Chapitre 2

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-Qu'est-ce qu'il te voulais, ça va ?

Je repoussais ses bras, si secourables soient-ils. Même si ses intentions étaient honorables, il venait de me priver de la compagnie de Céthius.

-Oui, c'est un ami d'enfance.

Je me tournais vers Mehgane.

-C'était lui à la remise des diplômes.

-Il est pas mal.

Elle scrutait la masse de gens, où il avait disparu, d'un regard avide. Je rigolais, c'est vrai qu'étant petite je n'avais pas eu se genre de chose en tête, mais comme les démons ne vieillissaient pas, et qu'il est doté d'une beauté de mannequin, je ne pouvais pas la blâmer de le trouver séduisant. Mais Céthius était comme un oncle ou un grand frère pour moi.

Les souvenirs que je gardais de lui étaient ceux de notre rencontre, quelques peu mouvementée, nos promenades dans le château, et lui me protégeant contre les démons qui avaient investis le palais. C'était d'ailleurs le dernier de mes souvenirs datant de mon séjours aux enfers. Je n'avais plus goût à danser et encore moins à boire, toutes mes pensées étaient tournées vers Céthius. Je me languissais de lui poser mille et une questions. Après quelques minutes à cogiter, je n'y tint plus. Je sortie sur le parking et dans la semi obscurité appelais.

-Céthius ?

Un cours instant s'écoula puis sa voix. Chaleureuse me parvint de derrière.

-Excusez mon retard, j'ai mis plus de temps que prévu à ramener quelqu'un.

Dans l'ombre je distinguais une silhouette, lorsqu'elle s'avança dans la lumière je me précipitais sur lui.
Je me raccrochais a lui, les poumons comprimés par l'émotion je plongeais mon nez dans son coup. Ses bras se resserrèrent autour de ma taille et sa voix rendu rauque par l'émotion mais ferme me murmura tout contre mes cheveux.

-Perséphone.

-Hadès.

Ma propre voix tremblait et exprimait tout ce que la boule dans ma gorge m'empêchait de dire. Son étreinte empêchait mon corps de trembler et je caressais les cours cheveux noirs lui descendants sur la nuque.

-Tu m'a manqué.

Il resserra ses bras autour de moi.

-Toi aussi. Les enfers étaient plus noir que jamais. Mais au moins tu étais loin du danger.

-Je veux rentrer. S'il te plaît.

-Non tu a une vie ici. Céthius m'a toujours informé de tes faits et gestes. Tu viens de recevoir ton diplôme et tu a des amis ici.

Non, non, non. Il ne pouvait pas repartir. Il allait m'abandonner. Je savais que j'aurais du me montrer plus forte mais je le serais a l'avenir, je ne voulais plus que nous soyons séparés.

-Mais tu a promis de ne plus me laisser seule.

Ses yeux exprimaient la détermination de la décision qu'il avait prise. Il encadra mon visage de ses grandes mains.

-Perséphone, je ne te laisse pas seule. Je m'assure que tu vive une vie pleine et heureuse, loin des démons et de la mort que tu risque en étant à mes côtés.

J'avais l'estomac retourné, la gorge nouée et les yeux qui me piquaient. Je serrais les poings sur sa veste de costume, qui devait valoir une fortune, en secouant la tête.

-Je suis désolé Perséphone, mais rien qu'en restant ici je cours le risque de les attirer à toi.

Il embrassa mon front et disparu dans un voile de ténèbres. Céthius était parti lui aussi. J'étais seule, sur le parking malfamé d'une boîte de nuit dans laquelle la fête battait son plein et où je n'avais pas ma place. Le seul endroit où je souhaitais être m'avait été refusé d'accès. On m'en avait exclu pour mon hypothétique sécurité sans se préoccuper de mon bien être qui était en miette a cet instant.
Je demandais à Mehgane de me ramener chez-moi et n'ouvris pas la bouche de tout le trajet. Elle vit bien que quelque chose n'allait pas. Mais elle savait que si j'avais besoin d'une oreille attentive je lui parlerais, alors elle me laissa ruminer en silence.

Les semaines s'écoulèrent, et je ne bougeais presque pas de chez moi. Mes plus grands déplacements se limitaient aux trajets que j'effectuais pour aller de ma chambre, à la salle de bain. Je ne me sentais pas bien. J'avais de la fièvre et manquais d'appétit, ce qui avait entraîné une perte de poids considérable et de multiples inquiétudes émanantes de ma tante et de Mehgane. Mike ne cessait de me laisser des messages, dans lesquels il menaçait d'aller régler son compte à mon ami d'enfance. Car il le pensait responsable de mon état depuis cette fameuse soirée.
Alors que c'était grâce à lui que j'avais pu revoir Hadès, me rendant folle de bonheur jusqu'à ce que je vois tout mes espoirs réduit à néant par celui que j'avais serré dans mes bras.
Je me retournais sur mon lit quand une voix me tira de mes sombre pensés.

-Mademoiselle Perséphone, vous devez venir avec moi...

Il s'arrêta lorsque je me retournais. Je devais vraiment avoir une sale tête. Je séchais les larmes que j'avais versés plus tôt. En me redressant, je constatais qu'il me regardait avec plus de pitié qu'un ami des animaux regarderait un bébé chien a moitié mort jeté dans une poubelle. Je reniflais.

-Pourquoi devrais je venir, il...

Évoquer Hadès, provoqua un nouveau déversement lacrymal. Je ne faisais aucun bruit mais l'eau me ruisselait pourtant le long des joues et mon corps tremblait. Mon cœur me faisait mal. Avait-il fallu qu'il ait pitié de la petite chose que j'étais à l'époque pour me recueillir, ou étais-je seulement un jouet, qui après l'avoir distrait quelques temps avait été rejeté dans un monde où rien ne l'y attendait.
Mais, dans ce cas, pourquoi demander à Céthius de veiller sur moi tout ce temps et son visage malgré sa froideur m'avait dit tout ce que j'avais voulu savoir, il s'était inquiété pour moi toutes ces années.
Je repris, ma voix vibrant d'émotions qui persistaient à rester cachées au fond de mon âme.

-Il ne veut pas de moi.

Je voyais que Céthius mourait de ne pouvoir me réconforter, me prendre dans ses bras. Il se balançait d'avant en arrière, comme s'il s'apprêtait à le faire et se retenait chaque fois de justesse.

-Il ne va pas bien, mademoiselle Perséphone.

Mon sang se glaça. Ma bouche s'assécha. Comment ça "pas bien", il ne pouvait pas aller mal, c'était l'homme qui régnait en maître sur les enfers. Il avait battu des démons qui lui étaient numériquement supérieur avec une rapidité et une facilité impressionnante. Et en quoi ma présence, non souhaitée, pourrait-elle l'aider.

-Il est malade, bien qu'il ne laisse rien filtrer, il ne dort plus ses yeux sont...

Les mots lui manquèrent, cela déclencha en moi un vide froid. Mes larmes cessèrent, mes mâchoires se serrèrent à m'en faire mal et mes doigts craquèrent sous la pression que j'y exerçais en fermant les points.

-Emmène moi.

Il releva la tête sous le ton qu'avait pris ma voix pour donner l'ordre qui claqua comme un fouet. Je ne connaissais pas les causes de son tourment, mais je ferais tout pour l'empêcher de chuter. Je m'approchais  de Céthius qui m'enlaça pour disparaître vers le lieu où j'avais grandis.

The King of the UnderworldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant