'à toucher ses genoux des miens. Je tendis la main pour prendre son visage en coupe mais il s'éveilla brusquement me saisissant le poignet avec une force impressionnante.

-Perséphone.

Il était essoufflé, et sa voix manquait de vigueur mais j'entendis le reproche dans son ton. Je n'étais pas là sur son invitation.

-Tu n'a pas l'air d'aller bien.

Les mots le firent lâcher mon poignet et se lever de toute sa hauteur devant moi, en colère.

-Je vais très bien.

Mais il chancela et posa sa main sur mon épaule quand je passais le bras autour de sa taille pour le stabiliser.
Il voulait paraître suffisamment fort pour que je parte,non pas par méchanceté mais pour moi, pour ma sûreté. Mais il était le plus fort de tous. Il n'était pas arriver au statut de roi des enfers avec de petites tapes sur la mains et des réprimandes. Je ne craignais rien à ses côtés, mais son comportement buté allait finir par avoir raison de lui et de lui coûter la vie. Alors je m'emportais en le lâchant. Seul sa main sur mon épaule l'empêcha de flancher, mais je restais attentive à tout signe de chute.

-Tu va bien, d'accord. Mais pas moi.

Ma voix se brisa et il fronça ses beaux sourcils blancs.

-Je ne sors plus de ma chambre, ne mange plus, ne dors plus parce que chaque fois que je ferme les yeux je te revois me...

Une boule dans ma gorge m'empêcha de respirer correctement.

-... Répudier.

Je le senti basculer vers l'avant et posais mes mains sur le plastron de son armure. Mais je fut entrainé par son poids vers l'arrière. Je tentais de reculer mon pied pour avoir un meilleur appui mais celui-ci ne rencontra que le vide. Nous tombions, et au moment où mon pied allait heurter la première marche et se tordre, nous disparûmes dans un nuage de ténèbres comme il était seul capable de le faire. Au lieu de me fracasser sur l'escalier de pierre, mon dos heurta une surface douce et moelleuse.
Je me retrouvais entre un lit et son propriétaire qui essayait tant bien que mal de ne pas m'écraser en se portant sur ses coudes.

-Je...

Il peinait à parler et à garder les yeux ouverts.

-Ne t'ai jamais... Répudié.

Il s'écroula finalement sur moi, un râle de douleur franchissant ses lèvres. Cette fois, il ne dormait pas, il s'était évanouie. Je touchais doucement son visage, il était brûlant. Je lui ôtais sa cape et l'allongeais avec précautions sur le matelas. Je ne savais pas se qu'il avait. Je voulais pourtant l'aider, je me levais pour demander à ce que quelqu'un le soigne mais je fut retenue en arrière, sa main était refermée sur la mienne, je ne l'avais pas sentie. Je me penchais sur lui et lui murmurais.

-Je ne vais pas loin. Je reviens tout de suite.

Je sortis dans le couloir et appelais Céthius qui apparu à mon coté, instantanément.

-Comment ce fait-il que tu sois disponible si rapidement chaque fois que je t'appelle.

-Vous souvenez vous du jour où nous nous sommes rencontrés et où vous êtes ensuite venu me trouver pour... Disons, faire les présentations.

-Oui.

Cela avait été peu orthodoxe comme rencontre, puisqu'il avait tenté de me tuer. Cela ne nous avait pourtant pas empêcher de devenir extrêmement proches par la suite. Il reprit.

-Nous démons, pouvons être invoqués, même involontairement, par quiconque connaît notre véritable nom. Lorsque je me suis présenté à vous, je vous ai donné ce droit sur moi.

Je clignais des yeux incrédules.

-Pourquoi ?

Il haussa les épaules en un mouvement désinvolte.

-Je savais que vous en feriez bon usage, et vous m'aviez donné le votre. Bien que n'étant pas un démon, il est plus facile de manipuler quelqu'un en sachant son vrai nom. Vous avez placé en moi votre confiance, que je m'assurerais de toujours honorer, et j'ai fait de même en vous confiant mon bien le plus précieux... Ma liberté.

Je n'avais pas idée, à l'époque de ce qu'il me donnait et la valeur qu'il y accordait, mais cela m'émus.

-Je te promet de ne pas en abuser.

Il hocha la tête. Mince j'en avais oublié le motif de mon appel.

-Il faut faire quelque chose. Hadès a de la fièvre.

-Je vais lui trouver des médicaments mais surtout ne le quittez pas des yeux.

Il se pencha vers moi et baissa plus encore la voix.

-Il est trop affaibli pour le laisser sans protection.

J'acquiesçais avant de refermer la porte sur moi. Il était toujours où je l'avais laissé, allongé sur le lit, les bras le long du corps, les points crispés. Sa bouche était hermétiquement fermé pour empêcher la douleur d'en sortir. Je ne supportais pas de le voir comme ça, mais je ne pouvais qu'attendre le retour de Céthius. Je m'allongeais à ses côté en posant la tête sur son épaule et serrais sa main. Il la serra en retour et tourna son visage vers moi.

Je du m'endormir, car je me réveillais ce qui me sembla être des heures plus tard. Hadès avait bougé, il était sur le flanc, son bras passé en travers de mon buste, le visage enfoui dans mon cou. Son souffle chaud et régulier me chatouillait la nuque, ce n'était pas la première fois que je dormais avec lui, mais cette proximité provoqua une chaire de poule le long de mon échine se propageant à tout mon corps. Je collais mon front au sien. Il était chaud mais pas fiévreux.

Je soupirais de soulagement, pourquoi nous imposer à tous les deux une situation aussi horrible. Je préférais être en danger ici que mourir seul là bas. Sa proximité m'apaisait, son expression détendu le faisait, ma respiration se calqua sur son souffle régulier et nos poitrines se soulevèrent et s'abaissèrent au même rythme.
Je le détaillais sans retenue. Son visage était blanc comme la plus pure des neiges, sa bouche à peine plus coloré était formée de deux lèvres fine appelants aux baisers. Entrouvertes, elles laissaient filtrer sa respiration. De longs cils noir aux bouts de ses paupières qui renfermaient des yeux aux pupilles d'un noir profond et des iris où semblait danser les ténèbres. Comme s'il m'avait entendu, il ouvrit prestement les paupières sur ces ombres mouvantes.

The King of the UnderworldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant