Chapitre 28

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Pdv de Nathan

Jim m'envoie un rapide texto :

- Je suis en route avec Guiliana. Soyez prêts.

Je pince les lèvres, détestant les plans de dernière minute. Mais comme j'ai besoin de ses services, je me lève d'un bond et traverse l'open space pour retrouver mon assistante, plongée sur l'écran de son ordinateur.

- Samantha ! Je m'exclame d'un ton pressant, je veux que tout soit parfait avant l'arrivée de Mademoiselle Besnier. Café, viennoiseries, met le paquet. Je marque une pause. Et surtout, sois aimable. C'est crucial.

Elle lève un sourcil, une pointe d'agacement dans la voix.

- Vous n'as pas à me dire comment faire mon travail, Nathan. Je sais être professionnelle.

Grand bien lui fasse ! Je lui fais signe de reprendre son activité, mais elle semble sur le point d'ajouter quelque chose. Putain ! C'est toujours la même chose avec elle, comme si elle cherchait à raviver une flamme éteinte. Elle se pince la lèvre, ses yeux me dévorent :

- Tu me manques...Nos moments me manque !

Mon irritation monte en flèche. Elle et moi, c'est du passé ! Ce n'est pas pour rien que je m'efforce de maintenir cette distance. Quand le comprendra-t-elle ?

- Nous deux, ça n'arrivera plus. Ni aujourd'hui, ni demain.

Ne souhaitant m'attarder plus que de raison, je tente de clore la discussion, mais la brune revient à la charge, tenace :

- Je refuse de croire que tout ce que nous avons vécu n'a pas compté pour toi.

Ses mouvement sont calculés, ses mots, soigneusement choisis pour tenter de raviver la flamme qui, selon elle, brûle encore en moi. Elle porte cette robe rouge qu'elle sait être ma préférée, celle qui épouse parfaitement ses courbes. Et son parfum, un mélange de jasmin et de bois de santal, flotte autour d'elle, m'enveloppant dans un nuage de souvenirs. Elle rit -un son cristallin qui résonne de manière étrangement creuse à mes oreilles-, et se penche, ses ongles vernis de rouge contrastant avec le bleu de ma cravate qu'elle empoigne. Ses yeux pétillent d'une détermination presque désespérée. Malheureusement, mon cœur est imperméable à ses avances. Elle parle de secondes chances, de compromis qu'elle se dit prête à faire, mais c'est inutile. La lassitude a creusé son chemin, et tout ce qui reste de notre histoire est une série de souvenirs fanés, sans éclat ni saveur. Je sens la frustration et la tristesse dans sa voix, elle est à bout,  et tente une dernière fois de me faire changer d'avis. Pourtant, ma décision est prise. La magie qui nous liait autrefois s'est dissipée. Je ne suis plus le même homme, tout comme elle n'est plus la même femme à mes yeux. Elle finit par se taire, consciente de l'inutilité de ses efforts, et je me demande brièvement si elle trouvera la force de tourner la page comme je l'ai fait.

Nous sommes interrompus par des raclements de gorge, qui nous obligent à faire volteface, vers les intrus. Jim se tient dans l'ouverture de la porte, Guiliana aussi. Leur proximité me donne un pincement de dégoût. La voir à ses côtés, si radieuse et confiante, me pousse à une impulsion inexplicable. Sans réfléchir, je saisis Samantha par la nuque et l'attire contre mon torse pour l'embrasser. Ses lèvres s'offrent aux miennes avec une facilité déconcertante, et je sens ses mains glisser le long de mon dos, agrippées comme si nous étions seuls dans la pièce. Elle se perd dans ce baiser, ses caresses sont empreintes de passion, mais moi je ne ressens absolument rien. Cet acte ne signifie rien, si ce n'est une démonstration de pouvoir, une manière de rappeler au monde qui je suis. Un putain d'enfoiré.

Je sais qu'ils nous observent, qu'ils sont surpris autant que mon assistante, qui en profitait pour fourrer sa langue dans ma bouge.

Ma raison me hurle d'arrêter avant qu'il ne soit trop tard et je lui obéit. Je romps brusquement notre étreinte et la laisse là, désorientée, et essayant de comprendre ce revirement de situation. Je me tourne vers eux. Jim me lance un sourire complice en coin, un "bien joué ", non verbal qui ne fait qu'accentuer la vacuité de mon acte. Guiliana en revanche détourne le regard, visiblement gênée par la scène. Curieusement, sa réaction me satisfait plus que le baiser lui-même.

Cette quête insatiable de contrôle me laisse perplexe quant à mes véritables motivations. Je me sens horrible de jouer ainsi avec ses émotions mais, d'un autre côté, je sais que Samantha est sous mon emprise, prête à se soumettre à ma volonté. Je savoure ce petit concours de couilles entre mon pote et moi, puis me concentre sur la jolie brune à ses côtés :

- Ravie de te revoir parmi-nous Guiliana ! Je craignais de ne pas avoir de tes nouvelles, mais il semblerait que Monsieur soit parvenu à te faire changer d'avis, dis-je avec un sourire pour Jim, qui n'apprécie visiblement pas le sous-entendu. Nous t'avons préparé quelque chose de spécial aujourd'hui. Suis-moi !

La demoiselle acquiesce, mais ses yeux trahissent encore une certaine gêne après ce à quoi elle vient d'assister. Mon sourire redouble. Je l'emmène dans la salle de réunion où tout est soigneusement préparé : viennoiseries, café fraîchement moulu, dossiers ordonnés. Pendant que mon associé lui parle de l'entreprise,  je l'observe attentivement. Elle pose des questions pertinentes, s'intéresse aux détails et à l'ambiance de travail. J'interviens de temps à autre, avec enthousiasme, essaye de la convaincre avec mes paroles, plus qu'avec mon attitude. Mon assistante entre et sort discrètement, gérant les détails logistiques sans un mot. L'embrasser était une très mauvaise idée que je ne tarderais pas à regretter, mais je chasse rapidement cette pensée. Le moment est malvenu.

Après une heure de discussion, mon pote lui propose une visite rapide des locaux. Notre future stagiaire semble impressionnée par les installations modernes et l'atmosphère dynamique. Nous la guidant avec assurance, ajustant notre discours pour répondre au mieux à ses questions, avant de rejoindre la salle de réunion, où les deux amoureux échangent des regards complices.

- Alors, qu'en as-tu pensé jusqu'à présent ? Il la questionne.

Je croise les bras sur mon torse, curieux. La stagiaire regarde autour d'elle, évaluant chaque détail avec sérieux. Mon cœur bat un peu plus vite alors que j'attends sa réponse. Finalement, elle se tourne vers nous avec un sourire sincère.

- C'est impressionnant, vraiment. J'aime beaucoup l'énergie qui s'en dégage.

Un poids se lève de mes épaules.

- Nous serions ravis de t'avoir parmi nous, tu le sais ! Tu serais un atout précieux pour notre équipe.

Elle incline la tête, son sourire s'élargissant légèrement.

- Je pense que je pourrais m'épanouir ici, finit-elle par admettre.

C'est tout ce que j'ai besoin d'entendre.

Jim et moi échangeons un regard entendu, confirmant silencieusement que la matinée a été un franc succès. Nous discutons brièvement des prochaines étapes administratives avant que Guiliana n'aille déjeuner, promettant de revenir après sa pause pour un entretien officiel, ce qui n'est franchement pas nécessaire. Mais c'est ce qu'elle désire, sans doute pas soucis d'équité, motivation que je ne peux qu'admirer.

Je les observe s'éloigner, satisfait. J'ai réussi à impressionner notre future recrue, mais quelque chose en moi reste agité. Je me tourne vers mon assistante qui range silencieusement les derniers dossiers.

La journée n'est pas encore finie, et il y a encore beaucoup à faire.

La journée n'est pas encore finie, et il y a encore beaucoup à faire

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BE MINE IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant