L'idée n'avait effectivement pas plut à Mehgane mais elle s'y était pliée sans rechigner quand je lui avais fait comprendre que si le problème venait de ses non dits nous crèverions l'abcès avant le départ. Son homologue démoniaque avait simplement hoché du chef et nous avait emmené sans que besoin est été de lui faire miroiter les bienfaits d'une conversation à cœurs ouverts. Cette situation ne semblait pas l'affecter outre mesure mais je n'étais pas dupe, cela lui pesait autant sinon plus qu'à Mehgane.
Cette fois ci, nous avions pris soin de réapparaître dans un endroit moins exposé. Tel que la grange au fond de mon jardin, elle même dissimulée par de nombreux arbres et de multiples plantes grimpantes qui au file des années avaient proliféré le long des façades extérieurs, recouvrant les plaques de bois rouges traités d'un luxuriant feuillage vert.
La foisonnante végétation externe avait fait de cet endroit un nid où l'accès était compliqué par un chemin étriqué constitué en majeure partie d'herbes hautes et de quelques ronces. Ce petit sentier n'existait que grâce aux allés et venus répété qui avait eu raison de la flore.
Nous marchâmes donc vers la maison de ma tante, par cette ridicule allée de verdure malmenée. Ma tante habitait dans une vieille bâtisse qu'elle avait décidé de rénover. L'aménagement ne s'était pas fait du jour au lendemain mais j'avais apprécié vivre dans l'idée que nous construisions un nid pour nous deux seules. Ainsi ma vie s'était déroulée à l'image de la construction de l'édifice, petit à petit, avec ses hauts et ses bas, parfois demandant plus d'efforts, parfois fallait il détruire quelque chose pour en rebâtir une autre sur des fondations plus stables et de plus grande ampleur. Cela avait donc demandé du temps mais comme j'avais été contente du rendu de ce havre, je l'étais tout autant de ce qui m'avait conduite à ma situation actuelle.
Au fur et à mesure que nous approchions de la maison, je voyais de plus en plus nettement la silhouette de ma tante lisant dans l'un des fauteuils du salon se détacher grâce à lumière tamisée de la lampe aux vitraux colorés disposée entre elle et les vieilles étagères de bois qui composait l'immense bibliothèque où, pour des raisons pratiques, nous avions aussi installé la télévision.
Ce devait être l'un de ses rares jours de repos, qu'elle avait dû passer de la même manière que tout les autres. Sortie en ville, dans son café préféré, pour ensuite aller compléter les étagères de la maison par de nouveaux volumes. Cherchant les plus rares chez des antiquaires qui la considérait depuis longtemps comme une habituée.
Sauf que cette fois, je n'avais pas été avec elle à faire toutes ces choses. Nous n'avions pas profité de ce moment d'accalmie dans son travail pour nous retrouver autour d'un café et nous raconter tout ce qui s'était déroulé dans nos vie entre la dernière fois où nous avions eu le temps de parler.Les urgentistes ne pouvait pas prévoir leurs heures de temps libre du fait de l'imprévisibilité de leur fonction. Aussi avions nous apprises à savourer ces petits entre deux et cela me peinais de constater que je venais de manquer l'un de nos rendez-vous surprise.
La main sur la porte d'entrée, les clefs entre les doigts, j'hésitais.
-Perséphone ?
Je me retournais vers les deux paires d'yeux qui me regardaient patiemment.
-Qu'est-ce que je vais lui dire ?
-Comment ça, qu'est-ce tu vas lui dire ?
Me questionna mon amie.
-Je ne peux pas rester, je vais devoir la laisser de nouveau et c'est au-dessus de mes forces.
-Tu veux rester ici ?
Demanda Céthius soudain alarmé.
Le souhaitais je ? Non. Je ne laisserais pas derrière moi mon séjour aux enfers et tout ceux que j'avais pu rencontrer. Et jamais je ne tournerais le dos au roi démon qui avait ravit mon cœur.
Mais étais je prête à me tenir devant ma tante et lui apprendre qu'elle ne pourrait plus vivre sous le même toit que moi car...
Car quoi d'ailleurs ? Comment pouvais je justifier mon retour d'un voyage fictif entre amis et mon départ prochain ?-Perséphone, tu ne veux pas...
La porte derrière moi s'ouvrit en grinçant sur ses gonds, coupant Céthius dans son élan.
-Perséphone ? Oh mon dieu, tu es rentrée.
Ma tante se précipita pour me serrer contre elle. Elle ne tint pas compte des deux invités qui m'encadraient, c'aurait très bien pu être les dirigeants du pays, elle ne les aurait pas moins fait passer au second plan.
-Je ne suis partis que quelques jours.
Rigolais je doucement en lui rendant son étreinte. Elle y mit fin pour mieux me regarder dans les yeux avant d'ajouter.
-Tu ne m'as donné aucune indication sur l'endroit où tu comptais te rendre avec un ami que je ne connaissais pas. Les seuls que je connaisse sont Mehgane et Mike...
Céthius toussa sur le dos de son point afin de couper court et d'attirer l'attention sur Mehgane et le dit ami inconnu.
-Permettez-moi de me présenter, ainsi vous pourrez mettre un visage, ainsi qu'un nom, dans votre répertoire des amis de votre nièce.
Ma tante prit enfin conscience des personnes présentes sur le pas de sa porte et dévisagea le démon comme s'il s'était agit d'un adolescent mal élevé.
-Je me nomme Tengu et c'est avec moi que Perséphone était parti.
Elle fit un élégant mouvement de tête, qui eu pour effet de repousser ses cheveux en arrière. Comme si cette mèche lui avait jusqu'ici dissimulé mon amie, elle se tourna vers elle et se comporta comme si sa présence venait d'éclipser Céthius.
-Mehgane, désolé je n'avais d'yeux que pour Perséphone. Comment vas tu ?
-Euh, eh bien...
Je regardais cet échange banale somme toute mais non moins affectif, en souriant. Céthius accusa silencieusement le coup, s'être fait ignorer ne semblait pas trop l'ébranler. Bien qu'il paraissait manifestement vexé, son regard alla s'attarder sur le bonheur qu'affichait le visage de Mehgane.
Rien n'était perdu, pensais je.-Je vous en prie, entrez. Je n'ai pas encore dîné, voudriez vous m'accompagner ?
-Avec plaisir.
Les mots m'avaient échappés, peut-être n'avions nous pas le temps mais la chaleur des enfers ne ressemblerait ni ne remplacerait jamais celle d'un proche.
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The King of the Underworld
ParanormalElle était si jeune. J'aurais du la rendre à ses parents ou la tuer. Elle pleurait, je déteste les pleurs d'enfant. Mais voilà, entre deux sanglots elle m'a dit: -J'ai perdu mon ours en peluche, je peux dormir avec toi ? Un grand merci à Ambredrc po...