BE MINE I

Chapitre 53

J'émerge peu à peu du sommeil, l'esprit embrumé. Maintenant que je suis seule, je peux laisser mes pensées vagabonder librement. J'essaie de me remémorer la nuit dernière, les visages de mes ravisseurs, la froideur calculée de Kammy, et surtout, le courage de Nathan.

Il m'aime, et cela m'anéantit. Je m'efforce de repousser les larmes qui menacent de couler à nouveau. J'ai encore du mal à saisir le pourquoi du comment tout cela a pu se produire, comment ma vie a basculer dans un tel cauchemar. Je repense à ma relation tumultueuse avec Jim. De notre rencontre, à la manière dont il m'avait charmé par ses sourires et sa persévérance. Il était parfait en tout point et c'est précisément ce qui aurait dû m'alarmer. Il m'écrivait constamment pour savoir où j'étais et avec qui. Chaque fois, je me disais qu'il tenait simplement à moi et voulait s'assurer de ma sécurité. J'ai pris sa jalousie pour de l'affection, une manière maladroite de montrer qu'il ne voulait pas me perdre. Avec le recul j'aurais dû voir les signes.

Puis il s'était réfugié chez moi ensanglanté, en me racontant une histoire de bagarre qui aurait dégénérée. J'avais accepté de le soigner, convaincue qu'il était victime des circonstances. Je voulais tant le croire, croire que je pouvais être celle qui le changerait, qui l'aiderait à surmonter ses démons. J'avais assimilé sa dépendance à ma présence à de l'amour. Maintenant, tout s'explique. Je comprends que sa possessivité n'était pas de l'affection, mais un besoin de contrôle. Ses larmes et ses excuses après nos dispute n'étaient que manipulation. J'étais trop naïve pour voir la réalité en face, trop désespérée de croire en un amour qui n'existait que dans ma tête. Quand je doutais il promettait de changer, jurait que se serait différent. Et moi, aveuglée par mon désir de l'aider, j'y croyais. Chaque fois qu'il revenait vers moi avec des yeux pleins de regret et des mots d'amour, je me disais que cette fois-ci ce serait la bonne. Que cette fois, il tiendrait parole. J'avais pris sa colère pour de la passion, ses excuses pour acquis. Maintenant, avec le recul, je vois combien j'étais dans l'erreur. Jim ne cherchait pas à changer, il voulait m'absorber dans son monde chaotique, un monde que je pensais pouvoir comprendre et réparer. Et me voilà ici à rassembler les morceaux de mon cœur brisé, comprenant enfin que l'amour ne devrait jamais faire autant souffrir.

Le silence est interrompue par le bourdonnement des machines et le bruit occasionnel de pas dans le couloir. Le souvenir de la main de Nathan dans la mienne ne me quitte plus, son absence me pèse.

Pourquoi faut-il que les choses soient si compliquées ?

Je finis par m'endormir d'un sommeil agité,où Kammy me traque sans relâche. Je me réveille en sursaut, la gorge sèche, le cœur battant la chamade. Les premières lueurs de l'aube filtrent à travers les rideaux, et je réalise que je suis en sécurité. Mais la sécurité physique n'apaise pas les tourment psychique.

Nathan passe plus tard dans la matinée, les bras chargés de viennoiseries, le visage toujours aussi fermé et distant. Pour changer ! Il s'assied au bord du lit, luttant contre l'envie de me prendre dans ses bras :

- Les médecins disent que tu pourras sortir aujourd'hui. Ils veulent seulement s'assurer que tu te sois bien reposer, et ne fasses pas trop d'efforts.

Je hoche la tête, incapable de trouver les mots. Sa froideur me blesse, mais je comprends qu'il essaie de se protéger. Après tout ce qu'il a traversé, il est normal qu'il ait du mal à gérer ses émotions.

- Merci, Nathan, les mots sortent avec difficulté. Merci pour tout !

Il me dévisage, ses yeux brillants d'une émotion que je ne parviens pas à décrypter.

- Je ferais n'importe quoi pour toi, Gui. Tu le sais.

Je sais qu'il est sincère, mais cela ne rend pas les choses plus faciles. Nous sommes tous deux pris au piège de cette situation impossible