Chapitre 51

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La terreur coule dans mes veines, les battements de mon cœur résonnent douloureusement dans ma poitrine. La voiture file à une vitesse vertigineuse, la ville défilant en un flou multicolore. Je suis épuisée, mais la frayeur m'empêche de fermer l'œil. J'ai beau essayé de me détendre, les images de ce cauchemar reviennent en force. La sortie de la boîte de nuit, les bras musclés qui m'empoignent, le goût métallique de la peur envahissant ma bouche.

J'ai cru que c'était la fin, que que jamais personne ne me retrouverait.

Et puis Nathan est apparu, un espoir inespéré. Je me sens chanceuse, profondément reconnaissante, mais aussi terriblement faible. Le souvenir de son arrivée est flou, comme si mon esprit refusait de croire que c'était bien réel. Mais maintenant que je suis en sécurité dans sa voiture, je me rends compte qu'il n'a pas dit un mot depuis notre départ. Son visage est fermé, son regard fixé sur la route. Il conduit avec une vivacité effrayante, et prend les virages à une vitesse excessive.

Je tourne légèrement la tête pour le détailler, espérant capter son attention, mais il ne détourne pas les yeux de la route. Le silence entre nous est lourd et oppressant. Je me sens minable, incapable de trouver les mots pour briser la glace. Tant de questions me brûlent les lèvres : comment m'a-t-il retrouvée ? Qu'a-t-il dû sacrifier en échange de ma liberté ? À quoi pense-t'il en ce moment, alors que nous filons vers l'hôpital ?

La fatigue pèse lourdement sur mes épaules, mes muscles sont endoloris. Pourtant, je n'arrive pas à trouver le repos. Mon esprit est une tempête de pensées et de souvenirs douloureux. L'expression de cette femme, ses menaces, tout cela me hante. Nathan n'a rien dit sur ce qu'il a dû affronter pour me sauver. Il semble tellement distant, inatteignable dans sa colère sourde.

La voiture bondit légèrement en passant sur une imperfection de la route, me sortant de ma songerie. Je jette un œil par la fenêtre, les rues sont étrangement calmes à cette heure tardive. Mais cette tranquillité apparente ne parvient pas à m'apaiser. Je voudrais pouvoir parler, poser toutes ces questions qui me rongent, mais les mots me manquent.

Est-il en colère, déçu, inquiet ? Son silence est insupportable. J'ai envie de le secouer, de le forcer à me regarder, à me parler, mais je suis trop épuisée pour cela. Mon corps est un poids mort, mes paupières sont lourdes, mais je refuse de les fermer, par crainte de revivre l'horreur.

Un frisson me parcourt l'échine lorsque je repense aux instants précédents mon sauvetage in extremis. La main de cette folle tirant violemment mes cheveux, le déchirement fulgurant de mon cuir chevelu. Même maintenant, en sécurité à ses côtés, je peux encore sentir le spectre de l'angoisse planer sur moi.

Nathan tourne brusquement le volant, et je suis projetée contre la portière. Il n'a pas ralenti une seule fois depuis notre départ, et je commence à me demander s'il va s'arrêter un jour. Peut-être est-il aussi submergé que moi par les événements. Peut-être a-t-il besoin de ce silence autant que moi. Mais cela ne rend pas les choses plus faciles à supporter.

Je prends une profonde inspiration, essaye de rassembler mes forces pour dire quelque chose, n'importe quoi :

- Nathan...Ma voix est faible. Il ne réagit pas, ses yeux restent rivés sur la route : Merci. Ce n'est pas grand chose mais il contient toute la gratitude que je lui témoigne

Il ne répond pas, mais je crois voir ses mains se crisper sur le volant. Ce petit mouvement me donne l'impression qu'il a au moins entendu. Je voudrais pouvoir lui dire plus, lui expliquer tout ce que je ressens, mais la fatigue est trop grande. Prononcer un mot nécessite un effort monumental. Je laisse retomber ma tête contre le dossier et ferme les yeux un instant. Les images de cette nuit continuent de défiler sous mes paupières closes. Je les chasse et me concentre sur le bruit régulier du moteur de la Ferrari, essayant de trouver un semblant de paix dans ce bruissement puissant.

Finalement, j'ouvre les yeux et le surprends qui m'observe avant de reporter son attention sur sa conduite. Sa mâchoire est crispée, il semble en proie à un dilemme. Peut-être essaie-t-il de comprendre comment tout cela a pu arriver.

Les minutes s'égrènent, les larmes montent, mais je les refoule. Je ne veux pas paraître plus faible que je ne le suis déjà. Mais l'anxiété, l'épuisement et le soulagement se mélangent en une tempête d'émotions que j'ai du mal à contenir. À un moment, je ne parviens plus à retenir un sanglot. Nathan se tourne vers moi, son expression est indéchiffrable. Pour la première fois depuis que nous avons quitté le hangar, nos regards se croisent. Il ralentit comme s'il comprenait enfin l'ampleur de ce que je traverse. Je vois dans ses yeux une lueur de compréhension, de compassion peut-être. Ce petit moment de connexion est suffisant pour m'aider à tenir le coup. Je sais qu'il est là, qu'il m'a sauvée.

Je me tourne vers la vitre, essayant de m'ancrer dans le présent, de me rappeler que je suis en sécurité maintenant. Les rues de New York continuent de défiler, mais dans cette voiture, avec lui à mes côtés, je commence enfin à croire que tout ira bien. Le silence reste pesant, mais il est désormais moins insupportable. Nathan a pris un risque énorme pour moi, et même s'il ne dit rien, sa présence est tout ce dont j'ai besoin.

 Nathan a pris un risque énorme pour moi, et même s'il ne dit rien, sa présence est tout ce dont j'ai besoin

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