Chapitre 8

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Le jour où les démones avaient toqués à la porte des appartements d'Hadès, je les avais entendu parler d'un endroit où elles allaitent "se mettre en chasse" de quelqu'un d'autre, puisque "le maître" n'était pas là.

C'est donc là-bas que je décidais d'emmener Mehgane pour sa dernière nuit de liberté. Je ne voulais pas que nous restions au château, l'endroit où elle allait soit mourir, soit être emprisonnée à vie si Céthius réussissait à rendre Hadès plus clément. Ce dont je doutais. Je lui avais dit ce que mon entretien avec Hadès avait donné et tout ce qu'elle avait exigé était de s'amuser. De "profiter" pour reprendre le terme d'Hadès.
Mais comment pouvais-je profiter d'un moment avec Mehgane en éclipsant le fait que c'était probablement le dernier. Et que m'en incombait la faute, que bien que je ne porte pas moi même le coup j'aurais son sang sur les mains.

Les doigts de Mehgane me caressèrent la joue. Elle savait ce qui me triturait l'esprit, mais ne paraissait pas plus inquiète que ça à l'idée de ce qui l'attendait. Elle m'avait ravis l'une des rares robes que nous avions ramené Céthius et moi, faite de soi noir pour le bustier et de tissu blanc léger constituant la jupe.

Quand à moi j'étais vêtu d'une robe à décolleté crème légèrement plus foncée que ma peau et qui tombait en des dégradation de rose de plus en plus sombre pour finir en un rouge presque pourpre à mi cuisses. Mes cheveux blonds étaient relevés en un chignon lâche d'où descendait entre mes omoplates quelques mèches ondulées. Et mon visage n'avait pour seul fard qu'un rouge à lèvres carmin. Après toutes les larmes que j'avais versé il m'était impossible d'appliquer du mascara ou quoi que ce soit sur mes yeux, c'était d'ailleurs un miracle qu'ils ne soit pas rougis ou enflés.

Nous nous faufilâmes dans un groupe pour passer l'entrée du club à démons où je remarquais l'absence de videur. L'intérieur était très différent des chemins que nous avions du emprunté pour nous rendre ici. Depuis le château, on pouvait tout voir de la nécropole c'est pourquoi nous avions rapidement trouvé notre chemin. Dehors, la seule lumière était celle des feux infernaux mais ici les spots et la musique ressemblaient à ceux de n'importe quel Night Club. Les corps qui s'y mouvaient par contre ne pouvaient êtres confondues avec ceux d'humains, quand parfois l'un de ces corps se décollait suffisamment longtemps des autres pour que je puisse le distinguer, j'entrevoyais une queue chez certains et des cornes chez d'autres quand la tête remontait du décolleté dans lequel elle était fourrée.

L'atmosphère chaude et électrique qui transpirait de tension sexuelle était mise en valeur par les canapés et fauteuils où des groupes de deux ou plus s'enlaçaient en faisant ce dont seule une chambre d'hôtel devrait être témoin. Laissant de côté la contemplation de ces échanges de gâteries, j'entraînais Mehgane jusqu'au bar mais restais plantée comme une cruche devant le barman qui m'adressa un sourire. Mon diable, celui-là avait des ailes...

-Qu'est-ce que je vous sers, belles humaines.

Je sorti de la contemplation de ses membres ailés et fixais ses yeux. Ils étaient magnifiques, d'un jaune pâle dans la lumière mais qui dans l'obscurité luisent d'un or liquide.

-Elle n'a pas l'air décidée mais moi je prendrais un baiser... A l'endroit de votre choix.

Je regardais mon amie, les yeux écarquillés. Le barman la gratifia d'un large sourire dévoilant de sacrés crocs.

-Ce serait avec plaisir, mais je suis en service.

-Et moi Mehgane.

Elle lui tendit la main où il posa ses lèvres, puis releva la tête me demandant silencieusement la mienne.

-Perséphone.

Il arrêta ses lèvres à mis parcours, me regardant dans les yeux avec un léger hochement de tête.

- Abelard, c'est un plaisir.

Je récupèrerais ma main et il commença à nous servir deux verres qu'il plaça en face de nous.

-Les boissons sont offertes.

Mehgane engloutie le sien avant de s'élancer vers la communauté démoniaque qui se frottait les uns aux autres plus qu'elle ne dansait. J'avalais le mien et la douce brûlure de l'alcool me descendant dans la gorge me procura l'équivalent de deux verres.
Abelard me regarda fixement, j'hochais la tête.

-Un autre.

Il acquiesça et me resservi. Je compris en voyant Mehgane laisser un démon lui mordiller le lobe de l'oreille qu'elle voulait fêter sa mort imminente ou plutôt profiter à fond de ses derniers instants, voilà pourquoi elle avait fait cette présentation aguicheuse à Abelard.

-Il paraît que tu as sauvé les fesses de mon ami d'un groupe d'humains.

Abelard me sorti de mes pensées.

-Tu connais Céthius ?

Il hocha la tête.

-Comme je viens de le dire c'est un ami, il ne m'a pas dit que c'était toi, juste qu'une amie lui avait évité de se faire démasquer.

-Il pouvait s'agir de n'importe quelle autre amie.

Il se mit à rire doucement.

-Non, il n'a pas d'amie femme.

-Il est gay !

-Je n'ai pas dit qu'il ne baisait pas les femmes.

-Oh. Et bien, je suis flattée d'être sa première.

-Je le lui dirais en ces termes.

Je ris de bon cœur, ce qui pourrait paraître détestable en un moment pareil mais j'en avais terriblement besoin. Je m'apprêtais à boire mon troisième verre mais le démon retins ma main.

-Ça devrait aller pour ce soir, mais je te sert volontiers un soda.

-Si tu sais comment j'ai sauvé Céthius tu n'a pas de raison de me restreindre.

Il s'amusa de mon assurance.

-Cet alcool est plus fort que n'importe lequel produits par les humains et je pense que son altesse serait plus que contrarié de te voir revenir dans un coma éthylique.

Je me rembrunis à la mention d'Hadès. Tout ce qui pourrait le contrarier m'était parfaitement égal, mais je ne comptais pas attirer des ennuis à mon nouvel ami alors je lui adressais un signe de tête et me tournais vers la piste où Mehgane continuait à "danser".

The King of the UnderworldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant