Chapitre 39

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Je scrute mon reflet devant la glace, les yeux gonflés de fatigue et de chagrin. Ma joue porte encore la marque de sa main, une légère rougeur qui contraste avec la pâleur de ma peau. J'effleure doucement mes doigts sur cette trace, ressentant une douleur sourde qui n'est pas seulement physique. Mon cœur est en miette, chaque battement, un rappel cruel de sa trahison. Les avertissements de Billie me reviennent en mémoire, clairs et limpide. Elle m'avait mise en garde contre le jeu de pouvoir auquel je m'adonnais, et sa nature destructrice, mais je ne l'ai pas écouter. Trop aveuglée par mes sentiments, j'ai cru en des illusions. Maintenant, je me sens stupide, perdue dans un tourbillon de regrets. La solitude m'enveloppe, me serre, et l'isolement devient une seconde peau. Je respire profondément. L'air me picote la gorge et je me rends compte que je dois me reconstruire, pièce par pièce, malgré cette tristesse accablante. J'essuie mes larmes, déterminée à trouver la force de continuer même si cela me semble insurmontable pour le moment.

Je quitte la salle de bain et me dirige vers la pièce à vivre. Le parquet froid sous mes pieds nus me ramène à la réalité alors que je traverse le couloir. J'entends le bruit régulier de l'eau qui coule depuis la chambre de Nathan, devinant qu'il est sous la douche. J'avance sur la pointe de pieds pour ne pas lui signaler ma présence, et m'assois sur le canapé, le téléphone en main, notant les appels manqués de Sarah. Mon cerveau a beau être embrumé, Sarah est l'une des rares personnes à qui je pourrais confier mes problèmes, mais je sais qu'elle est prise par des obligations familiales. Je soupire, et juste au moment où je m'apprête à le ranger, il vibre.

- Salut, Sarah, je m'efforce de paraitre enjouée.

- Gui, tu m'as appelée plusieurs fois. Tout va bien ?  La préoccupation dans sa voix est évidente.

Je mords ma lèvre, hésitante, et ne voulant pas l'embêter avec mes problèmes.

- Oui, tout va bien. Je voulais juste te demander un service, mais c'est déjà réglé. Désolée de t'avoir dérangée.

- Ah, d'accord. Tu es sûre que tout va bien ?

- Oui, oui, ne t'inquiète pas ! Je m'empresse de répondre.

Je raccroche et pousse un soupir de soulagement. Mais avant que je puisse poser mon téléphone, Nathan apparaît dans l'encadrement, vêtu d'une simple serviette autour de la taille. Ses cheveux mouillés retombent sur son front et de minuscules gouttes d'eau coulent sur ses joues. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine à la vue de son corps sculpté, les muscles de son torse et de ses bras encore humides. Je détourne vite le regard, honteuse, et tente de paraître aussi normale que possible. Mais mon visage doit être rouge pivoine.

- Avec qui discutais-tu ? Questionne-t-il d'une voix grave et calme, quoique teintée d'une pointe de curiosité.

- Mon amie Sarah.

J'essaye de ne rien laisser transparaître, mais ses yeux me transpercent, comme s'ils vouaient se frayer un chemin jusqu'à mon âme.

- Et Jim ? Poursuit-il, son ton plus doux mais toujours insistant. Tu as échangé avec lui depuis ?

Je secoue la tête, incapable de soutenir son regard.

- Je l'ai bloqué. Je ne me sens pas d'écouter ses excuses et ses promesses de changement.

Jim n'est pas le seul responsable. Plus que tout, j'en veux à Nathan de ne pas m'avoir parlé de cette femme qui, malgré son air supérieur, ne s'était visiblement pas trompée à son sujet.

- Qui est cette femme qui prétend connaitre Jim mieux que quiconque, au point que personne n'ait dénier me révéler son identité ?

Nathan se braque, ses traits se durcissent.

- Guiliana, je ne pensais pas qu'il irait aussi loin. S'il y avait eu matière à s'inquiéter, je te l'aurais dit. Il élude la question.

- Tu as eu l'occasion de m'en parler, mais tu n'en a rien fait. Pourquoi ?

- Parce que mon amitié avec Jim est plus importante ! Lâche-t-il enfin. Sa mère était violente, son père, une figure absente. Il s'est forgé une carapace pour se protéger, pour survivre. Oui, il a fait des erreurs, mais...Il se passe une main dans ses cheveux, essayant de trouver les mots justes, avant de secouer la tête. On s'est soutenus dans des moments difficiles de nos vies.

Je le fixe, incrédule.

- Donc tu affirmes qu'il n'y avait  aucuns signes apparents ?

Nathan secoue la tête, désespéré.

- Des signes, oui. Mais pas au point de penser qu'il pouvait faire ce qu'il a fait.

- Nathan, j'en ai plus qu'assez de lui trouver des excuses. Quand à toi, si tu tenais réellement à lui, tu n'essayerais pas d'influencer ses choix, pire d'étrangler sa petite amie.

Finalement, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre.

Il ouvre la bouche pour répondre, mais se ravise, ses épaules s'affaissant sous le poids de la culpabilité. Nous restons là, dans ce silence pesant, chacun réfléchissant à ses actes manqués. La trahison de Jim est doublée par celle de Nathan, et je ne sais plus à qui faire confiance. Le silence s'étire avant qu'il ne reprenne la parole, sa voix basse et chevretante.

- Guiliana, je suis désolé. Vraiment. D'accord, j'aurais dû te parler quand l'occasion s'est présentée au stand, mais j'avais peur pour Jim.

- De toute façon, tu as déjà perdu ma confiance. La seule chose qui me retient ici, c'est ce contrat.

Je tourne les talons, le laissant seul dans le salon, et rejoins ma chambre temporaire en faisant claquer la porte derrière moi. Je m'assois sur le lit, les larmes coulent à l'infinie. Le poids de sa trahison est écrasant, et je me demande si je pourrai un jour pardonner ce qu'il m'a fait.

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BE MINE IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant