Chapitre 32

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Jim dormait encore quand j'ai quitté l'appartement tôt ce matin pour rejoindre les bureaux de Royal Diamond.

Avant de partir je lui avais concocté une tisane pour apaiser sa fièvre. J'espérais qu'à mon retour son état se serait amélioré mais il n'en est rien, la situation a empiré. Mon petit-ami n'a plus rien d'un ange. Il est toujours livide et ne communique que pour les besoins de première nécessité. Je ne sais plus quoi faire, et commence à me demander combien de temps encore je vais devoir mentir à mon patron et à Sarah, qui s'était montrée compréhensive en acceptant de passer quelques jours chez des amis pour nous laisser l'appartement. Elle s'imagine que Jim et moi avons besoin d'intimité, ce qui est totalement faux.

Cette situation ne peut pas durer éternellement. Nous devons retourner à son domicile ne serait-ce que pour récupérer des vêtements propres, mais chaque fois que j'aborde le sujet, il devient violent et m'interdit formellement d'y mettre les pieds. Cette attitude m'agace au plus haut point. Chaque fois que j'essaie de comprendre ce qui se passe, il se referme sur lui-même, me laissant seule avec mes interrogations comme s'il ne me faisait pas confiance. Comment peut-il me demander de prendre soin de lui, de mentir à mes amis et de supporter cette situation sans la moindre explication ? Je suis à bout de patience. La colère gronde en moi chaque fois qu'il élude mes questions ou qu'il répond vaguement, comme si cela pouvait suffire.

J'ai l'impression de me heurter à un mur, un mur fait de secrets et de mensonges, et cela m'exaspère. Pourquoi ne peut-il pas me faire confiance, me dire la vérité ? Je mérite au moins ça après tout ce que je fais pour lui. Son silence me pèse, il m'étouffe. Je me demande combien de temps encore je pourrai tenir sans exploser. Je suis agacée par son attitude, par son refus de me laisser entrer dans son monde, de partager sa tourmente. Il me traite comme une étrangère, contrainte de naviguer dans l'obscurité, de supporter ses humeurs changeantes et ses secrets inavouables. En fait, je ne suis pas seulement agacée, je suis en colère !

Cette fois, c'est décidé, je vais lui tirer les vers du nez, qu'il le veuille ou non. Je me dirige vers la chambre et me poste sur le rebord du lit. Je pose une main sur son front humide et décide de mettre une serviette mouillée dessus, espérant que cela le soulagera. J'ouvre le dialogue et lui demande comment il se sent depuis hier. Il me répond qu'il va mieux et me remercie d'être restée à ses côtés. Je lui parle également de l'interrogatoire de Nathan, et lui fais comprendre qu'il ne pourra pas se rendre invisible éternellement. Comme il ne réagit pas, je hausse les épaules :

- Jim, je dis doucement, il est temps que tu me parles. J'ai le droit de savoir ce qui se trame.

Je me tiens près du lit, mon regard fixé sur lui dans l'attente d'une réponse. Il se redresse légèrement, ses yeux cernés fixés sur moi, et soupire profondément.

- J'ai merdé, Gui, commence-t-il, d'une voix rauque. J'ai essayé de redresser une situation qui avait déjà mal tourné, et ça n'a fait qu'empirer les choses. Des gens...Dangereux en ont après moi maintenant.

Mon cœur se serre, mais je garde le silence et le laisse poursuivre.

- C'était censé être simple, un moyen d'en finir avec des problèmes anciens, mais...C'est devenu un cauchemar. Il détourne le regard. Je ne voulais pas te mêler à ça. Je pensais pouvoir tout gérer mais maintenant je suis piégé, et je n'ai personne d'autres vers qui me tourner.

Ses mots résonnent dans la pièce, lourds de désespoir et de regret. Je croise les bras pour tenter de maîtriser mes émotions, et lui réponds doucement mais fermement.

- Tu aurais dû me dire la vérité plus tôt. Comment veux-tu que je t'aide si tu gardes tout pour toi ?

Il gigote sous la couette et veille à rester évasif dans ses explications, ne citant aucun nom, aucun lieu, et ne donnant aucune information sur les raisons de ce conflit qui, à mon sens, s'apparentait à un règlement de compte. Je ne suis pas stupide, et je me risque à demander s'il s'agit bien de cela, ou d'une histoire semblable. Il m'a dit un jour avoir traversé des moments difficiles pour aider sa mère à rembourser des dettes. Peut-être que cela l'avait contraint à flirter avec un gang, à qui il devait à présent de l'argent ? Il pourrait s'agir de n'importe quoi, mais il s'obstine à ne rien me dire pour me protéger, selon lui.

- Tu comptes en informé Nathan ?

Je regrette aussitôt mes paroles lorsque sa mine s'assombrit. Soudain, il se redresse avec une vigueur inhabituelle et me saisit violemment le poignet, ses doigts serrant fermement ma peau. Son regard, d'ordinaire doux, devient dur et menaçant.

- Tu ne lui diras rien ! Murmure-t-il entre ses dents, son visage à quelques centimètres du mien.

La pression de ses doigts sur ma peau est ferme, une douleur vive me transperce. Je soutiens son regard, ma colère grimpe.

- Lâches-moi, tu me fais mal ! J'articule d'une voix faussement calme, essayant de le convaincre de relâcher sa prise. 

Mais il maintient son emprise, insistant sur sa demande avec un regard déterminé, comme s'il craignait pour notre sécurité. Je hoche lentement la tête, une once de peur se mêlant à ma détermination.
Je n'avais jamais vu cette part de lui.

L'avertissement de la rousse me revient en mémoire :
« Il n'est pas celui que tu crois. »

Ses cachoteries et son changement d'humeur en sont la preuve. Il passe une main dans ses cheveux, et s'excuse d'avoir perdu son sang-froid. Je me lève et lui suggère de se coucher. Je repasserai plus tard pour les soins.

Le poids de son secret me pèse. Nathan et Sarah commencent à poser des questions, et je ne sais pas combien de temps encore je pourrai les éloigner de la vérité. Mais pour l'instant, tout ce que je peux faire, c'est prendre soin de lui et espérer qu'il se confiera davantage à moi.

 Mais pour l'instant, tout ce que je peux faire, c'est prendre soin de lui et espérer qu'il se confiera davantage à moi

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