Guiliana est une brillante étudiante en médecine. Depuis son enfance ses parents ont planifié chaque étape de vie, l'encourageant à poursuivre une carrière prestigieuse et sécurisée. Cependant, une passion secrète grandit en elle : la mode. Fascinée...
L'aube commence à teinter le ciel de nuances rosées lorsque j'entame le trajet vers mon lieu de travail. L'annonce de mon retour n'échappa pas aux Journalistes agglutinés devant l'imposant immeuble de verres et d'aciers, prêts à bondir sur la limousine stationnée le long du trottoir.
Montres-leur que la situation est sous contrôle.
Avachis sur la banquette arrière je consulte les dernières statistiques de l'entreprise avant de refermer brusquement mon Laptop, irrité par la bande d'incompétents qui me sert d'employés. Je me masse les tempes.
Je crains qu'un café corsé ne suffise à rattraper les dégâts causés en mon absence.
Je prends une profonde inspiration et ouvre la portière, accueillis par les flashs et le brouhaha environnant :
« Monsieur Ballmer, par ici ! », « Comment vivez-vous la faillite de votre entreprise ? », « Qu'est-ce que cela vous fait de revenir sur le lieu de votre agression ? ».
Je dois garder la tête froide et ignorer les palpitations de mon cœur chaque fois qu'une question malvenue m'est posée. Royal Diamond n'en est pas à son premier scandale. L'entreprise connut des débuts difficiles, c'est vrai. Nous peinions à nous faire un nom dans l'industrie du luxe, la joaillerie étant contrôlée par une poignée d'hommes puissants. Il nous a fallu nous battre, nous démarquer en offrant une vision du luxe accessible à tous. Et ça a payé à force de persévérance. Nous avons surmonté chaque situation de crises d'une main de fer, je ne vois pas pourquoi il en serait autrement.
- Nous réfutons les allégations de faillite et poursuivrons en justice quiconque colportera des informations diffamatoires à notre encontre. Du reste, nous collaborons activement avec les forces de l'ordre pour retrouver le ou les responsable(s) de cet acte criminel. C'est tout pour moi.
Les remarques fusent de plus belle, mon discours n'a fait qu'accroitre leur soif de questions. Dommage pour eux. Je les abandonne au sort des vigiles et franchis les portes coulissantes, conscient des regards qui pèsent sur moi lorsque je traverse le hall.
Qui vais-je virer aujourd'hui ?
La liste est longue. La politesse voudrait que j'échange avec mes salariés mais je suis trop préoccupé par la recherche d'une stratégie commerciale pour m'en soucier.
Je me tiens devant l'ascenseur, attendant que les portes s'ouvrent lorsque des claquements de talons raisonnent derrière-moi. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir de qui il s'agit. Mon assistante a une manière bien à elle d'attirer l'attention.
Les portes s'ouvrent enfin. Je m'avance à peine que Samantha est déjà sur mes côtes. Elle me devance d'un pas, un sourire énigmatique sur ses lèvres rouges. Ses yeux marrons me fixent avec insistance, cherchant une réaction que je refuse de lui donner. Je prends un instant pour la détailler. Elle porte un chemisier blanc et une jupe ajustée qui moule sa silhouette, ses cheveux encadrant son visage d'une beauté indéniable. Elle sait qu'elle est belle, et elle en joue.
- Bonjour Nathan, dit-elle d'une voix douce, presque caressante.
- Bonjour, je réponds d'une voix neutre.
L'assistante passe une main dans ses cheveux bruns, tenant fermement une pile de documents contre sa poitrine de l'autre. Pourquoi je ne la baise plus déjà ?
Parce que tu ne peux pas la sauter gratuitement et t'attendre à ne pas avoir d'ennuis, gros malin !
Les termes de notre accord étaient pourtant clairs, mais les femmes étant douées pour contourner les règles auxquelles elles ont consenti de leur plein gré, Samantha n'y a pas fait exception. Elle est tombée amoureuse malgré tout, mais pour moi elle n'était qu'une employée efficace. Rien de plus. Évidemment, elle refuse de l'entendre et use de son charme pour me rappeler ce à quoi j'ai renoncé, et j'aurai peut-être été tenté de remettre le couvert si cet incident ne m'avait pas changé.
L'ascenseur commence sa lente ascension. La tentatrice se tient près de moi, trop près, m'encombrant d'une fragrance sucrée qui m'aurait autrefois troublé. Elle tente de croiser mon regard, cherchant désespérément une étincelle d'intérêt.
- Comment s'est passé votre convalescence ? Nous-nous sommes fait du souci pour vous.
- J'ai été très occupé, dis-je distraitement, les yeux rivés sur les chiffres qui défilent au-dessus de l'ascenseur.
- Nathan, je me demandais si...
Je l'interromps :
- Nous avons beaucoup de travail aujourd'hui. Prépare les lettres de démission, je veux voir tout le monde en salle de réunion à huit heure.
Elle jette un œil à sa montre :
- Dans dix minutes, mais c'est impossible !
- Ce n'était pas une suggestion !
Elle ravale sa fierté et hoche la tête, ses yeux perdant un peu de leur assurance. Je ne suis pas d'humeur à prendre des gants. Les portes de l'assesseur s'ouvrent enfin sur notre étage. Je sors sans me retourner, sentant son regard brûlant sur mon dos. J'en profite pour desserrer ma cravate, les nerfs à vifs. Les employés, absorbés par leurs tâches lèvent à peine les yeux à mon passage, comme si j'étais un spectre revenu d'un autre monde. J'avance d'un pas mesuré, ma démarche trahit une rigueur que je m'impose depuis des années.
Après l'arrêt imposé par les médecins inquiets pour ma santé déclinante, je retrouve enfin le vaste espace qui me sert de bureau. Accueillis par une vague de silence et d'immobilité, mes yeux parcours la pièce comme s'ils la redécouvraient. Le bureau ordonné semble avoir été figé dans le temps, gardant l'empreinte de mon absence. Les rideaux lourds et épais filtrent la lumière du matin, baignant la pièce dans une clarté diffuse. Mes pas raisonnent sur le carrelage marbré, leur écho renforçant l'impression de solitude qui m'accompagne constamment. Je m'avance lentement vers le fauteuil en cuir, et pose mes mains de part et d'autre du bureau d'où s'accumulaient les dossiers, formant une pile austère et menaçante. J'inspire profondément, savourant l'odeur familière du cuir et du papier qui contrastait avec les mûrs aseptisées de l'hôpital.
Ces huit semaines d'inactivité ont creusé un fossé entre moi et mon royaume de chiffres et de contrats, mais aujourd'hui je suis de retour, prêt à reprendre les rênes de mon empire. Ma main droite se referme sur mon stylo. Je me mets à traiter la première pile de documents, replongeant dans le monde rigide et fastidieux des affaires lorsque je reçois un coup de fil de l'assistante.
- Ils sont en place. J'ai essayé de limiter la casse, elle ajoute avant de raccrocher.
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