Pdv de Nathan
Le week-end approche.
La culpabilité me gagne lorsque je me rends chez mes parents pour la première fois depuis mon rétablissement. Ma mère a toujours été là pour moi, même quand tout allait mal. Leur maison est grande et luxueuse, mais froide et impersonnelle.
Ma mère m'accueille avec un sourire triste, ses yeux cherchant des signes de fatigue sur mon visage :
- Tu as l'air épuisé, dit-elle en me serrant dans ses bras.
- Le travail, je souris pour effacer les rides de ses sourcils froncés.
Nous passons l'après-midi à discuter, évitant soigneusement les sujets sensibles. Mon père est absent, comme d'habitude, et je ne peux m'empêcher de poser la question qui me hante.
- Maman, pourquoi tu restes avec lui ?
Elle me regarde, surprise, puis son expression devient mélancolique.
- Parce que...Malgré tout je l'aime, et j'ai espoir qu'il change un jour.
Je secoue la tête, incrédule.
- Il ne changera pas, et tu le sais. Tu mérites mieux que ça !
Elle sourit tristement, ses yeux perdus dans des souvenirs lointains.
- Peut-être que je mérite mieux. Mais l'amour...L'amour est compliqué, Nathan. On ne peut pas toujours expliquer pourquoi on aime quelqu'un, même quand c'est difficile, même quand ça fait mal.
Je veux la protéger, la sauver de cette relation toxique, mais je sais que c'est une décision qu'elle doit prendre par elle-même. Le week-end passe rapidement et avant de repartir, je lui promets de revenir plus souvent. En quittant la maison familiale, je ne peux m'empêcher de ressentir un poids sur mes épaules, une inquiétude pour ma mère qui refuse de s'épanouir.
Le lundi matin, à la première heure, je me plonge dans le travail pour tenter d'oublier mes préoccupations personnelles. À côté de ça, je travaille en étroite collaboration avec l'inspecteur, fournissant des documents, des témoignages, tout ce qui peut aider à démêler cette affaire complexe. Mon équipe de communication est tenue dans l'ignorance, concentrée sur la campagne de recrutement. Je dois mobiliser un maximum de ressources pour garantir son succès. Je convoque à nouveau l'équipe. La salle de réunion est pleine, les visages tournés vers moi, attentifs.
- Chacun d'entre vous a un rôle essentiel à jouer dans cette campagne. Nous devons être créatifs, innovants et surtout, efficaces. Ne me décevez pas !
Les membres de l'équipe prennent des notes, murmurent entre eux. Je peux voir l'enthousiasme et la détermination dans leurs yeux, et cela m'apporte un certain réconfort. Nous avons traversé des moments difficiles, mais je sais que nous pouvons surmonter cette épreuve ensemble. Alors que la réunion se poursuit, mon téléphone vibre dans ma poche. Je jette un coup d'œil rapide et vois que c'est un appel de l'inspecteur Harris. Encore.
- Continuez sans moi, je reviens tout de suite.
Je quitte la salle et m'éloigne dans un couloir désert avant de répondre. Cette fois, il ne s'embarrasse pas de formules de politesses.
- Nathan, c'est encore moi. Nous avons fait des progrès significatifs et il semblerait qu'il y ait une connexion directe avec un réseau criminel opérant à l'international.
Mon sang se glace.
- Un réseau criminel, que voulez-vous dire ?
- Ces transactions ne sont pas des incidents isolés. Elles font partie d'un système plus vaste de blanchiment d'argent et de fraude fiscal. Nous avons des raisons de croire que votre père n'est pas le seul membre de la direction l'entreprise à être impliqués.
Les mots d'Harris tournent en boucle. Je m'adosse contre le mur pour ne pas vaciller, les poings serrés.
- Qui d'autres ?
- Nous ne pouvons pas encore confirmer de noms, mais nous travaillons sur des pistes solides. Vous devez être très prudent, Nathan. Si ces individus se sentent menacés, ils pourraient réagir de manière imprévisible.
Je ferme les yeux, tentant de contenir la panique qui monte.
- Que dois-je faire ?
- Continuez à coopérer avec nous. Fournissez-nous toutes les informations et documents en votre possession. Et surtout, restez vigilant. Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour vous protéger vous, et votre entreprise.
- Merci Inspecteur, je dis avant de raccrocher, sous le choc.
Je retourne à la salle de réunion en cachant mon trouble. L'équipe est encore en pleine discussion. Je me rassieds à ma place, essayant de me concentrer sur la conversation en cours.
- Nathan, tu es de retour. Tout va bien ? Demande Julie, notre responsable des médias sociaux.
- Oui, je mens, esquissant un sourire forcé. Continuez, c'était une excellente idée que vous évoquiez.
Mais mon esprit est ailleurs. Je ne peux m'empêcher de penser à la gravité de la situation, à la menace potentielle qui pèse sur nous. La perspective d'un réseau criminel infiltré dans nos locaux est terrifiante. Je dois rester sur mes gardes.
La réunion se termine enfin, et chacun retourne à ses tâches motivé et concentré. Je m'attarde dans la salle de réunion, fixant les dossiers étalés ci et là. Cette campagne est cruciale, mais comment puis-je me concentrer dessus, alors que l'ombre du crime plane sur nous ?
Cette nuit-là, je rentre chez moi plus tard que d'habitude, épuisé par la journée. Je m'effondre sur mon canapé en quête d'un moment de répit. Mais les mots de l'inspecteur tournent en boucle dans ma tête, si bien que je ne trouve pas le repos.
Je décide de prendre une douche chaude, cela devrait m'aider à me détendre. L'eau a beau ruisseler sur ma peau, mes pensées demeurent agitées. Je repense à cette nuit, l'agression qui a changé ma vie à jamais. Je sors de la douche et me glisse sous les draps en soie, espérant que le sommeil viendra rapidement. Mais mes yeux restent ouverts, fixant le plafond tandis que les souvenirs refont surface.
Je suis de retour dans cet hôpital, allongé sur ce lit, les machines bipant autour de moi. La douleur est vive. Les visages flous des infirmièr(e)s défilent sous mes yeux, leurs voix sont des murmures incompréhensibles.
Ma mère est là, tenant ma main, ses yeux remplis de larmes.
- Ça va aller, Nathan. Tu vas t'en sortir.
Je veux la croire, mais la douleur est insupportable. Puis, je vois mon père entrer dans la chambre. Son visage est impassible, ses yeux froids. Il se tient à distance, comme s'il observait un étranger.
« L'entreprise a besoin de toi ! ».
Ses mots me transpercent plus profondément que les coups de couteau.
Je me réveille de nouveau en sursaut, le souffle court, le cœur battant à tout rompre. La douleur fantôme de mes blessures pulse encore dans ma poitrine. Je me lève et marche jusqu'à la fenêtre, attiré par les lumières de la ville.
Oui. Après cette nuit, je n'ai plus jamais été le même.
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BE MINE I
RomanceGuiliana est une brillante étudiante en médecine. Depuis son enfance ses parents ont planifié chaque étape de vie, l'encourageant à poursuivre une carrière prestigieuse et sécurisée. Cependant, une passion secrète grandit en elle : la mode. Fascinée...