BE MINE I

Chapitre 13

La virée shopping fut si épuisante que nous sommes rentrées les bras chargés de sacs. Sarah avait bloqué sa journée pour m'aider avec la tenue et je lui en suis reconnaissante.

Après avoir passé l'après-midi à sélectionner une multitude de robes, le moment de la transformation finale est enfin arrivé. Ma colocataire me guide dans le choix du maquillage : des ombres à paupières dorées, un eyeliner pour accentuer mes yeux marrons et un rouge à lèvres bordeaux pour sublimer ma bouche. Chaque détail compte, et elle veille à ce que rien ne soit oublié. Je porte une élégante robe bleu satinée qui épouse parfaitement mes formes. Le masque assorti, délicatement brodé de diamants, complète l'ensemble. Je ne me suis jamais sentie aussi belle, et ce changement d'apparence m'effraie.

Est-ce vraiment moi dans le miroir ?

- Canon ! Dit Sarah en fixant le dernier bijou dans mes cheveux. Tu vas tous les éblouir ce soir.

J'examine ma tenue de plus près, essayant de me convaincre des paroles réconfortantes de mon amie, mais la vérité est que je suis terrifiée. Cette soirée est une première pour moi, et l'idée d'attirer les regards me donne des sueurs froides.

À vingt heures précises, une limousine commissionnée par Jim se gare devant l'immeuble. Mon amie et moi avons bu je ne sais combien de verres de vin pendant les préparatifs, au point que nous sommes légèrement pompettes en descendant les marches. Nous rejoignons le véhicule, riant de notre nervosité commune. Le trajet jusqu'à l'Upper East Side est une découverte. Les rues illuminées, les bâtiments majestueux...Tout est différent de ce que j'ai connu en France. Le véhicule s'arrête enfin devant un bâtiment somptueux, où un long tapis rouge menant à l'entrée principale s'étend devant nous. Les invités de la haute société défilent sous nos yeux ébahis. Sarah, toujours bien informée, me murmure des noms de personnalités à l'oreille : présentateurs TV, stars hollywoodiennes, magnats des affaires. Tous réunis en un seul lieu ! Jim nous attend à l'extérieur. Il ouvre la portière de la limousine et tend la main pour m'aider à descendre, frappée par son apparence élégante et assurée. Nous traversons le tapis bras dessus bras dessous, sous les feux des projecteurs.

- Ne stresse pas, murmure-t-il à mon oreille. Tu es resplendissante !

Les flashes des appareils photo crépitent autour de nous, et les murmures des médias ajoutent à la cacophonie ambiante. Ce monde m'est si étranger que c'en est déstabilisant. Heureusement, Jim me presse la main de son pouce, sans quoi j'aurais été tétanisée. Il me conduit à l'intérieur, où nous sommes accueillis par des lustres en cristal suspendus au plafond, et des expositions de pierres précieuses qui captent la lumière et scintillent de mille feux dans la salle. Mon regard s'attarde sur les compositions florales dressées sur les tables, mais je n'ai pas le temps de m'extasier que Jim me présente à un groupe que je suppose tout aussi influent :

- Messieurs, permettez-moi de vous présenter une talentueuse créatrice, Mademoiselle Besnier, qui arrive tout juste de France. Annonce-t-il avec enthousiasme.

Les hommes, impeccablement vêtus, se tournent vers moi avec des sourires mesuré. L'un d'eux, un homme d'âge mûr aux cheveux poivre et sel, s'avance.

- Enchanté, mademoiselle. Dites-nous en plus sur votre projet.

Je prends une grande inspiration.

- Merci, c'est un honneur. Pour répondre à votre question mon projet tourne autour de la mode, et se concentre essentiellement sur la fusion de techniques traditionnelles françaises avec des éléments contemporains pour créer des pièces uniques de haute couture.

Leurs regards s'illuminent.

- Intéressant, commente un autre, plus jeune, en hochant la tête.

Les compliments fusent, et ils m'interrogent sur la culture Française, les techniques spécifiques que j'utilise et même sur mes inspirations personnelles. La conversation dérive ensuite vers les affaires. Jim mentionne avec fierté que Royal Diamond vient de conclure un nouveau contrat, ce qui attire des félicitations et des discussions animées parmi les hommes. Me sentant un peu de trop au milieu de ces échanges professionnels, je choisis ce moment pour m'éclipser discrètement en direction du bar. Je m'apprête à commander une margarita quand, surgissant de nulle part, un inconnu au regard perçant m'interpelle.