Chapitre 31

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Pdv de Nathan

J'attends ma future collaboratrice dans la grande salle de réunion, et m'assure que les détails de son contrat d'alternance soient en ordre. Les clauses sont soigneusement rédigées, les conditions claires et lisibles. Ce jour est censé marquer un tournant important dans sa carrière, un moment crucial qui nécessite une attention particulière. Pourtant, lorsque la porte s'ouvre sur elle, je suis étonné par son accoutrement. Ses cheveux, habituellement relevés en une queue de cheval, sont négligemment coiffés, des mèches rebelles s'y échappent. Elle porte un jogging et un sweat large, des vêtements totalement inappropriés pour une telle occasion. Ses yeux cernés sont injectés de sang, signe d'un manque de sommeil.

Je suis tristement surpris, presque choqué. Ce n'est pas la Guiliana toujours soignée que je connais. Elle s'excuse rapidement, ses mots manquent d'applomb.

- Mon réveil n'a pas sonné ce matin...

Ne pouvant ignorer son état, je fronce les sourcils, inquiet pour elle.

- Guiliana, quelque chose ne va pas ? Ma voix se veut avenante, je veux comprendre ce qui se passe.

Ses lèvres tremblent, elle semble au bord des larmes mais se ressaisit rapidement.

- Non, tout va bien, je suis juste un peu fatiguée.

Alors, pourquoi tes yeux disent le contraire ?

Je ne crois pas à son explication. En plus, ses yeux me fuient et s'emplissent de larmes qu'elle parvient à retenir. Son menton tremble légèrement alors qu'elle force un sourire qui ne convainc personne. Sa voix se veut calme, mais n'est pas convaincante. Quelque chose la perturbe, c'est évident, mais quoi, je l'ignore. Pourquoi refuse-t-elle de se confier ? Ses excuses sont trop superficielles, ses gestes trop nerveux. Le silence devient lourd de non-dits. Elle se racle la gorge pour rompre le malaise, et sort le dossier que je lui ai remis.

- J'ai pris le temps de le lire, et je n'ai rien à ajouter ou à modifier.

Je hoche la tête et l'invite à prendre place sur le siège, face à une feuille et un stylo. Elle s'assied, visiblement nerveuse, et se concentre sur le dossier pour éviter de croiser mon regard insistant. Elle me cache des choses graves, et cette façade fragile qu'elle essaie de maintenir ne fait qu'accroître mon inquiétude. Elle feuillette le document. Ses sourcils se froncent à certains moments, se levant à d'autres.

Elle examine attentivement le contrat, et je remarque une hésitation quand elle arrive à la section traitant du salaire. Elle lève les yeux vers moi en agitant les feuilles, une expression d'incrédulité sur son visage.

- Qu'est- ce qui justifie un salaire aussi élevé ?

Sa question me surprend. Ici, les gens sont prêt à revoir leurs valeurs à la baisse pour un peu de lumière, à accepter n'importe quel pacte pour gravir les échelons. Mais Guiliana est différente. Je vois dans ses yeux qu'elle ne cherche pas à s'enrichir rapidement ou à profiter de cette opportunité pour satisfaire une ambition matérielle. Elle est trop humble pour accepter un salaire aussi élevé sans comprendre ce qui le justifie. Ce n'est pas une question de manque de confiance en elle, mais plutôt de principes. Elle veut être sûre que chaque centime qu'elle gagne est mérité. Cette intégrité, cette modestie dans une ville où l'appât du gain est omniprésent, force l'admiration. Cette jeune femme ambitieuse n'est pas motivée par l'argent. Elle est animée par des valeurs respectables, par un désir authentique de bien faire son travail et d'y contribuer de manière significative. C'est rare, et c'est ce qui la rend précieuse à mes yeux. Tandis qu'elle continue de poser des questions sur les autres aspects du contrat, je ne peux m'empêcher de ressentir un profond respect pour elle. Elle est un souffle d'air frais dans un monde souvent corrompu par la cupidité. Je me dis qu'avoir quelqu'un comme Guiliana dans notre équipe n'est pas seulement un avantage pour l'entreprise, mais aussi une leçon d'humilité pour moi. Elle me rappelle que les valeurs authentiques peuvent encore briller, même dans une ville comme New York.

- Nous pouvons le revoir à la baisse, si c'est ce que tu souhaites. Je la taquine.

Elle ravale sa fierté, secoue la tête et continue sa lecture comme si elle n'avait rien entendu.

Une fois convaincue, elle signe les documents en deux exemplaires et me remet l'un d'eux avant de se lever. Nous échangeons une poignée de main, mais je retiens sa main plus longtemps que de raison, plongeant dans le marron de ses yeux pour essayer d'y déceler la vérité.

- Guiliana, dis-moi ce qui se passe. Pourquoi Jim ne montre aucun signe de vie depuis près d'une semaine ?

Elle retire sa main, bredouille dans sa barbe en baissant la tête. La confusion se lit sur ses traits. Ses pupilles se dilatent, ses lèvres tremblent et une ombre passe sur son visage. Elle cherche à fuir, comme si elle craignait que j'apprenne une vérité qu'elle préfère cacher.

-R...Rien !

Son visage est un masque de fatigue, mais elle ne laisse rien transparaître de plus. Ses mains serrent nerveusement le dossier qu'elle tient, et je peux voir la bataille interne qu'elle mène pour trouver les mots justes. Il est évident que quelque chose la traumatise mais elle se contente d'une réponse évasive, refusant de s'ouvrir davantage. Ce n'est pas seulement l'effroi qui se reflète en elle, mais une peur indéfinissable.

La femme récupère son sac, me remercie pour tout et s'en va en courant.

Je reste seul dans la grande salle, désemparé et pas plus avancé. Je veux comprendre ce qui se cache derrière son silence et l'absence de mon meilleur ami. Je me rappelle du détective Edgar, que j'avais engagé il y a plusieurs mois. Qu'a-t-il bien pu découvrir qui prenne autant de temps ? La frustration me déglingue les nerfs. Peut-être devrais-je à nouveau faire appel à ses services, pour découvrir ce que me cache Jim. Mais l'idée de ce mystère m'angoisse autant qu'elle m'intrigue. Je suis déterminé à trouver des réponses, quoi qu'il en coûte.

En sortant de la salle de réunion, je décide de lui passer un coup de fil. Sa voix rauque répond après quelques sonneries.

- Edgar, c'est Nathan. J'ai besoin de vous pour une nouvelle mission.

Je lui explique brièvement la situation, mon ton est urgent. Mais Edgar m'informe qu'il travaille actuellement sur une affaire, et qu'il faudra attendre la saison prochaine pour dégager un créneau.

Super. Encore une chose dont je vais devoir me charger moi-même, putain !

 Encore une chose dont je vais devoir me charger moi-même, putain !

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BE MINE IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant