BE MINE I

Chapitre 1

Un mois plus tôt...

- Accélère le pas !

Malgré la nuit mémorable que nous avons passé, je ne  peux m'empêcher de lancer un regard accusateur à la  blonde aux formes plantureuses qui prend la situation un peu trop à la légère. Comment ai-je pu me  laisser séduire par la promesse d'une nuit endiablée !

Sérieusement, qu'est-ce qui t'est passé par la tête...

Un coup d'œil à ma montre, et la panique me gagne. Deux semaines, et me voilà à la bourre.

Bravo, vraiment, bel exemple Gui !

La mort dans l'âme, je prends mon mal en patience et m'élance à toute allure pour  rattraper le bus sur le point de partir, ma colocataire sur mes talons. La pauvre, que dis-je, non. C'est entièrement de sa faute ! Plus que ma maladresse légendaire, -quoi que discutable-, je m'en veux d'avoir placé en elle une confiance aveugle :

"Chérie, tu ne risques pas de rencontrer qui que ce soit cloitrée entres les quatre murs de ta chambre ! New York n'est pas si effrayant tu sais, alors  fais-moi plaisir et glisse-toi dans cette robe qui m'a coûté un bras. M'intima-t-elle en me saisissant par les épaules, déterminée à me faire changer d'avis : T'inquiète pas va, je veillerai sur toi comme la prunelle de mes yeux !

Ce à quoi j'avais répondu par un sourire qui traduisait :"Je n'ai aucune envie de te  suivre dans ce plan foireux, mais puisque tu ne me laisses pas vraiment le choix...". Et je jure sur l'honneur que jamais, au grand jamais, je  n'aurais cru finir la soirée le cul suspendue à une barre de  pole dance.

Ma coiffure n'a pas résisté à la course effrénée contre la montre, tous mes efforts pour paraitre un tant soit peu présentable tombent à l'eau. Au moins, je suis réveillée, c'est déjà ça...Enfin, je crois. Si ma mère me voyait dans cet état, elle me tuerait. Pire, si elle découvrait comment sa fille occupait ses soirées. Le souffle court, je profite de ce bref moment répit pour retrouver un semblant de dignité :

- Merde, on l'a échappé belle !

Malgré la rancœur que je lui porte, ma amie m'offre un sourire rayonnant, presque contagieux, qui parvient à dissiper, l'espace d'un instant, les ravages de cette nuit. Et pour cause, nous manquions cruellement de sommeil. Sans parler de nos têtes misérables qui font peur à voir. Mon cerveau tourne au ralenti. Sentant la migraine poindre, je m'enfonce sur mon siège et laisse mes yeux se perdre dans le paysage.

Enfin, j'y suis !

Mon rêve se concrétise et bientôt, dans très exactement un mois et trois jours, j'intégrerai la Fashion Institute of Technology, grâce à la bourse de l'État français obtenu à force de travail acharné. Un accomplissement qui m'aura tout de même coûté de passer à côté de quatre années de débauches universitaire...Jusqu'à hier. Les souvenirs de cette soirée me reviennent malgré mes efforts pour les effacer.

- À propos d'hier, je voulais...

- C'est déjà oublié.

Menteuse...

Loin de moi l'envie de plomber l'ambiance en refusant de m'adonner à des activités illicites, j'ai tenté de me soustraire de ce stupide jeu de la bouteille. Mais c'était sans compter sur la voix enjôleuse de ma Coloc qui résonna à travers la pièce :

- Je choisis action !

A peine avais-je ouvert la bouche que des bras se sont enroulés autour de mes épaules, me faisant trébucher sur le canapé, entre les cuisses d'une nana trop défoncée pour émettre la moindre protestation. Les regards étaient braqués sur nous, et j'étais d'autant plus gênée que nous  étions leur nouvelle source de distraction.