BE MINE I

Chapitre 24

Pdv de nathan

Je suis en avance.

Maison Kayser, la boulangerie où nous-nous sommes donné rendez-vous, est animée de bon matin. J'ai choisi une table près de la fenêtre, où il m'est possible d'observer la rue tout en attendant Guiliana. Le parfum du pain frais et des viennoiseries emplit l'air, créant une ambiance accueillante. J'espère que cet environnement de convivialité contribuera à faciliter notre discussion, même si j'ai conscience que ce ne sera pas facile. Je fixe inlassablement ma montre, nerveux. Comment vais-je la convaincre de m'écouter, en sachant que j'ai mal jouer mes cartes dès le départ ? Le souvenir de notre première rencontre à l'Émeraude, où je m'étais comporté comme un idiot arrogant, me revient. Je l'avais injustement jugé, la qualifiant d'escorte. Ce qui s'était avérée faux. C'est pourquoi, je dois faire les choses différemment, lui montrer que ma démarche est sincère, et que je regrette d'avoir sous-estimer sa valeur.

Notre échange au bal masqué n'était pas mieux. Au départ, je ne savais pas que c'était elle, mais quelque chose m'avait attiré. Son intelligence vive. Puis je l'ai vue aux côtés de Jim, et me suis souvenu l'avoir mis au défi. Ce bal était le moment rêvé de joindre la parole à l'acte, de lui prouver qu'elle n'était pas aussi loyale envers lui qu'elle le prétendait. Une erreur stupide. Maintenant, je dois aussi lui prouver que ce n'est pas ce qu'elle croit.

Ce qui est précisément le cas !

En attendant qu'elle se décide à pointer le bout de son nez, je réfléchis à ce que je vais dire. Dois-je commencer par des excuses ? Probablement. Mais des excuses seules ne suffiront pas. Je dois aussi expliquer mes motivations, mes intentions, et surtout lui montrer que j'ai une réelle vision pour notre collaboration. Je sais que Guiliana a du talent. Jim vante constamment ses compétences et sa ténacité. Elle serait un véritable atout pour l'entreprise. Mais pour cela, elle doit me faire confiance, ce qui semble impossible à ce stade.

Mes pensées sont interrompues par la clochette de la porte d'entrée. Je lève les yeux et la vois entrer, puis sillonner la pièce des yeux. Nos regards se croisent et, pendant un bref instant, j'ai le sentiment que le monde s'est arrêté de tourner. Son expression passe brusquement de la surprise à la colère. Je l'entends lâcher un juron et tourner les talons en courant. Je reste figé, abasourdi. Je me suis préparé à ce qu'elle me fasse la morale, voir à ce qu'elle me gifle. Mais pas à ce qu'elle s'enfuie avant d'avoir entendu ce que j'ai à lui dire. Elle ne me facile pas la tâche.

Je me lève précipitamment et me jette à sa poursuite. La jeune femme court vite, se faufilant habilement entre les passants, que je suis contraint de bousculer pour la rattraper. Mon cœur batte la chamade, tant à cause de la course que de l'urgence de la situation. Finalement, je réussis à la devancer et à lui barrer la route en levant grand les bras.

- Guiliana, attends ! Je halète, respirant difficilement. S'il te plaît, écoute-moi.

Elle s'arrête, furieuse, mais visiblement à bout de souffle.

- Qu'est-ce que tu veux, Nathan ? Pourquoi devrais-je te donner une seconde de mon temps ?

Je reprends mon souffle avant de répondre.

- Je suis désolé d'avoir gardé mon identité secrète. Je craignais que tu refuses de m'accorder cet entretien après la façon odieuse dont je t'ai traité à l'Émeraude.

- Tu crois vraiment que des excuses suffiront ? Elle croise les bras, son regard perçant. C'était ton idée ou la sienne, le coup du numéro ?

Je secoue la tête. Leurs disputes tournent déjà autour de son besoin de contrôle. Je ne veux pas en rajouter.