Chapitre 40

3K 113 1
                                        

Pdv de Nathan

Guiliana s'est comportée comme une adolescente capricieuse en s'enfermant dans sa chambre. Chaque fibre de mon être me pousse à fracasser la porte, à lui ordonner de revenir au salon pour affronter cette conversation. Mais, tout comme Jim, je dois apprendre à contenir ma frustration. Les mots que je pourrais regretter ensuite me brûlent les lèvres. Il n'est pas dans ma nature de laisser les choses en suspens, mais pour le bien de cette situation, je prends sur moi.

Je me rappelle de la Rousse, Amanda Clayton. Jim l'avait rencontrée il y a des années, et dès le début elle avait vu en lui une opportunité et profitait de son argent, de sa notoriété, sans jamais s'investir dans leur relation. Jim était aveuglé par ses sentiments, il ne voyait pas à quel point elle se servait de son influence. Jusqu'au jour où il l'a surprise au lit avec un autre.

Ce n'est pas à elle qu'il s'en était pris ce jour-là, mais à l'amant qu'elle avait conduit dans leur lit. Jim l'avait tabassé si fort que le gars avait fini aux urgences. Ce geste lui avait coûté sa réputation et son argent, mais ce n'était rien à côté de son état émotionnel. Amanda l'avait brisé en trahissant d'une part sa confiance, mais en le rendant méfiant envers les femmes. Depuis, Jim ne s'attachait plus. Il les traitait comme des objets, ne gardant jamais la même femme plus d'une semaine.

Amanda pensait avoir laissé une empreinte indélébile sur lui et utilisait la moindre occasion pour lui rappeler son existence. Je suppose que c'est parce qu'elle n'avait pas très bien accueilli l'annonce de sa nouvelle relation, qu'elle avait semé le doute dans l'esprit de Guiliana.

Le plus horrible là-dedans, c'est qu'elle se délecte de cette souffrance. La vipère a cette capacité à s'infiltrer dans nos vies, à semer la zizanie et je m'en veux de l'avoir laissée faire. Mais ce n'est pas à moi de le lui dire. Ce n'est pas mon rôle d'interférer, même si cela me tue de les voir souffrir.

Je soupir et passe ma main sur mon visage fatigué. Jim a fait des erreurs, des erreurs monumentales, mais il n'a jamais été violent envers une femme. Il est méfiant, peut-être trop, mais n'a jamais été cruel de cette manière. Je comprends sa méfiance, sa colère. Amanda l'a détruit, et il ne s'en est jamais vraiment remis. Et c'est précisément ce qu'elle veut, qu'il se sente aussi misérable qu'il l'a été autrefois. Et elle utilise Guiliana pour y parvenir. Je ne sais pas comment le lui faire comprendre sans empirer la situation.

Je me lève, incapable de rester immobile plus longtemps, et me dirige vers la cuisine, cherchant quelque chose pour occuper mes mains. Mais même en me concentrant sur des tâches simples, mes pensées me ramènent à la pauvre fille. Je sais que je dois lui parler, lui expliquer, mais comment ? Comment lui faire comprendre sans qu'elle se sente encore plus trahie ? Guiliana est une femme talentueuse, dotée d'un sourire timide mais lumineux, ses yeux pleins de curiosité et de vie. La voir s'effondrer à cause des manipulations d'Amanda est insupportable. Jim n'a jamais voulu cela pour elle. En voulant la protéger, elle, il oublia de se protéger, lui.

Je me poste devant la porte de sa chambre, luttant contre l'envie de frapper, de forcer une confrontation. Mais je sais que cela ne ferait qu'empirer les choses. Guiliana a besoin de temps, de comprendre par elle-même. Je retourne au salon, m'asseyant lourdement sur le canapé. Les pensées affluent dans ma tête, et je réalise que je dois faire quelque chose. Peut-être parler à Amanda, lui faire comprendre qu'elle doit s'éloigner de nous. Ou peut-être confronter Jim, le forcer à admettre ses erreurs et à les réparer. Malheureusement, la patience n'est pas mon fort, et je doute que cela fonctionne.

Oh et puis merde !

Je traverse le couloir et entre sans toquer. Elle se lève brusquement du lit et essaye de cacher les mouchoirs usagés sous son oreiller en voyant ma tête apparaitre dans l'entrebâillement. Ses pas sont lourds, comme si elle portait le poids du monde sur ses épaules. Je l'observe se diriger vers moi, vêtue d'un pyjama de fortune qui laisse apercevoir ses jambes fines. Ses cheveux manquent de discipline, mais même dans cet état je la trouve resplendissante. Enfin, elle me fait face, la colère traversant son visage avant de se transformer en quelque chose de plus sombre. Je sais que je dois parler, mais les mots me manquent. Comment aborder ce sujet sans déclencher une nouvelle tempête ? J'inspire profondément :

- Elle s'appelle Amanda, je commence, et contrairement à ce que tu crois elle n'a jamais été la victime dans cette histoire. Jim et elle se sont rencontrés à la fac, et d'aussi loin que je me souvienne elle n'a fait que profiter de son statut. Quand il l'a surpris dans la queue d'un autre, il a perdu le contrôle mais jamais été violent envers elle.

- Pourquoi ne pas me l'avoir dit plus tôt. Pourquoi attendre qu'un désastre se produise ?

- Je ne savais pas comment te le dire. Jim est très secret et j'estimais que ce n'étais pas à moi de le faire. Si j'avais su...

- Les excuses ne changent rien, elle murmure, détournant le regard. Il est trop tard pour ça.

Je soupire, et passe une main dans mes cheveux encore humides.

- Jim a eu une enfance difficile, Guiliana. Il a grandi avec cette rage en lui, cette méfiance qu'Amanda a exploité à des fins personnelles. Depuis, il n'a jamais pu faire confiance à une femme.

- Je comprends, mais cela n'excuse pas tout ! Elle rétorque. Je suis fatiguée de lui trouver des excuses.

J'acquiesce et comprends totalement son point de vue. 

- Je sais, et je suis désolé qu'il t'ait mêlé à tout ça. Mais Jim n'est pas un monstre. Il s'est juste égaré en chemin.

Elle est en colère, la douleur est encore vive et c'est normal. J'espère seulement qu'elle ne prendra pas de décision à chaud. Je jette un œil à ma merde, merde !

-Je suis en retard au bureau. Toi, tu restes ici. On en reparlera à mon retour.

Je sens son regard sur moi lorsque je tourne les talons et referme la porte derrière moi.

Quelle merde !

Mon meilleur est un idiot, mais je n'allais pas l'enfoncer alors que la situation se présente mal pour lui. La journée sera longue et sans répit, car je sais qu'il se pointera au bureau dans l'espoir de l'y trouver. Seulement, il est loin d'imaginer ce qui l'attend.

 Seulement, il est loin d'imaginer ce qui l'attend

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
BE MINE IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant