Chapitre 36

3.2K 108 2
                                    

Pdv de Nathan

La réquisition de mes locaux par la police de New-York me laisse un arrière goût amer, si bien que j'en perds ma concentration au travail. Une rage sourde me ronge, à laquelle s'ajoute l'anxiété de n'avoir reçu aucunes nouvelles de Jim, pas même de la bouche de ma stagiaire, alors qu'ils passent le plus clair de leur temps ensemble.

Qu'est-ce que cela signifie, et comment dois-je le prendre ?

Sa soudaine disparition et ses mensonges à répétition deviennent difficiles à ignorer, il me faut des réponses. Aussi je bloque ma matinée pour lui rendre une visite surprise, avant de rejoindre l'équipe au salon de l'emploi.

Je me retrouve bientôt devant la porte de son appartement. La tension monte à chaque marche, chaque pas résonnant comme un coup de marteau. Je frappe vigoureusement et, après un long moment d'attente, mon pote finit par m'ouvrir. Son apparence est un choc, une preuve tangible que quelque chose de grave s'est produit tant il est méconnaissable.

Ses traits sont tirés, comme s'il n'avait pas dormi depuis des jours. Son visage amaigri est marqué par la douleur, des cernes profondes soulignent ses yeux bleus, dénués d'éclat, et sa peau a une teinte cireuse.

Il a vraiment l'air mal en point !

Les bandages qui enserrent son abdomen, visibles sous sa chemise entrouverte, racontent une histoire de violence. La culpabilité me gagne car je sais que sa nature rebelle et bagarreuse l'a une fois de plus conduit dans un sale pétrin. Je ne peux m'empêcher de me sentir frustré par son entêtement et son refus de demander de l'aide. Sa présence devant moi, diminuée et pitoyable, me rappelle cruellement que malgré toutes nos tentatives de le protéger, Jim reste prisonnier de ses démons.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Me questionne-t-il surpris, et sur la défensive.

- Je viens voir mon meilleur ami. Ça fait des jours que tu ne donnes plus de nouvelles. La Police a fait une descente au bureau, je voulais entendre tes explications. 

Mes yeux tentent de percer son masque de bravade, mais il soupire, ouvrant la porte plus largement pour me laisser entrer.

- C'est compliqué, mec !

Je m'installe dans son salon en scrutant la pièce. Rien n'a changé depuis ma dernière visite, si ce n'est le désordre inhabituel. Des canettes vides jonchent la table basse, et des vêtements sont éparpillés sur le canapé.

- Alors explique-moi. Qu'est-ce qui t'es arrivé ?

Mon pote s'adosse contre le mur et contemple ses chaussons, les mains dans les poches, visiblement mal à l'aise.

- Un combat de boxe qui a mal tourné. Rien de plus.

Je fronce les sourcils, ne croyant pas un mot de ce qu'il dit. Je me souviens de nos années lycée, de nos quatre cents coups et des bagarres dans lesquelles il se lançait sans réfléchir. À cette époque, cela aurait été qualifié d'un écart de jeunesse, des actes impulsifs sans grandes conséquences. Aujourd'hui, nous sommes adultes, nos erreurs n'ont plus la même portée. L'implication de la police dans notre entreprise, cette blessure sérieuse, et son absence prolongée... Tous ces éléments peignent un tableau inquiétant que je ne peux ignorer davantage.

- Des bandages comme ça, ce n'est pas juste une bagarre. Qu'est-ce qui s'est vraiment passé, et surtout, qui s'est occupé de toi ?

Je devine à son silence obstiné que Guiliana s'est chargée de ses plaies. Comment a-t-il pu la mêler à ses histoires ? Elle n'avait rien à voir là-dedans, et le fait qu'il l'ait laissée s'occuper de lui alors qu'il aurait pu simplement m'appeler me rend fou ! À croire qu'il ne me fait pas confiance, même après tant d'années d'amitié.

Je serre les poings, essayant de contenir ma rage. Elle qui n'avait aucun rôle à jouer, s'est retrouvée à panser ses blessures, à endurer ses secrets. Ce n'est pas seulement la peur pour sa santé qui me tracasse, mais aussi la trahison implicite de ses actes.

Pourquoi ne m'a-t-il pas contacter, pourquoi a-t-il préféré faire appel à une inconnue ?

Ces questions tournent en boucle dans ma tête, alimentant ma frustration. Jim m'observe, conscient de ma colère, mais il garde les lèvres closes, refusant de s'expliquer. Je prends une profonde inspiration, essaye de maîtriser mes émotions, mais de savoir qu'il lui a fait porter ce fardeau trop lourd pour ses jeunes épaules, me reste en travers de la gorge. C'est comme si, en dépit de notre amitié de longue date, il avait choisit de me tenir à distance, de me priver de l'opportunité de l'aider.

De quoi veut-il me punir ?

Mon regard se durcit alors que je le fixe, cherchant des réponses dans ses yeux, mais tout ce que je vois c'est un mur de silence. Il passe une main dans ses cheveux hirsutes :

- Je t'ai dit que c'est compliqué !

- Compliqué pour qui ? Ta copine et moi t'avons couvert, la moindre des choses serait de nous dire la vérité ! J'insiste, sentant ma patience s'effriter.

- Putain, Nathan ! J'essaye de t'expliquer que ça n'a rien à voir avec la police. D'ailleurs, comment aurais-je pu savoir qu'ils viendraient ce jour-là ?

- As-tu au moins conscience que ton absence soulèvera des questions ? Je me lève, agacé par son silence. Je ne vais pas rester là à attendre des réponses que tu ne veux pas donner.

 Je ne vais pas rester là à attendre des réponses que tu ne veux pas donner

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
BE MINE IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant