BE MINE I

Chapitre 43

Pdv de Nathan

Laura Bennett se tient face à moi, ses jambes croisées et ses traits tirés par les années de mauvais choix et d'addictions. Ses cheveux autrefois soignés sont maintenant ternes et en désordre et ses yeux, jadis pétillants de vie, sont aujourd'hui empreints de lassitude.

- Tu es bien en forme ! Dit-elle, une pointe de surprise dans la voix.

Je hoche la tête en guise de réponse et accepte la tasse qu'elle me tend. L'intérieur est à l'image de l'extérieur : chaotique et désordonné, le reflet parfait de la vie de Laura. La pièce principale est encombrée de vieilles factures, de bouteilles vides et de médicaments dispersés ci et là. Une véritable porcherie ! La femme ne tarde pas à se lamenter, sans prendre la peine de m'interroger sur la raison de cette visite :

- Tu n'imagines pas à quel point il m'est difficile de joindre les deux bouts. Entre les dettes qui s'accumulent et les traitements, c'est un enfer ! Mon propre fils ne m'envoie pas un sou, il me laisse me débrouiller seule.

Je serre les dents pour retenir une réplique acerbe. Elle ne cesse de se plaindre de ses difficultés financières, mais omet de mentionner que son fils prend en charge ses soins médicaux. C'est un fait que je n'ignore pas, lui ayant personnellement déconseiller de lui venir en aide. Mais elle me croit assez idiot pour ignorer ce détail et me laisser berner par ses lamentations. Sa mère continue son monologue, ne se préoccupant que d'elle-même.

- Tout ce qui m'arrive est entièrement de sa faute, tout ! Si seulement il m'aidait plus, je n'aurais pas à vivre dans de telles conditions. Tu sais, ce n'est jamais facile pour une mère célibataire.

Les mots qu'elle prononce ravive ma rage. Comment peut-elle être aussi ingrate ? Jim se tue à la tâche pour subvenir à ses besoins, et elle ne montre aucune reconnaissance, aucune conscience de ses propres erreurs. Elle préfère jouer les victimes, se draper dans un rôle qui lui permet de justifier ses erreurs.

- Laura, je dis finalement. Tu sais bien qu'il t'envoie de l'argent et fait tout ce qu'il peut pour t'aider, indépendamment de ses problèmes.

Elle fronce les sourcils, feignant l'ignorance.

- Vraiment, alors comment expliques-tu que je vive dans ce taudis ?

- Il paie tes soins, je rétorque, ma voix trahissant ma colère. Tes traitements, tes médicaments. Tout ça, c'est grâce à lui !

- Tu ne comprends pas. Elle secoue la tête, l'air défaitiste. Il devrait faire plus. Après tout, je suis sa mère. C'est la moindre des choses.

Ma patience s'effrite, il m'est de plus en plus difficile de peser mes mots.

- Ce fils ingrat fait bien plus que ce qu'on pourrait attendre de lui. Il travaille dur, se bat chaque jour pour survivre et malgré cela, il ne te tourne pas le dos. Tu devrais t'estimer chanceuse.

Elle me regarde avec des yeux vides, sans aucune lueur de compréhension.

- Oh, Nathan, tu es si attaché à votre amitié que tu ne vois pas les sacrifices que j'ai dû faire, les épreuves que j'ai traversées pour lui !

Je voudrais la secouer, la mettre face à la réalité et à son échec monumental en tant que mère. Mais je sais que cela ne servirait à rien. Cette femme est trop enracinée dans son rôle de victime, trop aveuglée par sa cupidité pour voir la vérité. Et mon ami a déjà assez de problèmes à gérer pour ajouter à ses fardeaux une confrontation avec sa mère.

J'inspire profondément, cherchant à masquer mon agacement.

- Je ne suis pas ici pour débattre. Je voulais juste m'assurer que tu allais bien. Mais tu dois savoir que Jim fait tout ce qu'il peut. Si tu pouvais juste essayer de comprendre cela, et lui montrer un peu de gratitude, ce serait un bon début.