Guiliana est une brillante étudiante en médecine. Depuis son enfance ses parents ont planifié chaque étape de vie, l'encourageant à poursuivre une carrière prestigieuse et sécurisée. Cependant, une passion secrète grandit en elle : la mode. Fascinée...
Les jours qui passent me rapproche un peu plus de l'échéance. Nathan m'a donné rendez-vous dans deux jours pour signer mon contrat d'alternance, et peaufiner les détails du stand au Javits Center, un lieu des plus prestigieux dédié à ce genre d'événement. De nombreux concurrents seront présents, c'est pourquoi nous devons absolument nous démarquer. Mon patron compte sur ce salon pour prouver notre volonté de nous ouvrir à un public plus modeste.
Ce soir, avant de me coucher, j'envoie un énième texto à Jim qui ne répondait à aucun de mes messages depuis maintenant trois jours, ce qui devient inquiétant. Je me demande où il est, et ce qui a bien pu se passer.
Ma chambre me paraît vide. Son absence pèse lourdement sur mon moral, transformant ces quelques jours en une lutte silencieuse contre la solitude. Je ne savais pas que l'amour pouvait être à la fois un élixir de bonheur et une source de tourments. Avant lui ce n'était qu'une notion abstraite, un concept que je n'avais jamais expérimenté. Maintenant, une minute sans lui est une torture, une éternité de questionnements. Ses silences me déchirent et je me surprends à scruter mon téléphone avec une anxiété grandissante, espérant voir son nom apparaître sur l'écran. Mon lit, autrefois un refuge, est désormais un lieu de solitude oppressante. Je n'aurais jamais cru que l'absence d'une personne creuserait un tel vide en moi, ni que mes sentiments pour lui me rendrait si faible. Cette douleur, bien que cruelle, me fait prendre conscience de l'ampleur inédite de mes sentiments pour lui.
Alors que je m'apprête à éteindre la lumière, des coups frappés contre ma porte me tire de ma torpeur. Méfiante, je me précipite vers le judas et le vois, effondré sur la moquette. Mon cœur cesse de battre.
Non, pas ça. Non, non !
J'ouvre la porte avec fracas et ce que je vois me frappe comme un coup de poing. Jim est effondré contre le mur du couloir en position fœtale, et se tient l'estomac comme s'il essayait de contenir une douleur insupportable. Il est blême, presque translucide sous la lumière blafarde. Ses vêtements sont tachés de sang, une vision d'horreur qui me glace le sang. Ses cheveux sont en désordre, collés à son front par la sueur.Il souffre. Le contraste entre ses yeux habituellement vifs et leur teinte actuel me retourne l'estomac. Ils sont éteints, vidés de toute force. Il semble tellement fragile, si loin de l'homme que je connais. La quantité de sang qui imbibe son haut m'effraie. Je peine à le reconnaître l'homme meurtri sous mes yeux.
C'est comme si le monde entier s'était arrêté pour nous plonger dans un cauchemar. Je me précipite à ses pieds, couvant ma bouche pour retenir un cri :
- Mon Dieu, Jim, que t'est-il arrivé ! Je m'exclame. Il semble vidé de ses forces, incapable de parler. S'il te plaît dis quelque chose, n'importe quoi, mais parles-moi !
Il gémit, mais les mots ne viennent pas. Sans perdre de temps, je tente d'appeler la police. Mais il trouve la force de m'en empêcher.
- Non...Préviens...Personne, supplie-t-il.
Je suis pétrifiée par l'urgence de la situation. D'un côté, je sais que je dois agir rapidement pour le sauver, mais sans l'aide des secours mes options sont limitées. La gravité de sa blessure dépasse de loin mes compétences de premiers secours, or les minutes qui s'écoulent sans une intervention médicale pourrait lui coûter la vie. La plaie béante sur son ventre, l'hémorragie incessante, son teint livide, tout crie à la nécessité des urgences. Mais il me supplie de ne pas le faire et je suis désemparée, tiraillée entre ma volonté de respecter sa volonté et l'impératif de faire ce qui est juste. Sans les forces de l'ordre ou des services médicaux je crains de ne pouvoir stabiliser sa condition et lui offrir les soins dont il a désespérément besoin.
Désemparée, je demande :
- Peux-tu marcher ?
Il hoche faiblement la tête. Je passe son bras par-dessus mon épaule et l'aide à rejoindre la salle de bain. Nous tombons à plusieurs reprises, son corps lourd rendant nos déplacements difficiles. Mais finalement, nous y arrivons. Je sors la trousse médicale et commence à examiner sa blessure. Mes mains tremblent, mais je ne peux pas me permettre de céder à la panique.
Ma formation initiale fait que j'ai une connaissance parfaite de l'anatomie humaine, bien que je ne sois experte en la matière. Jim gémit de douleur, mais se laisse soigner. La plaie béante semble avoir été causée par une balle.
Je prends une profonde inspiration, me prépare mentalement à ce qui va suivre.
Avec des mains incertaines mais déterminées, j'ouvre la trousse à la recherche des instruments nécessaires. Je trouve une pince, une aiguille, du fil et de l'alcool. Je nettoie soigneusement la pince avec de l'alcool, priant pour éviter toute infection. Jim gémit de plus belle lorsqu'il sent le liquide au contact de sa plaie.
Je me souviens des cours de Médecine imposés par mes parents, reconnaissante d'avoir assisté à des opérations chirurgicales. Je demande à mon copain de mordre dans une serviette pour étouffer ses cris, puis je plonge la pince dans sa chair en essayant de localiser la balle. Mes gestes lui provoque des spasmes involontaires, la blessure est plus grave que je ne l'aurais cru. Mon cœur s'agite, la sueur perle mon front. Après une éternité, je sens la pince heurter quelque chose de dur. Lentement, et avec la plus grande précaution, j'extrais la balle, mes mains pleines de sang deviennent de plus en plus habiles malgré la pression. Le sang continue de couler abondamment mais son pronostique vitale est en bonne voie.
Je nettoie à nouveau la plaie. Jim mord dans la serviette pour étouffer un cri, puis je m'empare de l'aiguille et du fil pour la refermer avec précision. Chaque point est un pas vers la guérison, mais aussi une immense source de douleur pour lui. Lorsqu'elle est enfin fermée je la bande soigneusement, m'assurant que le pansement tienne sans trop le serrer. Ma nuisette est imbibée de sueur et de sang, mais je ne m'arrête pas. Je lui apporte un verre d'eau, éponge son visage et troque ses vêtements sales par ceux qu'il avait laissé chez moi. Je suis soulagée de voir la plaie propre et espère avoir fait le nécessaire pour stabiliser son état. Mes mains tremblent encore, mais je ne pose pas de questions et m'assois à ses côtés, le laissant reposer sa tête sur mon épaule.
- Merci, murmure-t-il faiblement.
- Tout va bien. Je te protègerai, lui dis-je, bien que je ne sache ni comment ni contre qui me battre.
Nous finissons par nous endormir contre le carrelage froid de la salle de bain, épuisés mais ensemble.
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