Guiliana est une brillante étudiante en médecine. Depuis son enfance ses parents ont planifié chaque étape de vie, l'encourageant à poursuivre une carrière prestigieuse et sécurisée. Cependant, une passion secrète grandit en elle : la mode. Fascinée...
Je n'ai pas revu Nathan depuis la signature de mon contrat, et ne sais sur quel pied jongler depuis. Cet homme est indéchiffrable, arbore en permanence ce masque, cette façade qu'il se donne et qui me frustre. J'ai l'impression qu'il se cache derrière une carapace qui ne demande qu'à être percer, pour comprendre ce qui se passe dans sa petite tête. Peut-être n'est-ce qu'un moyen de se protéger, mais cela me donne aussi l'impression d'être tenue à l'écart, or nous sommes amenées à nous côtoyer régulièrement.
Ce matin, je rejoins les équipes de Marketing et de communication pour installer le stand avant l'ouverture du salon de l'emploi prévu au Javits Center. Lorsque j'arrive, l'endroit est déjà en pleine effervescence. Les stands, montés pour la plupart, occupent l'espace alloué et les représentants de différentes entreprises s'affairent à tout préparer. L'ambiance est électrique. Les entreprises concurrentes essayent de se démarquer, de capter l'attention des futurs talents.
Nous avons beaucoup de matériel à mettre en place. Et pour cause, notre stand se compose de présentoirs à bijoux, de mannequins vêtus des tendances inspirées de mes dernières créations, et de panneaux explicatifs détaillant notre philosophie et nos projets d'avenir. Les vitrines doivent être impeccables, chaque bijou exposé avec soin sous des lumières spéciales pour en rehausser l'éclat.
La thématique du stand est « L'élégance intemporelle ». Nous voulons transmettre l'idée que Royal Diamond n'est pas seulement une marque, mais l'exquise alliance entre deux univers que tout oppose.
Nous discutons des derniers points d'attention avec mes collègues :
- Il faut vraiment attirer l'œil sur notre présentation, dit l'un d'eux. Les jeunes doivent sentir qu'ils peuvent faire partie de quelque chose de grand ici.
Nous parlons de la manière de les approcher, de leur expliquer notre vision et les opportunités de carrière qui s'ouvriront à eux. Les conseils fusent, chacun y va de son idée pour rendre le stand attrayant.
Nathan n'est pas aux abonnés présents, et ce n'est pas plus mal. Je sais combien il peut se montrer exigeant et scrupuleux, et l'idée qu'il puisse scruter chaque détail de mon travail de A à Z m'aurait terriblement stressée. Je me demande si son absence est liée à notre conversation d'hier, celle où il s'est mis en colère.
Ai-je dépassé les bornes ?
Je ne le saurais probablement jamais. Mais, avec tout ce qu'il s'est passé récemment, je ne me sens pas prête à supporter ses critiques ou ses états d'âme. L'absence de son regard perçant me permet de travailler avec plus de concentration.
Le stress est à son paroxysme lorsque les premières personnes investissent les lieux. Mes collègues abordent les clients potentiels avec assurance, leur présentant des flyers et quelques bijoux soigneusement exposés. Ils portent des gants blancs pour manipuler les pièces, ce qui ajoute une touche de professionnalisme à leurs interactions.
À ma grande surprise, les étudiants se sentent suffisamment à l'aise pour m'aborder, malgré mon manque évident d'expérience. Ils sont nombreux à présenter leurs croquis et portfolios, avec un certain enthousiasme. Je récupère quelques CV tout en posant des questions sur leurs dessins, leur domaine de spécialité et ce qui les anime dans la mode. Leur passion est contagieuse et me donne une énergie nouvelle. Cependant, mon attention se porte sur un homme au style décadent, doté d'un génie créatif indéniable qui affichait fièrement son homosexualité. Il est incroyablement drôle et dégage une énergie qui m'impressionne :
- Je suis prêt à faire les tâches les plus ingrate. À nettoyer les pinceaux, à préparer les cafés pourvu que vous me donnez une chance de travailler pour vous ! Me dit-il avec un clin d'œil.
Je ris et lui réponds.
- Je penses que ton énergie pourra nous être bénéfique. Parle-moi de tes créations.
Il sourit, ravi de l'opportunité, et commence à me décrire ses inspirations avec une passion et une clarté qui me convainquent de lui donner une chance.
La matinée a beau se passer sans encombres, il me manque toujours un assistant. J'ai beau étudier les candidatures pendant ma courte pause, aucune d'elles ne retient vraiment mon attention. Je soupire, épuisée et accablée par la chaleur, lorsque je remarque une silhouette familière s'approcher du stand. C'est la rousse que j'avais rencontrée un soir au Pub, celle qui m'avait suggéré de me méfier de Jim sans plus d'explication.
Son arrivée me met immédiatement sur la défensive :
- Tiens donc, regardez qui voilà ! Elle s'avance, un sourire sarcastique aux lèvres. Je suis curieuse de savoir comment tu as réussi à dégoter ce poste.
- Je suis ici par mérite, je rétorque, perdant patience.
- Vraiment ? Et comment utilises-tu ce « mérite », pour te faire une place ? Elle laisse sa phrase en suspens, me regardant de haut en bas avec un air de mépris.
- Qu'est-ce que tu insinues ? Je m'indigne.
- Tu sais très bien de quoi je parle, mais passons. Reprenons plutôt notre discussion de l'autre jour. Tu t'en souviens ?
- Oui, et cette fois, tâche d'être plus claire !
Elle s'approche, baissant la voix comme si elle allait me révéler un secret.
- Tu sais, Jim peut être charmant, mais...Il peut se montrer violent.
J'essaye de paraitre impassible, essayant de digérer ses paroles.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
Elle ouvre la bouche pour répondre, mais une voix forte nous interrompt en attrapant la Rousse par le bras avec une fermeté déconcertante.
- Je te déconseille de t'engager sur ce chemin !
Nous-nous retournant brusquement vers l'homme, qui n'est autre que Nathan ! Il se tient derrière nous, une main crispée sur son bras, l'air sévère. La Rousse parvient à se défaire de son emprise, agacée par son intervention.
- Et toi, je te conseille de te mêler de tes affaires !
Mais il n'en fait rien. Il la fixe intensément, comme pour la mettre en garde.
- Je crois que tu as causé assez de dégâts comme ça, réplique-t-il, d'une voix ferme. Guiliana, tu n'as rien à craindre de cette femme. Viens, nous devons nous occuper du stand.
Je le suis, encore sous le choc de ce que j'ai entendu. Tandis que nous nous éloignons, je ne peux m'empêcher de penser aux paroles de la Rousse. Jim, violent ? Lorsqu'elle tourne les talons je me tourne vers Nathan, espérant des réponses. Mais son expression fermée ne m'offre aucun réconfort.
- Pourquoi m'as-tu empêché d'entendre ce qu'elle avait à dire. Est-ce vrai que Jim m'a menti ?
Nathan reste silencieux, son visage un masque d'émotions contradictoires.
- Ce n'est pas à moi de te le dire, ni à elle, d'ailleurs. Dit-il enfin, mais ses mots ne me satisfont pas.
Je veux des réponses, et je les veux maintenant.
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