BE MINE I

Chapitre 33

Le devoir m'appel !

Malgré mon inquiétude je reste concentrée, une agréable sensation de bien-être à mesure que je m'apprête pour la journée. Je me focalise sur mes cheveux encore humides à la sortie de la douche, et les attache en un chignon élégant à l'aide de quatre épingles pour une apparence plus élégante. Simple et efficace. Mon visage s'illumine progressivement après une couche de mascara noir, et une légère touche de rouge à lèvres nude qui complète mon maquillage naturel. Je choisis avec soin mon premier tailleur de la dernière collection Yves Saint Laurent, une pièce gracieuse et moderne qui souligne ma silhouette. L'émeraude profond du tissu contraste harmonieusement avec ma peau et mes cheveux bruns. Chaque détail, -des coutures bien ajustées aux finitions élégantes-, témoigne de ma détermination à marquer mon retour dans la course effrénée vers le succès.

Une fois sur mon lieu de travail, je franchis les portiques de sécurité à l'aide du badge remit par Nathan, et savoure le silence paisible qui règne encore dans les couloirs. Je réalise soudain que suis la première à arrive sur les lieux. L'aube éclaire faiblement les espaces vides. L'air est imprégné d'un calme apaisant, seulement troublé par le murmure lointain des rues de New York qui s'éveillent doucement. Je me sens enveloppée par une aura de tranquillité et de contrôle, comme si j'avais pris une avance précieuse sur le monde qui ne tarde pas à s'animer autour de moi. C'est un instant privilégié où je peux collecter mes pensées, me préparer mentalement pour la journée à venir et planifier mes priorités sans interruption ni distraction.

Sans plus attendre, je me dirige vers la salle de pause pour mon premier café de la journée, avant de revenir sur mes pas et d'apercevoir le patron, avachi sur son bureau, des dossiers éparpillés autour de lui. Je fixe ma monte : il est à peine 5 heures du matin. Je me demande depuis combien de temps il est là, ou s'il n'a pas tout simplement passé la nuit ici. J'ouvre lentement la porte de son bureau. Curieuse, je m'approche doucement, craignant de le déranger dans ce moment précieux. C'est là que des murmures indistincts s'échappent de sa bouche encore endormie. Mon cœur fait un léger bond dans ma poitrine, et je me fige, attentive à ses paroles. Les mots qu'il prononce sont chargés d'une émotion que je ne peine à déchiffrer, comme s'il se trouvait dans un autre monde, captif d'un rêve troublant. Une partie de moi hésite à l'en sortir, quand l'autre cherche à comprendre ce qui peut bien le tourmenter. La scène est vraiment troublante et me laisse perplexe, surtout lorsqu'il se met à tressauter :

- Ne la touche pas ! Répète-t-il d'une voix rauque, l'agitation de son corps traduisant un cauchemar.

Hésitante, je pose ma main sur son épaule mais ses yeux s'ouvrent soudainement, dévoilant une terreur profonde. Il se redresse brusquement, me saisit par le cou en me plaquant contre le bar. La bouteille de whisky s'écrase contre le sol dans un fracas de verre et de liquide, brisant le silence. Paniquée, je me débats, prise au piège de sa poigne ferme. Quand il finit enfin par me lâcher, il recule comme si j'étais un étranger, les yeux embués de confusion :

-Que fais-tu ici ? Me lance-t-il d'une voix sévère, comme s'il venait de réaliser ma présence.

Abasourdie, je lâche un juron.

- Va te faire foutre ! Je crache, avant de quitter précipitamment la pièce, marquée par la pression de ses doigts sur mon cou.

Dans les toilettes, je découvre les marques rouges sur ma peau, témoignages de son emprise brutale. Je les cache habilement avec un morceau de tissu, l'indignation pulsant dans mes veines.

Comment a-t-il pu !

L'heure passe et les premiers salariés ne tardent plus à arriver. Je décide d'attendre dans la salle de réunion, et m'installe à la table de ronde, attentive mais toujours un peu troublée par les récents évènements. Samantha est la première à faire son apparition. Elle me lance un regard acéré qui me fait regretter d'être arrivée la première, à croire que le simple fait de respirer l'horripilait. Un énième rappel que la vie de bureau peut être pleine de malentendus et de faux pas. Je décide de l'ignorer et de me concentrer sur les préparatifs à venir, quand vient le tour de Nathan d'entrer. Son expression fatiguée et les dossiers éparpillés sur son bureau en disent long sur la nuit qu'il a passée. Il s'arrête brièvement sur moi, visiblement troublé par son épisode de folie.